CD Orfeo (direction Artek)

L’ORFEO

COMPOSITEUR

Claudio MONTEVERDI

LIBRETTISTE

Alessandro Striggio

 

ORCHESTRE Artek
CHOEUR
DIRECTION Gwendolyn Toth

Orfeo Jeffrey Thomas ténor
Euridice, Musica Dana Hanchard soprano
Messagiera, Speranza, Pastore Jennifer Lane mezzo-soprano
Caronte, Plutone, Pastore Paul Shipper basse
Proserpina, Ninfa Jessica Tranzillo soprano
Apollo, Pastore, Spirito, Eco Michael Brown ténor
Pastore, Spirito Timothy Leigh Evans ténor

DATE D’ENREGISTREMENT Novembre 1993
LIEU D’ENREGISTREMENT New York – St Mary the Virgin Church
ENREGISTREMENT EN CONCERT non

EDITEUR Artek
COLLECTION Lyrichord Early Music
DATE DE PRODUCTION 1995
NOMBRE DE DISQUES 2
CATEGORIE DDD

 Critique de cet enregistrement dans :

Le Magazine de l’Opéra Baroque – septembre 2003

 « Cet enregistrement de L’Orfeo est le premier effectué aux Etats-Unis. Il a été réalisé en novembre 1993, à la suite de quatre représentations données dans une église de New York. Gwendolyn Toth, qui dirige l’ensemble Artek, ne disposait pas des moyens, tant financiers qu’en terme d’espace, lui permettant de reconstituer une véritable spectacle baroque, et dut se contenter d’un effectif relativement réduit. Est-ce pour autant que cette version puisse être qualifiée de minimaliste ? Il n’en est rien, et on ne peut qu’être agréablement surpris par l’épaisseur sonore et la variété de timbres de l’ensemble Artek, qui utilise des instruments d’époque. Il est vrai que l’enregistrement bénéficie d’une ambiance réverbérée qui amplifie et enrichit les sonorités. La Toccata initiale est ainsi une des plus saisissantes de la discographie, avec les trombones et cornets accompagnés de tambours.

Sept artistes se partagent les quinze rôles chantés de la partition, solution fréquemment adoptée et qui ne choque pas plus là qu’ailleurs. L’essentiel est qu’on y croie, et, de fait, l’émotion s’installe dès l’entrée de la Musica, venue de son « Parnasse aimé », nous présenter l’histoire du demi-dieu Orphée. Elle grandit tout au long de la progression dramatique concoctée par Alessandro Striggio, notamment lors de l’intervention de la Messagiera, pour culminer dans l’acte des Enfers.

Le ténor Jeffrey Thomas, réputé aux Etats-Unis comme un des meilleurs chanteurs de musique ancienne, assume le rôle d’Orfeo sans faiblesse. Doté d’un timbre agréable et d’un léger vibrato, il distille une émotion palpable dès son air d’entrée « Rosa del cielo », hymne au soleil, et seules les vocalises du « Possente spirto » le poussent à ses limites.. Les autres solistes sont irréprochables, tant Dana Hanchard, montéverdienne éprouvée, émouvante Euridice, que Jennifer Lane, touchante Messagiera, Jessica Tranzillo, convaincante Proserpine, et Paul Shipper, redoutable Charon.

Si un bémol devait être apporté, il concernerait les passages choraux, assumés par les solistes eux-mêmes, qui manquent parfois d’assise, faute d’un accompagnement suffisant, et d’homogénéité dans les timbres.

Au total, une version qui illustre à merveille la double appartenance de L’Orfeo au monde de la Renaissance et au monde du Baroque, et qui mérite d’être réhabilitée. »

NB. enregistrement disponible – à prix doux – directement sur le site d’Artek

L’Avant-Scène Opéra

« La réalisation de Gwendolyn Toth, enregistrée à New York en 1993 et diffusée deux ans plus tard, est sans doute la plus inaboutie des versions sur instruments anciens et à ambition philologique. Elle s’ouvrait pourtant sur une Toccata accompagnée de tambours du plus bel effet. La suite de la Favola n’est hélas pas à la hauteur. C’est une fois encore une version des plus étriquées. Les partis pris de Gwendolyn Toth sont assez proches de ceux de la version Rogers-Medlam. Certains effets semblent d’ailleurs directement empruntés à cette précédente lecture. C’est donc un nouvel Orfeo da camera, avec des effectifs minimalistes les instruments à cordes sont en nombre insuffisant (un par voix), tous les choeurs sont chantés par les solistes, sans que les parties ne soient doublées à aucun instant. Tout cela manque d’ampleur et de couleur. La réalisation de la basse continue est sans raffinement contrapuntique d’aucune espèce. Quant aux chanteurs, si l’on excepte la Messaggiera de Jennifer Lane, nous sommes ici confrontés à l’un des plateaux les plus indigents de la discographie (en particulier pour ce qui concerne les petits rôles. Ces chanteurs adoptent des modes de chant anachroniques et surtout multiplient les ornementations les plus inadéquates, en des moments inappropriés, sans la moindre conscience du style. La Musica de Dana Hanchard, soprano au timbre ingrat et au vibrato excessif, nous fait hésiter sur ce point entre la nausée et le comique. L’ornementation instrumentale s’avère la plupart du temps tout aussi inadéquate, voire ridicule. Enfin, Jeffrey Thomas propose un Orphée fade et nasal, à la tessiture étroite (graves absents), peu crédible dans les actes tragiques, et franchement décevant dans « Possente Spirto ».