COMPOSITEUR | Abbé MAILLY |
LIBRETTISTE | Abbé Mailly |
Achébar, roi du Mogol ou Akiba, roi du Mogol, « tragédie lyrique » sur un livret et musique de l’abbé Mailly, représentée au palais d’Alessandro Bicchi (*), cardinal-évêque de Carpentras, en février 1646.
(*) Alessandro Bicchi (ou Bichi), né à Sienne, abbé de Montmajour, évêque de Carpentras en 1630, cardinal en 1633. Il fit reconstruire le palais épiscopal de Carpentras, qui tombait en ruine
L’œuvre est considérée comme le premier opéra français (treize ans avant la Pastorale d’Issy de Perrin et Cambert). La partition est perdue.
« Li pessugau et li pevoulin, les chippeurs et les pouilleux, les nobles et les prolétaires, se faisaient alors une guerre acharnée dans le comtat Venaissin. Chef du parti de la noblesse, entouré de ses clercs et de ses chevaliers, Alessandro Bichi, cardinal- évêque, tenait à Carpentras une cour splendide. Un escadron léger et galant où les plus jolies comtadines s’étaient enrolées, avait son quartier général au palais de ce prince de l’Église. Les victoires que cet autre Mazarin remportait sur ses frondeurs étaient célébrées par des bals, des tournois, des comédies, des Te Deum, des festins, des processions et des ballets. Faut-il s’étonner qu’un opéra français, nouveauté charmante et sans rivale, ait surgi dans cet alcazar des plaisirs, dans ce séjour enchanté, qu’un prince de l’Église opulent, ingénieux, inventif, voulait enrichir de toutes les magnificences de l’Italie? C’est pour délier, surmonter, éteindre les cris d’un populaire furieux, le bruit du canon et de la fusillade, que cet autre Alexandre fit sonner un opéra dans la capitale du comtat Venaissin. Il est tout naturel que notre Académie impériale de Musique se ressente de son origine belliqueuse, bruyante, et fasse éclater encore, même en temps de paix, le tonnerre de ses trombones, de ses cloches et de ses tambours. Poète et maître de chapelle du cardinal-évêque, l’abbé Mailly fit représenter, eu février 1646, Akébar, roi du Mogol, tragédie lyrique, avec un succès merveilleux. Parolier adroit, compositeur excellent en musique, dont il avait publié des traités estimés, l’abbé Mailly s’était signalé doublement en cette audacieuse entreprise. Le palais épiscopal de Carpentras fournit la salle immense où sonna victorieusement, où l’on applaudit avec des transports d’enthousiasme et de délire le premier opéra français. » (L’Opéra Italien de 1548 à 1856 – Castil-Blaze)