CD L’Orfeo (direction Malgoire)

L’ORFEO

COMPOSITEUR

Claudio MONTEVERDI

LIBRETTISTE

Alessandro Striggio

 

ORCHESTRE La Grande Ecurie et La Chambre du Roy
CHOEUR
DIRECTION Jean-Claude Malgoire

Orfeo Kobie van Rensburg ténor
La Musica, Euridice, Ninfa Cyrille Gerstenhaber soprano
La Musica Hjördis Thébault, soprano
La Musica, Proserpina, Ninfa Delphine Gillot soprano
Speranza Philippe Jaroussky contre-ténor
Caronte Renaud Delaigue basse
Messagiera, Ninfa

Estelle Kaïque

mezzo-soprano
Apollo Philippe Rabier baryton
Plutone Bernard Deletré basse
Pastori, Spiriti infernali Alain Bertschy, Vincent Bouchot, Bernard Deletré, Carl Ghazarossian, Thierry Grégorie, Pierre-Yves Pruvot, Philippe Rabier, Renaud Delaigue

DATE D’ENREGISTREMENT Octobre 2004
LIEU D’ENREGISTREMENT Théâtre municipal de Tourcoing
ENREGISTREMENT EN CONCERT oui

EDITEUR Dynamic
COLLECTION Codaex
DATE DE PRODUCTION mai 2005
NOMBRE DE DISQUES 2
CATEGORIE DDD

 Critique de cet enregistrement dans :

Diapason – septembre 2005 – appréciation 5 / 5

« Ce vingtième Orfeo de l’histoire du disque est l’un des plus personnels qu’il soit donné d’entendre. Prise sur le vif en 2004 au Théâtre de Tourcoing (la production avait été créée à Saint-Quentin-en-Yvelines en 2000), cette intégrale bénéficie de la vitalité et de l’expérience de la scène : elle pâtit aussi d’inévitables imperfections techniques. Jean-Claude Malgoire assume avec efficacité les partis pris d’interprétation, pour certains historiques, pour d’autres non. L’effectif orchestral respecte en grande partie les indications très précises de Monteverdi. De même, les choeurs correspondent à la réunion des différents solistes (nymphes, bergers ou esprits) et non à une masse chorale. Le continuo est foisonnant, privilégiant les cordes pincées et offrant une réalisation au spectre très large, allant des graves profonds (les basses sont parfois trop abondantes) jusqu’à l’extrême aigu, conformément aux exigences d’Agazzari (1607).

De manière inattendue, la mise en scène fait alterner trois sopranos pour Musica : naît ainsi une grande diversité d’affects et de coloris que souligne l’orchestration renouvelée. La distribution est homogène, mis à part le décevant Apollon de Philippe Rabier (vocalises laborieuses, trillo inerte). La Speranza, incarnée en 1607 par un célèbre castrat florentin, a été confiée à Philippe Jaroussky, le meilleur contre-ténor entendu à ce jour dans ce rôle. Kobie Von Rensburg est un Orfeo au timbre parfois nasal, plus ténorisant que barytonnant, à l’expression raffinée et à la diction parfaite. Il fait preuve d’une belle vaillance dans les canzoni (Ecco pur). Toutefois, l’aria « Possente Spirto » se veut plus expressive que démonstrative les trois dernières strophes, pathétiques et implorantes, se révèlent plus convaincantes que les premières, à la virtuosité empreinte de timidité.

On retiendra surtout la direction engagée de Jean-Claude Malgoire, à la fois vigoureuse et profonde, jamais décorative. Ainsi, la scène de la Messagère est un modèle de tragédie, tant pour le poignant récit de Silvia que pour I’engagement dramatique des bergers. De même, le chef imprime aux sinfonie et ritornelli une rare intensité expressive. La dimension chorégraphique des balli est intelligemment soulignée par une percussion jamais envahissante (en articulier dans la Mauresque conclusive). En somme, cette nouvelle version est un des rares Orfeo enregistrés qui soit animé d’une véritable théâtralité, sans artifice. »

Classica/Répertoire – septembre 2005 – appréciation 4 / 10

« Deux défauts entachent durablement une nouvelle gravure de L’Orfeo, dirigée par Malgoire. D’abord la prise de son : les bruits de scène et la distance des chanteurs ne font que handicaper l’écoute. Kobie van Rensburg délivre ensuite un Orfeo très peu séduisant : nasal et pincé, il est franchement affreux dans la longue séquence vocalisalisatrice des enfers. Le reste de la distribution va de l’honnête (La Messagère d’Estelle Kaïque, L’Espérance de Jaroussky, assez raide) au catastrophique (l’Apollon abîmé de Philippe Rabier). La direction est vivante et parfois intense, mais cela ne suffit pas à sauver l’enregistrement. Elément intéressant (mais est-ce convaincant?) : le chef conclut l’oeuvre non sur l’apothéose habituelle mais sur la Moresca des Bacchantes – donnant ainsi au finale un autre éclairage. »