CD Il Parnasso in festa

IL PARNASSO IN FESTA

COMPOSITEUR

Georg Friedrich HAENDEL

LIBRETTISTE

anonyme

 

ORCHESTRE

The King’s Consort

CHOEUR

Choir of The King’s Consort

DIRECTION

Matthew Halls

Apollon

Diana Moore

mezzo-soprano

Clio

Carolyn Sampson

soprano

Orphée

Lucy Crowe

soprano

Calliope

Rebecca Outram

soprano

Clori

Ruth Clegg

alto

Euterpe

Diana Moore

mezzo-soprano

DATE D’ENREGISTREMENT

15 au 19 février et 24 mars 2008 à

LIEU D’ENREGISTREMENT

St-Jude-on-the-Hill – Hampstead Garden Suburb – Londres

ENREGISTREMENT EN CONCERT

non

EDITEUR

Hyperion

DISTRIBUTION

Abeille Musique

DATE DE PRODUCTION

23 octobre 2008

NOMBRE DE DISQUES

2

CATEGORIE

DDD

Critique de cet enregistrement dans :

 Présentation Abeille Musique

« Étonnant Haendel’ quand il fait de la daube réchauffée, il fait de la daube réchauffée, mais quand il est génial, il l’est pour de bon ! Certes, même dans ce Parnasso in Festa de 1733, il n’hésite pas à recycler et si seuls neuf numéros sur 35 sont entièrement nouveaux, les morceaux adaptés d’oeuvres antérieures ‘ en particulier Athalia ‘ sont sérieusement transformés, et les orchestrations considérablement étoffées : flûtes à bec, cors, trompettes et même un tambour voilé dont l’effet, dans l’air et choeur « Nel Petto » qui ouvre la seconde partie de l’ouvrage est saisissant à l’extrême. Le Daily Journal du 11 mars 1734 indiquait que Parnasso in Festa serait « un essai dans diverses sortes d’harmonie » et, en effet, Haendel explore, expérimente, de telle manière que le célèbre chroniqueur musical Charles Burley pouvait écrire que l’oeuvre était « nouvelle aux oreilles de la majeure partie de l’auditoire londonien ».

Quoi qu’il en soit, elle est parfaitement nouvelle aux oreilles contemporaines puisque après 1741, l’on dut attendre un quart de millénaire avant de l’entendre à nouveau, grâce à la Haendel Opera Society puis au London Haendel Festival dans les années 1980. »

Diapason – décembre 2008 – appréciation 4 / 5 – technique 6,5 / 10

« Voilà. Des grandes oeuvres vocales de Haendel ne restait à enregistrer que ce Parnasse in festa. C’est fait, nous avons tout. Bien sûr, cette serenata donnée le 13 mars 1734 pour les noces du prince d’Orange et de la princesse Anne n’est pas exactement un inédit. L’amateur y reconnaîtra de nombreuses pages tirées d’oeuvres antérieures, notamment de l’oratorio anglais Athalia, écrit quelques mois plutôt. Ce n’est pourtant pas d’un simple pasticcio qu’il s’agit. Il y a souvent loin du modèle à la »copie ». Comparez seulement « Jerusalem » dans Athalia avec « Gran Tenante » dans le Parnasso : l’orchestre ne varie guère, mais la vois change du tout au tout. Il s’agit bien d’une autre idée, d’un autre air. En effet, loin de toute majesté oratorienne, l’épithalame eut pour premiers interprètes les virtuoses de la nouvelle troupe recrutée par Haendel, Carestini an tête. Ariodante perce sous Apollon, et sous le masque de l’oratorio (avec choeurs nombreux) brillent les yeux de l’opéra.

Ce n’est donc pas à cause d’Athalia que le Parnasse est tombé dans l’oubli. C’est plutôt parce que ni le drame supposé (Orphée, Apollon et les muses prennent part aux noces de Thétis et Pélée), ni la langue d’une pièce de circonstance ne présentent le premier intérêt. C’est aussi que, un peu à la manière du Voyage à Reims de Rossini, derrière la festa teatrale se dissimule la vraie nature du joyau : une festa vocale luxuriante, délicate et ardue. Trop luxuriante, trop délicate et trop ardue pour la fine équipe ici rassemblée. Beaucoup de belles choses à signaler chez la délicieuse Carolyn Sampson (l’immense ‘Nel spiegar ‘, pure merveille), chez le fugitif Harvey, chez l’étoile montante Lucy Crowe comme chez la nouvelle venue Diana Moore, noble mezzo dont le vibrato rapide et le timbre feutré rappellent parfois Lorraine Hunt. Les autres plient sous le poids des mesures, et personne ne maîtrise l’art de la coloration émotionnelle, fondement du bel canto baroque. Manque à tout ce zèle du frisson, du verbe.., de l’Italie.

