CD Orfeo (direction Harnoncourt)

L’ORFEO

Edition Telekunken LP 1968

Orfeo_Coffret de 1996

COMPOSITEUR

Claudio MONTEVERDI

LIBRETTISTE

Alessandro Striggio

 

ORCHESTRE Concentus Musicus Wien
CHOEUR Capella Antiqua München
DIRECTION Nikolaus Harnoncourt

La Musica, Euridice Rotraud Hansmann
Orfeo Lajos Kozma
Messageria, Speranza Cathy Berberian
Caronte Nikolaus Simkowsky
Proserpina, Ninfa Eiko Katanosaka
Plutone Jacques Villisech
Apollo, Pastor 4, Spirito 3 Max von Egmond
Pastor 1 Günther Theuring
Pastor 2, Spirito 1 Nigel Rogers
Pastor 3, Spirito 2 Kurt Equiluz

DATE D’ENREGISTREMENT 28 novembre -1er décembre 1968
LIEU D’ENREGISTREMENT Casino Zögernitz – Vienna
ENREGISTREMENT EN CONCERT non

EDITEUR Teldec
COLLECTION Das Alte Werk
DATE DE PRODUCTION 1969 / 1974 / 1985 / 1992
NOMBRE DE DISQUES 2 (à l’origine 3 x LP)
CATEGORIE ADD

Critique de cet enregistrement dans :

 

Classica/Répertoire – novembre 2004 – appréciation 7 / 10

« Qui connaissait son Corboz par coeur s’étrangla à la toccata d’ouverture de la première version Harnoncourt La suite heureusement rassure. Ce souci de démonstration organologique et d’évocation coloriste, magnifiquement assumé par le Concentus Musicus, fait merveille dans les actes pastoraux, et est l’un des éléments d’action essentiels d’un Harnoncourt sans cesse soucieux de théâtralité : c’est là la différence essentielle avec Corhoz, et une date dans l’histoire de l’interprétation baroque. Côté vocal, hélas, on déchante sans jeu de mots :ce n’est plus Orfeo qui tient la vedette, un Lajos Kozma au timbre et au lyrisme agréables, sans virtuosité excessive, mais égaré dans ses flottements stylistiques, délicieusement puccinien. Non, la vedette, dans une distribution équilibrée, est la Messagère de Cathy Berherian, à la fois douce et tragique, et narratrice attentive, qui interprète aussi de façon étonnante l’Espérance.A noter un continuo inventif et visionnaire sous les doigts de Gustav Leonhardt et Herbert Tachezi. Reste que cette version sonne désormais comme bien germanique, dans la rigidité d’une direction un peu pervertie par des partis pris de bâtisseur d’empire. »

Diapason – 30 disques pour découvrir l’opéra baroque – mai 2001

« Une des premières bombes du mouvement « baroqueux » n’a rien perdu de sa puissance, grâce à l’italianita parfaite de Lajos Kosma, Orfeo individuel et virtuose, à la puissance expressive de Cathy Berberian et de Max Van Egmond, à la pureté de Rotraud Hansmann et Nigel Rogers »… »Nikolaus Harnoncourt danse et respire avec la musique, révélant la stupéfiante modernité d’une partition qui, en une soirée de Mantoue, inventait l’opéra ».

Classica – Guide de l’opéra – novembre 2000

« Le plus surprenant est de constater la sûreté des interprètes dans la maîtrise du phrasé, des ornements, dans le maniement d’instruments à peine redécouverts »… »Parmi les chanteurs, on se laissera envoûter par le timbre exceptionnel du grand Lajos Kozma et par la douceur nostalgique de Cathy Berberian ».

Goldberg – août/octobre 2000 – note 5/5 (meilleur choix)

« l’album incontournable, porteur d’une émotion que plus de trente ans n’ont pas altérée »… »Harnoncourt…fait rayonner ici une ineffable lumière monteverdienne »… »l’impression d’accomplissement magique »

Goldberg – été 1998 – note 3/5

« Evénement historique en son temps, l’enregistrement de Harnoncourt révéla l’instrumentarium et le langage monteverdiens à toute une génération. Ce souci de vérité prit toutefois le pas sur le souci de cohérence dramatique »… »La distribution vocale est inégale…si Lajos Kosma se prend parfois les pieds dans les méandres alors obscures du chant baroque, Cathy Berberian incarne une Messageria inoubliable, véhémente et désespérée ».

