Proserpine

Edition Ballard - 1680

COMPOSITEUR Jean-Baptiste LULLY
LIBRETTISTE Philippe Quinault

 

ENREGISTREMENT ÉDITION DIRECTION ÉDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DÉTAILLÉE
2006 2008 Hervé Niquet Glossa 2 français

Tragédie en musique, sur un livret de Philippe Quinault, créée le 3 février 1680, à Saint-Germain en Laye, avec une distribution réunissant : Mlle Catherine Ferdinand (La Paix), Mlle Rebel (La Félicité), Mlle Puvigné (L’Abondance), Puvigné (La Discorde) et Mlle Claude Ferdinand (La Victoire) pour le prologue, Mlle Saint-Christophle (Cérès), Mlle Bony (Cyané), Arnoul (Crinise), Langeais (Mercure), Mlle Catherine Ferdinand (Aréthuse), Clédière (Alphée), Mlle Claude Ferdinand (Proserpine), Gaye (Pluton), Morel (Ascalaphe), Godonesche (Jupiter), Le Maire, Pluvigny et Desvoyes (Les Furies).Proserpine fut le départ de la collaboration de Jean Bérain comme décorateur en remplacement de Vigarani.Elle suscita l’enthousiasme de Madame de Sévigné : L’opéra est au dessus de tous les autres (lettre du 9 février 1680).L’oeuvre fut reprise :à Fontainebleau, le 15 novembre 1680, à l’occasion de l’arrivée de Marie-Anne-Christine-Victoire de Bavière, dite La Grande Dauphine après son mariage avec le Grand Dauphin, le 7 mars précédent ; puis au théâtre du Palais Royal, le 16 novembre, avec une distribution réunissant : Mlle Louison Moreau (La Paix) dans le prologue, Mlle Saint-Chrisophle (Cérès), Mlle Ferdinand C. (Aréthuse), Du Mesny (Alphée), Mlle Aubry (Proserpine), Beaumavielle (Pluton), Dun (Ascalaphe) ;Marie-Anne-Christine-Victoire de Bavière, dite La Grande Dauphineen novembre 1681, avec la même distribution ;

le 31 juillet 1699, avec Mlle Gherardi (La Paix), Mlle Heusé (La Félicité), Mlle Cenet (L’Abondance) et Puvigné (La Discorde) pour le prologue, Mlle Maupin (Cérès), Mlle Clément (Cyané), Guyar (Crinise), Boutelou (Mercure), Mlle Desmatins (Aréthuse), Du Mesny (Alphée), Mlle Moreau (Proserpine), Dun (Pluton), Hardouin (Ascalaphe), Le Roy (Jupiter), Labbé, Prunier et Desvoyes (Les Furies) ;

le 7 mars 1715, avec Mlle Poussin (La Paix), Mlle Pasquier (La Félicité), Mlle Tettelette (L’Abondance), Mantienne (La Discorde) et Mlle Bourgoin (La Victoire) pour le prologue, Mlle Antier (Cérès), Mlle Milon (Cyané), Le Mire (Crinise), Buseau (Mercure), Mlle Journet (Aréthuse), Cochereau (Alphée), Mlle Heusé (Proserpine), Thévenard (Pluton), Dun (Ascalaphe), Hardouin (Jupiter), Buseau, Mantienne et Dun (Les Furies) ;

le 28 janvier 1727, avec Mlle Eremans (La Paix), Dun (La Discorde) et Mlle Lambert (La Victoire) pour le prologue, Mlle Antier (Cérès), Mlle Minier (Cyané), Dun (Crinise), Grenet (Mercure), Mlle Eremans (jusqu’au 22 avril) et Mlle Pélissier (à partir du 22 avril) (Aréthuse), Tribou (Alphée), Mlle Le Maure (Proserpine), Thévenard (Pluton), Chassé (Ascalaphe), Le Mire (Jupiter), Buseau, Cuvillier et Morand (Les Furies) ;

les 2, 7 et 9 novembre 1740 à Fontainebleau ;