Remplaçant un Robert King arrêté en 2007, son adjoint Matthew Halls tient l’ouvrage d’aplomb à défaut de gonfler ses voiles. Malgré ces réserves, un orchestre plein de tact et trois chanteuses exquises changent ce qui pourrait n’être qu’une exhumation en révélation. Pas un haendélien ne pourra l’ignorer. »

Anaclase

« A l’instar de Davide e Berseaba de Porpora, Parnasso in Festa est créé à l’occasion du mariage de la princesse Anne avec le prince Guillaume d’Orange, le 13 mars 1734 – soit la veille de la cérémonie religieuse en la Queen’s Chapel (St James’s Palace). Celle qu’il nomme fleur des princesses est l’élève préférée de Georg Friedrich Händel, et elle le lui rend bien puisqu’elle défend sa musique avec ferveur. C’est peut-être à cause de ce lien affectif qu’il lui offre la seule et unique serenata festive (ou festa teatrale) de sa carrière, un genre qui s’était développé en Italie parallèlement à l’opéra, mais d’une présence discrète en Angleterre. Présenté dans de somptueux décors sans développer de réelle action scénique, ce divertissement profane fait généralement référence de façon explicite à l’événement auquel il est lié. Comme il l’avait fait pour Agrippina puis Rinaldo, son premier ouvrage lyrique donné à Londres, Haendel remanie ici d’anciennes partitions, en particulier l’oratorio Athalia, donné à Oxford l’année précédente.

Ainsi que le résume le Daily Journal deux jours avant sa présentation au public, « la fable est celle d’Apollon et les Muses célébrant le mariage de Pélée et de Thétis. Il y a un décor permanent, le mont Parnasse, sur lequel son assis Apollon et les Muses, assistés d’autres personnages excellents, symboliquement vêtus, avec une apparence d’ensemble splendide ». C’est Clio, la Muse de l’Histoire, que nous découvrons tout d’abord, présentant les habitants du mont Parnasse qui chantent les louanges de Giove (Jupiter). Avant de glorifier Bacco (Bacchus), Apollo se rappelle tendrement Dafne (Daphné) qui s’est changée en laurier pour lui échapper. S’expriment ensuite Orfeo, sa mère Calliope et la chasseresse Clori, avant qu’une troisième et dernière partie recentre le propos sur le couple du jour, Teti et Peleo.

A la tête de The King’s Consort, Matthew Halls fait preuve d’une belle fluidité, à laquelle ne répond pas, malheureusement, l’ensemble des chanteurs présents – l’Appolo tremblé du mezzo Diana Moore et l’Orfeo miaulant de Lucy Crowe, à l’impact mou. Retenons la Clio cristalline, aux suraigus perçants, de Carolyn Sampson et le Marte (Mars) sonore autant qu’expressif de Peter Harvey. Côtoyant le livret en italien et sa traduction anglaise, des notes en français accompagnent ce premier enregistrement de l’ouvrage. »

 Opéra Magazine – juillet 2009 – appréciation 5 / 5

  « Malgré l’engouement justifié que connaît la musique de Haendel aujourd’hui, il reste encore des oeuvres importantes à porter à la connaissance du public. Tel est le cas de cette grande serenata, créée à Londres en 1734, à l’occasion des noces de la princesse Anne, fille du roi George II, et de Guillaume d’Orange.

Parnasso in Festa, qui appartient de plein droit à la sphère opératique, relève plus précisément du genre de la festa teatrole, pièce de circonstance de moindre ampleur que le dramma per musica. Sans réel récit dramatique, nous voici donc en présence de quelques dieux et muses, ainsi que d’une nymphe et d’Orphée, tous célébrant l’amour sous ses différentes formes, du plaisir à la souffrance.

Profitant du fait que son oratorio Athalia, créé l’année précédente à Oxford, n’avait pas encore été donné à Londres, Haendel en recycle ici une partie de la musique. Ce qui ne veut pas dire que Parnasso in Festa n’a pas une personnalité propre.Au contraire, la trame générale est remarquablement tissée, avec une insertion extrêmement pertinente des morceaux nouvellement composés. S’il n’est pas rare de trouver des pièces chorales dans les feste teatroli, en particulier quand le cadre pastoral justifie le recours à des scènes de chasse et autres, Parnasso in Festa n’en présente pas moins un caractère spécifique sur ce plan. D’Athalia lui vient, en effet, un style différent où les choeurs sont parfois développés et fugués, voire interrompus par des interventions solistes. Autre aspect remarquable, la présence du mythique Orfeo, personnage essentiel du théâtre lyrique des XVII et XVIIIe siècles, mais absent de tous les autres opéras de Haendel. À l’instar des choeurs, il bénéficie du caractère inhabituel de la partition, qui ne se focalise pas uniquement sur lui mais recourt aux commentaires compatissants de ceux qui l’entourent. La qualité e la musique rend cette distanciation tout simplement bouleversante. Matthew Halls dirige The King’s Consort et une solide distribution de chanteurs anglo-saxons, d’où l’on distinguera la fine Clio de Carolyn Sampson.

Une première mondiale à ne pas laisser passer. »