COMPOSITEUR | Louis et Jean-Louis LULLY |
LIBRETTISTE | Michel du Boulay |
Tragédie en musique en trois actes et un prologue, sur un livret de Michel du Boulay, secrétaire de M. de Vendôme, Grand Prieur de France.
Jean-Louis Lully écrivit le prologue – qui se passe devant le Palais de Trianon, avec comme acteurs Vertumne, Dieu des Jardins, et Palès, Déesse des Bergers – et le premier acte, son frère Louis le second et le troisième acte. Mais Antoine (ou Pierre ?) Vignon, maître de musique, pourrait avoir écrit une bonne partie de l’ouvrage, ce pour quoi il dut faire agir un huissier en vue d’obtenir les huit cents livres promises.
La création eut lieu à l’Académie royale de musique, le 22 mars 1688.
Le Mercure galant l’évoqua comme suit :
Je passe au troisième Opera qu’on représente icy depuis quelques jours. Il est en trois Actes et intitulé Flore & Zephire. Les paroles sont de M. du Boulay, Secretaire de M. le Grand Prieur, et il a esté mis en Musique par deux des Fils de feu M. de Lully. Cet Opera où les Enfans de cet excellent homme ont travaillé, a esté representé jour pour jour au bout de l’année de son decés. Le Prologue et le premier Acte, ont esté mis en Musique par M. de Lully le Cadet, Surintendant de la Musique du Roy, et M. de Lully l’Aisné a fait la Musique du second Acte, & du troisième à la reserve du divertissement , et de la Scene qui le precede, qui sont encore de M. de Lully le Cadet. Comme le succès d’un Ouvrage fait son éloge, je ne vous dis rien de cet Opera.
L’ouvrage fut représenté en 1693, à l’Opéra de Lyon, où chantait alors Mademoiselle Journet, alors à son aurore, et qui devait, plus tard, être une des gloires du Palais Royal.
Il fut repris à Paris, le 4 juillet 1694, après l’insuccès de Céphale et Procris, d’Elisabeth Jacquet de La Guerre.
Une reprise eut lieu le 18 juin 1715, avec une distribution réunissant : Le Mire (Vertumne), Milon (Palès), Murayre (Tircis) et Le Bel (Un Berger) dans le prologue, Mlle Heusé (Flore), Buseau (Zéphyre), Thévenard (Borée), Mlle Bourgoin (Cloris), Mlle Antier (Clytie), Hardouin (Le Soleil), Mlle Milon (Iris), Mlle Poussin (Arténice), Mlle Milon (Cybelle), Le Bel (Hymen), Le Mire C. (Bacchus).
Synopsis
Sur les bords de l’Euphrate
Acte I
Borée se lamente d’être repoussé par Flore. Zéphire survient, parlant d’amour. Borée le soupçonne d’être aimé de Flore, mais Zéphire feint d’aller d’amourette en amourette. Borée se plaint à Cloris que Flore ne l’aime pas. Cloris le dissuade de chercher à se venger. Zéphire conseille à Borée de demander Flore en mariage à Cybèle. Mais Borée parti, il confie que Cybèle est de son côté et protège son amour pour Flore. Flore paraît avec sa suite. Zéphire lui explique comment il a éloigné Borée. Flore et Zéphire chantent leurt amour.
Apparaît Clytie, qui conte qu’elle aime le Soleil, mais que ce dernier lui préfère une rivale. Elle veut partir mais Flore l’arrête car le Soleil descend. Il demande à Flore d’éloigner Clytie. Flore et Zéphire célèbrent le Soleil. Iris paraît et annonce que Cybèle conseille à Flore de craindre la colère de Borée, et à Zéphire d’aller obtenir de Jupiter de pouvoir épouser Flore.
Acte II
Clytie se lamente. Elle comprend que Flore est sa rivale, et prépare sa vengeance. Elle ce cache en apercevant Flore et Cloris. Elle entend Flore parler de son futur mari. Arthenice, nymphe de Diane, assure à Flore qu’elle est en sécurité, au milieu des Dryades et des Sylvains.