le 31 janvier 1741, avec Mlle Eremans (La Paix), Albert (La Discorde) et Mlle Fel (La Victoire) pour le prologue, Mlle Antier (Cérès), Mlle Julie (Cyané), Albert (Crinise), Jélyotte (Mercure), Mlle Pélissier (Aréthuse), Tribou (Alphée), Mlle Fel (Proserpine), Le Page (Pluton), Dun (Ascalaphe), Person (Jupiter), Cuvillier, Person et Bérard (Les Furies). A cette époque, Marie Pélissier, âgée de 34 ans, quoique au trois-quarts aphone, profitait de l’absence de Nicole Lemaure, partie dès 1735, qui rentra à Paris le 28 février. Au mois de mars, Mlle Mariette trop attristée de la grave maladie du prince de Carignan, son protecteur, refusa de danser le pas de six. Le prince mourut le 9 avril, et la Mariette prit le deuil de celui dont elle avait eu deux fils et une fille, en longs voiles de crêpe.en 1742 ;

le 14 novembre 1758, sans prologue, avec Mlle Chevalier (Cérès), Mlle Fel (Aréthuse), Sophie Arnould, alors âgée de dix-huit ans (Proserpine), Gélin (Pluton), Larrivée (Ascalaphe).Proserpine fut le premier opéra représenté à Anvers, fin 1682. Il fut représenté également à Wolfenbüttel en 1685, à Amsterdam, le 15 septembre 1688 et en 1703. Des représentations eurent lieu également à Lyon en 1694, à Rouen en 1695.Une parodie fut jouée au Palais Royal, le 30 mars 1727, Les Noces de Pluton et de Proserpine (*), pour marionnettes, comédiens et chanteurs, sur un livret de Louis Fuzelier (1672-1752) et Jean-Philippe d’Orneval (?-1766).(*) on connaît trois manuscrits de cette pièce intitulée aussi « Les Champs Élysées ou Les Noces de Pluton »

Une autre parodie de Charles-Simon Favart fut jouée à l’Opéra Comique le 9 mars 1741, sous le titre de Farinette. Le livret fut repris par Guillard, en trois actes, et mis en musique par Paisiello (création à l’Opéra le 30 mars 1803).

Synopsis

Acte IEn Sicile, Cérès, qui a été aimée par Jupiter et l’aime encore, se réjouit de la victoire du roi des Dieux sur les Géants. Mercure lui transmet l’ordre de Jupiter de répandre ses bienfaits sur la Phrygie. La déesse de la fertilité et des moissons obéit et confie la fille qu’elle a eu de Jupiter, Proserpine, aux soins de la nymphe Aréthuse. Celle-ci a peine à ne point répondre à la passion du Fleuve Alphée. Cérès monte dans son char ailé, accompagnée par les regrets des Siciliens. On voit la foudre de Jupiter tomber sur le mont Etna et achever de vaincre les Géants un instant ranimés.

Acte IILe royaume des Enfers est ébranlé par le tremblement de terre et l’éruption du volcan. Précédant son maître Pluton, Ascalaphe s’éprend d’Aréthuse et provoque la jalousie d’Alphée. Pluton survient, tout ému par la vision de Proserpine effrayée. Pluton et Ascalaphe observent en cachette les danses des nymphes, menées par Proserpine. Entouré de divinités infernales, Pluton enlève Proserpine sur son char et défend à la nymphe Cyané, témoin du rapt, de révéler à quiconque ce qui vient d’avoir lieu.

Acte III

Alphée et Aréthuse descendent aux Enfers pour y chercher Proserpine. Revenue en Sicile, Cérès cherche sa fille. Cyané veut l’informer malgré l’interdiction de Pluton mais elle est subitement changée en ruisseau. Folle de douleur et d’incertitude, Cérès brûle les moissons qu’elle a favorisées.Acte IVDans les Champs Élysées, les Ombres heureuses cherchent à charmer Proserpine. Alphée et Aréthuse lui tiennent compagnie et Ascalaphe plaide pour Pluton, mais Proserpine le change en hibou. Elle résiste à Pluton qui lui offre un beau divertissement infernal.

