Arianna

COMPOSITEUR Claudio MONTEVERDI
LIBRETTISTE Ottavio Rinuccini
ENREGISTREMENT ÉDITION DIRECTION ÉDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DÉTAILLÉE
1998 William Lacey NMC Recordings Ltd 2 italien

NB. ne figurent pas ici les nombreux enregistrements du seul Lamento

Tragedia in forma rappresentativa, en un prologue et huit scènes, sur un texte d’Ottavio Rinuccini (1562 – 1621), poète florentin, membre de la Camerata Bardi.

La première représentation eut lieu à Mantoue, à l’intérieur du château, aménagé en théâtre par l’architecte Vianini, le 28 mai 1608, lors des festivités données pour le mariage du prince Francesco Gonzaga avec Marguerite de Savoie, en présence d’environ 5 000 personnes. La distribution réunissait notamment Virginia Ramponi Andreini (Ariane), Settimia Caccini, fille de Giulio Caccini, alors âgée de dix-sept ans (Vénus) Antonio Brandi, dit Il Brandino, Sante Orlandi, Francesco Rasi et son élève Sabina, Mme Europa (soeur du compositeur Salomone de Rossi), don Bassano Casola da Lodi, Francesco Campagnolo, élève de Monteverdi. 

Francesco GonzagueMarguerite de Savoie

Brandino, Orlandi et Settimia Caccini avaient été prêtés pour l’occasion par le Grand Duc de Toscane.

Monteverdi était revenu le 10 octobre à Mantoue, marqué par la mort de son épouse à Crémone, le 10 septembre. Mais il apparut rapidement que l’opéra ne serait jamais prêt pour le mois de janvier, comme le souhaitait le duc Vincenzo, et il fut décidé de représenter la Dafne de Marco da Gagliano.

Vincenzo Gonzague

La partition était presque achevée début février 1608. Mais la cantatrice Caterina Martinelli (*), dite la Romanina, qui devait tenir le rôle principal, tomba malade (variole ?) et mourut le 7 mars.

(*) Caterina Martinelli née à Rome en 1590, fut embauchée à treize ans par le duc Vincent de Gonzague et confiée à Monteverdi. Le Duc de Gonzague lui fit construire un mausolée dans l’église des Carmes.

On dut lui trouver une remplaçante, et ce fut l’actrice Virginia Andreini née Ramponi (*), dite la Florinda, qui venait d’arriver à Mantoue avec la troupe des Fedeli pour interpréter la pastorale de Guarini. Sa prestation dépassa toutes les espérances, et l’opéra connut un succès exceptionnel.

(*) Virginia Ramponi, née à Milan en 1583, morte à Bologne en 1630, première épouse de Giovanni Battista Andreini, lui-même acteur, poète et compositeur, membre de la Compagnie des Fedeli

Virginia Andreini née Ramponi dite la Ramponi

La partition, dont il existait au moins trois copies, a été perdue, à l’exception d’un fragment de la scène VI, le Lamento d’Arianna, dialogue avec Dorilla et le choeur. Monteverdi le reprit en madrigal dans le VIe Livre, en 1614, puis sur un texte religieux en latin, sous le titre Pianto delta Madronna sopra il Lamento di Arianna. Le livret a été conservé, dédié à Antonio Bariletti.

L’opéra fut repris à Florence, en 1614, puis àVenise pour l’inauguration du théâtre San Moisé, à l’automne 1639. Il fut attribué à tort par Cristoforo Ivanovich à Francesco Sacrati.

 

Personnages : Apollo, Venere (Vénus), Amore (Amour), Tese (Thésée), Arianna (Ariane) (soprano), Conseillers de Teseo, Choeur des soldats de Teseo, Choeur des Pêcheurs, Dorilla, hôte de Teseo et Arianna, Premier messager, Second messager, Bacco (Bacchus), Choeur des soldats de Bacco, Giove (Jupiter)

 

Synopsis

Le spectacle se déroule devant un décor fixe qui représente l’île de Naxos. Vénus annonce l’abandon d’Ariane par Thésée, et demande à Amour de protéger la malheureuse.

Acte I : Thésée débarque sur l’île de Crète. Thésée et Ariane se disent leur amour. Ariane a des pressentiments funestes et se laisse envahir par la mélancolie, en dépit des promesses de Thésée.

Acte II : Thésée est torturé par des sentiments contraires : l’ambition, l’amour, le remords. Il finit par céder à la raison d’État et abandonne Ariane.

Acte III : Ariane s’éveille et s’inquiète de l’absence de Thésée. Elle se reproche de douter de son amant, et part à sa recherche.

Acte IV : un messager vient raconter le départ de la flotte de Thésée. Ariane clame sa plainte.

Acte V : un second messager vient annoncer le débarquement de Bacchus ému par la jeune fille, et venu la consoler. Vénus célèbre leur union et Ariane est faite déesse : la joie dissipe le chagrin que lui a causé l’abandon de Thésée.

Divertissement (commandé par la Duchesse de Mantoue) : un groupe de seize danseuses « soldats de Bacchus » célèbre l’allégresse générale par des « ballets en cabrioles ».