Borée est à la recherche de Flore. Il rencontre Clytie qui propose de l’aider, et lui indique om se cache Flore. On entend la forêt ravagée par Borée. Clytie ne doute pas que Flore soit en son pouvoir, et se réjouit de sa vengeance devant Zéphire qui a obtenu l’accord de Jupiter pour épouser Flore.
Acte III
Borée tente en vain de séduire Flore. Méfiant, il refuse puis finit par accepter de la laisser seule. Flore se désespère. Elle reprend espoir à la vue de Clytie, mais celle-ci se déclare son ennemie. Zéphire revient, et Clythie finit par comprendre que c’est lui que Flore aime, et non le Soleil. Elle décide de se tuer. Flore presse Zéphire de s’éloigner car Borée revient. Borée comprend que Zéphire l’a trahi, et veut le faire châtier par les Aquilons. Le Soleil intervient et fait connaître la volonté de Jupiter qui destine aux amants un palais merveilleux. Borée est chassé. Clythie est changé en une nouvelle fleur, le Souci. Zéphire et Flore s’étreignent de bonheur. Cybèle vient les unir. Bacchus participe à la fête.
ZEPHIRE ET FLORE, 22me Opé. C’est une Trag. dont les vers sont de Du Boulay, & la musiq. des fils de Lully ; le Prologue & le premier Acte sont du cadet, Jean-Louis, Surintendant de la Musique du Roi ; l’aîné, Louis, fit le second & le troisieme Ac. à la réserve du Divert. & de la scene qui le précede, qui sont encore de son frère : cet Opé. fut représenté, jour pour jour, au bout de l’année du décès de leur père, c’est-à-dire le 22 Mars 1688 ; il est imprimé en musi. partition in-fol. & a été repris en 1715. La scene du Prolog. se passe devant le Palais de Trianon ; les Acteurs sont Vertumne, Dieu des Jardins, & Palès, Déesse des Bergers. (de Léris)
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Représentations
La Couronne – 19 janvier 2013 – Blanzac – 20 janvier 2013 – Ensemble vocal Arédia – dir. Monique Lecru
La Charente Libre
Mission accomplie ! Les quinze chanteurs de l’ensemble vocal Arédia, les sept musiciens de l’orchestre et le récitant Daniel Crumb ont redonné vie d’une belle manière samedi soir au théâtre Zéphire et Flore, un opéra baroque composé par Louis et Jean Louis Lully jamais donné depuis 1715.
Une réussite à mettre à l’actif de ce groupe de passionnés dirigés par leur chef de chœur Monique Lecru. « J’ai lancé l’idée proposée par Maximin Catineau (violiste et flûtiste dans l’orchestre) auprès de mon groupe vocal et pour y donner suite fait appel à Françoise Bourgouin, une violiste et chanteuse de Poitiers, familière la musique baroque, pour la retranscription nécessaire des partitions » explique t-elle.
A partir d’avril 2012, un gros travail sur les chœurs et les solistes a débuté après le recrutement des rôles titres.
« J’en ensuite sollicité des instrumentistes d’une grande valeur musicale qui mon suivie dans cette aventure et je suis très sensible à la confiance qu’ils m’ont accordée en adhérant tous à ce projet » souligne avec émotion Monique Lecru.
« Car c’est pour le plaisir de la redécouverte de cet opéra oublié qu’ils nous ont rejoint pour cette première d’un Zéphire et Flore que nous redonnerons à d’autres occasions » poursuit-elle.
Ce projet a aussi bénéficié des talents de Daniel Crumb, auteur et comédien et de Catherine Duval, musicienne artiste dans plusieurs groupes et professeur de musique ancienne au Conservatoire d’Angoulême, qui a écrit tous les chiffrages de la basse continue qu’elle assure au clavecin. »