Acte V

Malgré Jupiter, Pluton est décidé à conserver Proserpine. Alphée et Aréthuse informent Cérès de la situation. La déesse implore Jupiter qui tranche par la voix de Mercure : Proserpine partagera son temps entre son époux Pluton et sa mère. L’opéra se termine par une apothéose des divinités célestes et infernales.

Synopsis détaillé

Prologue

Le théâtre représente l’antre de la discorde, on y voit la Paix enchaînée : la félicité, l’ abondance, les jeux et les plaisirs y accompagnent la Paix, et sont enchaînés comme elle.La Paix invoque le héros (Louis XIV) pour qu’il mette fin à la discorde. La Discorde lui répond qu’elle compte bien engager le héros dans de nouveaux combats. La Victoire descend : elle appelle la Paix et chasse la Discorde. La Paix se réjouit tandis que la Discorde se lamente et s’abîme avec sa suite dans des gouffres qui s’ouvrent sous ses pas. L’affreuse retraite de la Discorde se change en un palais agréable. La Victoire et la Paix célèbrent le héros. Le Choeur annonce que le temps est venu des plaisirs et des jeux.

Acte I

Le palais de Cérès, en Sicile, près du mont EtnaDecor d'Algieri pour Proserpine(1) Cérès, Cyané et Ciphise goûtent la paix revenue et honorent Jupiter qui a vaincu les géants qui voulaient attaquer les dieux. (2) Mercure, descend du ciel pour annoncer à Cérès que Jupiter lui demande d’aller porter l’abondance en Phrygie. Cérès est déçue que l’amour qu’elle porte à Jupiter ne soit pas payé de retour. Mercure essaie de trouver des excuses à Jupiter, puis remonte au ciel. (3) Cérès annonce à Aréthuse qu’elle doit partir et laisser Proserpine. Aréthuse lui demande de la laisser quitter la Sicile car elle craint de céder aux avances du fleuve Alphée. Cérès refuse et engage Aréthuse à céder à Alphée. (4) Aréthuse restée seule craint de ne pouvoir résister à l’amour qu’elle sent pour Alphée, mais, le voyant arriver, essaie de fuir. (5) Alphée l’arrête et lui annonce qu’il a décidé de renoncer à elle et que son amour se porte vers Proserpine. (6) En présence d’une troupe de divinités et de peuples de Sicile, de quatorze nymphes chantantes, de six divinités des bois chantantes, de six divinités des eaux chantantes, de six habitants de Sicile chantants, d’un conducteur de la fête dansant, de six habitants de Sicile dansants, Proserpine annonce avec tristesse le départ de Cérès. (7) Cérès part sur son char tiré par des dragons ailés ; elle demande que l’on chante et que l’on prenne soin de Proserpine pendant son absence. (8) Le choeur célèbre la victoire de Jupiter. Danses autour d’un trophée en son honneur, formé des restes des armes des géants vaincus. Sur la fin de la fête, on entend un tremblement de terre qui fait tomber une partie du palais de Cérès. Effrayée, Proserpine appelle Jupiter au secours contre le chef des géants. Le tonnerre tombe sur le mont Etna, au loin. Le chef des géants, qui s’efforçait de se relever, retombe, achevé.

Acte II

Les jardins de Cérès(1) Alphée confie à Crinise qu’il ne peut renoncer à Aréthuse. (2) Ascalaphe, venu des Enfers, aannonce à Alphée qu’il s’est épris d’Aréthuse, et qu’il saura, mieux que lui, s’en faire aimer. (3) Alphée est saisi par la jalousie. (4) Alphée annonce à Aréthuse qu’Ascalaphe la cherche. Aréthuse feint de croire qu’Alphée est réellement épris de Proserpine. (5) Ascalaphe avoue à Aréthuse qu’il l’aime sans espoir, mais qu’il en guérira facilement. Il annonce la venue de Pluton. (6) Pluton revient sur l’attaque des géants, puis demande à voir Proserpine. Aréthuse lui répond que celle-ci fuit l’amour. (7) Proserpine raconte à Ascalaphe qu’il a rencontré Proserpine et qu’il en est tombé amoureux. (8) Proserpine et sa suite – quatorze nymphes chantantes et huit nymphes dansantes – chantent les beaux jours et la paix, observés par Pluton et Ascalaphe cachés. Proserpine et Cyané cueillent des fleurs en prévision du retour de Cérès. (9) Pluton appelle une troupe de divinités infernales qui sort de la terre, et le char de Pluton paraît en même temps. Proserpine est effrayée, Pluton essaye de la rassurer. L’ écharpe de Proserpine demeure dans les mains de Cyané, tandis que Pluton fait placer Proserpine près de lui sur son char.