Opéra International – septembre 1993 – appréciation Timbre de Platine

« L’Orfeo, gravé en 1968, a fait l’effet d’un coup de tonnerre à sa sortie. Et au-delà des questions de solistes (Tappy avec Corboz ou Rogers avec Jûrgens sont de très grands Orphée), c’est la conception d’ensemble de l’oeuvre, littéralement réinventée par Harnoncourt, qui coupe encore le souffle. Orfeo retrouve sa force dramatique et la puissance de nouveauté qui fut la sienne au début du XVlle siècle ce, grâce à une réflexion profonde sur la nature du recitar cantando, sur le rôle du continuo, sur la valeur de l’orchestration (somptueuse) ou encore sur l’intime mélange de l’ancien et du moderne dans l’oeuvre. Sur la cohérence des différents tempi de l’oeuvre, aussi, sur les rapports qu’ils entretiennent, et qui bâtissent le drame dans son évi-dence, enfin vivant, riche de contrastes et de rythmes autant que de pure beauté vocale. Les solistes sont tous excellents, jusqu’aux petits rôles, et cette version, encore aujourd’hui bouleversante d’humanité reste sans doute la plus belle. »

Opéra International – mars 1982

« Malgré le choix de Lajos Kosma, parfaitement indifférent dans le rôle-titre, cette version s’est imposée d’emblée…par la qualité d’ensemble des solistes »… »et surtout par la lecture d’Harnoncourt…restituant enfin à la musique de Monteverdi toutes ses composantes baroques. Les sonorités incisives et somptueuses des instruments anciens, la dynamique générale imprimée à l’ouvrage, le discours nerveux, contrasté, avec un souci du détail étonnant…enfin une version moderne d’Orfeo ».

L’Avant-Scène Opéra

« La première version de L’Orfeo que livra Nikolaus Harnoncourt fut un véritable coup de tonnerre. Dès la Toccata, on pouvait comprendre que l’on entrait dans une nouvelle ère et qu’une révélation s’offrait à nous celle d’une oeuvre rendue à la vie. Enfin, L’Orfeo était à nouveau paré de ses somptueuses et vives couleurs, et surtout, sa musique était chargée d’une puissance évocatrice et dramatique dont on ne pouvait jusqu’alors soupçonner l’ampleur. Harnoncourt s’est montré, plus que jamais, génie visionnaire dans cet enregistrement qui le projeta au-devant de la scène musicale internationale. Son intelligence confondante du style, des tempi (la danse reprenant enfin tous ses droits), des contrastes fulgurants (arrivée de la Messagère), la profonde unité qu’il sut restituer à cette « fable tragique » et le discernement avec lequel il choisit ses solistes suscitent encore, après plus de trente ans, l’admiration la plus enthousiaste. Certes, l’Orphée de Lajos Kozma n’a pas toujours la virtuosité ni l’aura souhaitée. Pourtant, son « Rosa del Ciel » ne manque ni de ferveur ni de lumière, et il émane de son « Possente Spirto », auquel il refuse tout débordement de virtuosité, une véritable douceur angélique. Pour la première fois dans l’histoire du disque, un continuo riche et coloré se faisait entendre avec pertinence. Aux claviers, Gustav Leonhardt et Herbert Tachezi s’adonnent à des réalisations polyphoniques d’une rare invention, qui soulignent avec efficacité les paroles et les intentions expressives des chanteurs. Sous la direction d’Harnoncourt, les ritournelles et les sinfonies prirent une ampleur expressive inouïe…Harnoncourt eut également le génie de faire appel à Cathy Berberian : elle incarna une Messagère inattendue et miraculeuse, incontestablement la plus sincère et la plus émouvante de tout le XXe siècle. De même, les rôles secondaires furent extrêmement bien distribués : ne citons que la lumineuse Musica de Rotraud Hansmann, qui est restée dans toutes les mémoires. Bref, cette interprétation emplie d’une humanité radieuse et déchirée n’a pas pris une ride… »

 Forum Opéra – par Jean-Christophe Henry – discographie comparée

http://www.forumopera.be.tf/