 

Livret du Lamento

 

Représentations :

Amsterdam – Cultuurpark Westergasfabriek – 15, 16, 18, 19, 20, 22, 22 septembre 2007 – Les Talens Lyriques – dir. Christophe Rousset – mise en scène Pierre Audi – décors Chloe Obolensky, Jannis Kounelis, Patrick Kinmonth – costumes Chloe Obolensky, Patrick Kinmonth – lumières Jean Kalman – avec Christianne Stotijn (Arianna)

 

Anvers – 17, 18 janvier 2003 – Antwerpen Arenbergschouwburg – 25, 26 janvier 2003 – dir. Jan Van Outryve – mise en scène Wouter Van Looy – décors Sascha van Riel – costumes Joost van Wijmen – nouvelle coproduction avec Operastudio Nederland

 

Opera Theatre de Saint-Louis – 7, 10, 13, 19, 25 juin 1998 – dir. Llewellyn – mise en scène Ocel – reconstitution d’Alexander Goehr – avec Pancella, Byrne, Creswell, Crayton, Reijans, Picon, Trottere, Woods

 

Londres – Covent Garden – 15, 18, 23, 28 septembre, 4 octobre 1995 – dir. Ivor Bolton – mise en scène Francesca Zambollo – décors et costumes Alison Chitty – reconstitution d’Alexander Goehr – avec Susan Graham (Ariane), Anna Maria Panzarella (Amour), Sheila Nadler (Vénus, Dorilla), Axel Köhler (Bacchus, Un soldat, Un marin), John Patrick Raftery (Thésée), Christopher Ventris (Un soldat, Un marin, Un messager), Gidon Saks (Un soldat, Un marin, Un messager), David Wilson-Johnson (Le Conseiller, Un soldat, Un marn)

Susan Graham dans Arianna

« Arianna, opéra perdu de Claudio Monteverde, recomposé par Alexander Goehr », lit-on au frontispice de la partition de ce « nouvel » opéra, qui vient d’être créé avec grand succès au Covent Garden. Fils de Walter Goehr, le chef d’orchestre qui redécouvrit l’oeuvre de Monteverdi au XXe siècle, Alexander caressait depuis longtemps l’idée de refaire Arianna, perdue après sa création à Mantoue, en 1608. Le livret d’Ottavio Rinuccini est parvenu jusqu’à nous, et le compositeur n’a eu qu’à le suivre, moyennant quelques petites coupures, pour un opéra de 8 scènes, enchaînées sans entracte, sur une durée totale de 2 h 10. Avec 16 musiciens se répartissant les 22 instruments de l’orchestre, Goehr privilégie un langage à la fois moderne dans sa sonorité et baroque dans son style. Prolongé au-dessus de la fosse, le plateau présente deux crevasses, qui permettent au spectateur de voir en permanence le chef et sa formation. Tous méritent des éloges, sous la baguette d’un lvor Bolton qui réussit à ménager un équilibre parfait entre les différents intervenants.

Dans le spectacle de Francesca Zambello et Alison Chitty, il n’y a pas de décors à proprement parler, même si des amours descendent des cintres, et si des portes dérobées s’ouvrent et se referment : tout repose en effet sur les formidables jeux d’éclairages d’Alan Burrett. 11 chanteurs (4 voix aiguès et 7 graves), se répartissent les 5 personnages principaux, et les choeurs de soldats et de marins. De nombreux enfants peuplent par ailleurs la scène, en amours ou en simples figurants. Invisibles pour les autres personnages, Vénus (la contralto Sheila Nadler) et Amour (la soprano Anna Maria Panzarella) introduisent et dirigent l’action. L’Américaine Susan Graham campe une magnifique Ariane, affrontant avec un contrôle admirable de la ligne le célèbre Lamento, seule pièce de la main de Monteverdi. Le ténor John Patrick Raftery ne cherche pas à minimiser la personnalité antipathique de Thésée, qui abandonne Ariane pour l’honneur et la gloire, sur les avis du Conseiller, l’efficace David Wilson-Johnson. Dans le droit fil de la tragédie grecque, deux Messagers décrivent les passages se situant hors de la scène le premier, le baryton Gidon Saks, offre un récit halluciné du désespoir d’Ariane, découvrant la fuite de son amant; le second, le ténor Christopher Ventris, décrit avec bonheur l’arrivée de Bacchus et sa première rencontre avec l’héroïne. Le rôle du dieu est bref, mais l’alto Axel Kôhler réussit à lui imprimer sa marque. Chaleureusement applaudi au rideau final, Alexander Goehr a gagné son pari : ramener à la vie l’Arianna perdue de Monteverdi. » (Opéra International – novembre 1995)

 

Gera – Reussischen Theater – 30 novembre 1940 – Lamento, dans une version de Carl Orff (1925), lors d’un concert incluant trois oeuvres de Monteverdi

 

Paris – Petite Scène – 3,4,6 juin 1931 – Lyon – Montpellier – Monte Carlo – novembre 1931 – Lamento – avec Claire Croiza

 

Karlsruhe – janvier 1926 – Lamento