Acte III

Le mont Etna vomissant des flammes, et les lieux d’ alentour(1) Alphée, Aréthuse, Crinise, une troupe de nymphes, une troupe de dieux des bois appellent en vain Proserpine. (2) Aréthuse se reproche de ne pas s’être méfié de Pluton. Elle décide de descendre aux Enfers pour se plaindre, et Alphée insiste pour le suivre. (3) Cérès arrive alors qu’Aréthuse et Alphée sont déjà descendus aux Enfers. (4) Cérès se réjouit de revoir sa fille, mais ne comprend pas l’attitude des nymphes. (5) Cérès interroge les nymphes. (6) Cyané raconte que Proserpine a été enlevée mais perd la voix au moment de désigner le responsable. (7) Cérès se lamente et se demande qui elle doit accuser. (8) Les suivants de Cérès rompent les arbres et en prennent des branches et en font des flambeaux qu’ils allument au feu qui sort du mont Etna. Ils en brûlent les blés, malgré les efforts et les cris des nymphes, des dieux champêtres, et des peuples. Cérès laisse éclater sa colère, et reste insensible aux lamentations du choeur.

Acte IV

Les Champs Elysées(1) Un choeur des Ombres heureuses chantent leur vie bienheureuse. (2) Ascalaphe interrompt les Ombres heureuses, et se lamente sur sa liberté perdue. Ascalaphe et les Ombres lui conseillent de rendre son amour à Pluton. (3) Aréthuse et Alphée rejoignent Proserpine. Ils essayent d’adoucir le sort de Proserpine. Ascalaphe indique à Proserpine qu’après avoir mangé un fruit des Enfers, elle ne pourra plus en sortir. Proserpine lui reproche de lui avoir montré ce fruit, et le maudit. Ascalaphe se transforme en hibou, et s’ envole. (4) Proserpine demande à Pluton de la laisser partir. Pluton vante le séjour aux Enfers et espère que Proserpine l’acceptera. Pluton proteste de son amour, Proserpine de sa douleur. (5) Pluton demande à tous ses sujets – les divinités infernales, les trois juges des Enfers, de rendre hommage à leur nouvelle reine. Les ombres heureuses et les divinités infernales rendent hommage à Proserpine, et lui apportent de riches présents ; elles témoignent leur joie par leurs danses et par leurs chansons.

Acte V

Le palais de Pluton(1) Pluton se plaint que Jupiter contrecarre son amour, et demande le retour de Proserpine. Le choeur et les trois juges lui conseillent de garder Proserpine, et de libérer les géants. Un endroit solitaire(2) Cérès se livre au désespoir. (3) Cérès entend des voix infernales qui annoncent que la nature et l’univers vont périr. (4) Alphée et Aréthuse sortent des enfers et annoncent à Cérès que Proserpine est retenue par Pluton qui l’aime. Ils essaient de raisonner Cérès. Cérès invoque Jupiter en rappelant que Proserpine est sa fille. (5) Mercure descend du ciel pour annoncer la décision des dieux : Proserpine partagera son temps entre Pluton et Cérès. Jupiter paraît accompagné des divinités célestes. Pluton et Proserpine sortent des enfers assis sur un trône, ou Cérès va prendre place prés de sa fille. Une troupe de divinités infernales richement parées, accompagnent Pluton. Et une troupe de divinités de la terre viennent prendre part à la joie de Cérès, et à la gloire de Proserpine. (6) Jupiter apparaît qui confirme la sentence. Les divinités célestes, terrestres et infernales témoignent par leurs chants et par leurs danses la joie qu’ ils ont de voir l’intelligence rétablie entre les plus grands dieux du monde, par le mariage de Pluton et de Proserpine. « La tragédie en musique de Lully, sur un livret de Quinault, créée devant Louis XIV dans son château de Saint-Germain-en-Laye le 3 février 1680, obéit à de multiples modèles. Mettant en scène divers personnages mythologiques – Jupiter, Pluton, Cérès, Proserpine, Mercure, Alphée, Aréthuse –, elle propose au public imprégné de culture antique une lecture réactualisée de ses références classiques. D’un autre côté, le genre de la tragédie en musique se présente comme un double complémentaire de la tragédie déclamée qui règne au même moment à la Comédie française. Cependant, le moule des cinq actes est gonflé à craquer de tout le spectaculaire que la tragédie ascétique de Racine se refuse : une décoration merveilleuse due à Jean Bérain mettant sous les yeux des spectateurs une éruption de l’Etna, l’embrasement des moissons, les délicieux champs Élysées, la gloire des divinités de l’Olympe et des Enfers, des dieux et déesses volant sur leurs chars, des métamorphoses de personnages en ruisseau ou en hibou, les danses des nymphes ou des Ombres heureuses… Le cadre de la tragédie accueille donc bien des références au genre fantaisiste et éminemment visuel du ballet de cour, où Louis XIV brilla comme danseur avant de s’installer dans le rôle du spectateur principal de l’oeuvre lyrique. Quant à la musique, les choeurs opulents et dramatiques, l’orchestre colorant chaque acte par les trompette guerrières, les hautbois pastoraux ou les flûtes élégiaques, confèrent une évidente magnificence au spectacle. Un dernier modèle est à l’oeuvre dans Proserpine, et non des moindres pour les spectateurs avertis de l’époque, comme la marquise de Sévigné : l’oeuvre peut se lire comme une représentation de la puissance politique de Louis XIV (le roi victorieux sous les traits de Jupiter foudroyant les Géants, la paix de Nimègue) mais aussi de ses amours : sous les traits de Cérès implorant son royal amant de se souvenir de sa fille, l’allusion à madame de Montespan semblait transparente. Nourrie de modèles classiques, cette tragédie en musique tend donc à devenir à son tour la représentation de ce que le Roi Soleil veut donner à voir de son règne. » (Cité de la Musique) Livret disponible sur livretsbaroques.fr

Représentations :

Versailles – Théâtre Montansier – 24 septembre 2006 – Les Noces de Pluton et de Proserpine – parodie pour marionnettes, comédiens et chanteurs – restitution de Jean-luc Impe et François Saint-Yves – Le Concert Spirituel – dir. Hervé Niquet – Les Menus-Plaisirs du Roy – metteur en scène Jean-Luc Impe – costumes Dominique Louis-Kashanian – décors Daniel Elaerts – avec Mathilde Étienne, Aréthuse (dessus), Patricia Gonzalez, dessus (Proserpine), Jean-Daniel Senesi, taille (Alphée), Geoffroy Buffière, basse-taille (Pluton, Ascalaphe, Mercure)

Cité de la Musiquedossier pédagogique

Versailles – Manège de la Grande Ecurie – 22 septembre 2006 – version de concert – Le Concert Spirituel – dir. Hervé Niquet – avec Salomé Haller, dessus (Proserpine), Stéphanie d’Oustrac (Cérès), Blandine Staskiewicz, dessus (Aréthuse), Cyril Auvity, haute-contre (Alphée), François-Nicolas Geslot, haute-contre (Mercure), Joao Fernandez, basse-taille (Pluton), Benoît Arnould, basse-taille (Ascalaphe)

Cité de la Musique – 5 mars 2006 – en version de concert – Le Concert Spirituel – dir. Hervé Niquet – avec Magali Léger, dessus (Proserpine), Stéphanie d’Oustrac, dessus (Cérès), Blandine Staskiewicz (Aréthuse), Cyril Auvity, haute-contre (Alphée), François-Nicolas Geslot, haute-contre (Mercure), Joao Fernandez, basse-taille (Pluton), Benoît Arnould, basse-taille (Ascalaphe)

Res MusicaLes Dieux de l’Olympe à la Cité de la Musique « Il fallait une bonne dose de courage et un brin de folie pour faire revivre sur la scène nue de la salle des concerts de la Cité de la Musique, dans son acoustique sèche et son sobre décor, une tragédie lyrique de Lully qui ne s’entendait pas, à l’époque de Louis XIV, sans le faste des costumes, le merveilleux des machines et le spectaculaire des entrées de ballet : Un exemple d’art total donc privé ce soir de ses attraits les plus charmants ! Reste la musique de Lully servie par le chœur et l’orchestre du Concert Spirituel, rompu à l’esthétique baroque française grâce au travail et à la qualité de leur chef Hervé Niquet qui relève le défi et nous transporte dans l’Olympe pour nous faire partager, plus de deux heures durant, le divertissement des dieux. Pas de surtitres pour cette version de concert, mais un livret distribué à chaque auditeur permettant d’apprécier à sa juste valeur les qualités littéraires du collaborateur fidèle de Lully, Philippe Quinault qui contribua, autant que le musicien, à hausser ce genre lyrique à la hauteur de la tragédie classique. Débutant sans prologue après une Ouverture à la française un peu confidentielle mais fort bien menée par Hervé Niquet, l’action nous plonge dans l’univers mythologique où Cérès voit sa fille Proserpine, enlevée par Pluton, céder aux charmes de la divinité infernale dont elle devient l’épouse fidèle que l’on sait. S’il fallut un certain temps – les deux premiers actes – pour s’immerger dans l’action au rythme quelque peu précipité par la direction d’Hervé Niquet, l’investissement des chanteurs – un excellent plateau – et la participation active du chœur dans le déroulement des événements parvinrent à captiver l’écoute et à donner une véritable dimension dramatique à cette version de concert. Dominant la scène – c’est à elle que Lully réserve les plus belles pages de l’ouvrage – Stéphanie d’Oustrac donne une épaisseur tragique au personnage de Cérès et nous émeut profondément dans son rôle de mère éplorée. Avec moins de constance mais de beaux accents expressifs, Magali Léger donne au personnage de Proserpine jeunesse et fragilité ; très émouvant également fut le duo d’Aréthuse et d’Alphée – superbes Blandine Staskiewicz et Cyril Auvity – cherchant Proserpine aux enfers. Joao Fernandez est une magnifique basse « infernale » dont la voix semble aussi flexible que son cœur. Renouvelant sans cesse les couleurs de son orchestre dont on apprécie la justesse et la suavité des timbres, Hervé Niquet fait résonner de belles « sinfonie » enrichies pour finir de timbales et trompettes naturelles. Deux guitares, dans le quatrième acte, viennent se joindre au continuo pour charmer les oreilles de Cérès dans le Chœur des ombres heureuses. Saluons pour finir l’excellence du chœur, ce personnage à part entière qui, comme dans la tragédie antique, commente l’action, prolonge les accents dramatiques et crée parfois « l’illusion acoustique » comme dans ce passage en écho du quatrième acte où il appelle Proserpine et nous laisse deviner les profondeurs abyssales des Enfers. »Cité de la Musique – 4, 5 mars 2006 – Les Noces de Pluton et de Proserpine – parodie pour marionnettes, comédiens et chanteurs de la Foire St Germain – restitution de Jean-luc Impe et François Saint-Yves – Le Concert Spirituel – dir. Hervé Niquet – Les Menus-Plaisirs du Roy – metteur en scène Jean-Luc Impe – costumes Dominique Louis-Kashanian – décors Daniel Elaerts – avec Elisa Doughty (Aréthuse) Patricia Gonzalez (Proserpine), Jean-Daniel Senesi (Alphée, Mercure), Geoffroy Buffière (Pluton, Ascalaphe) « Dans les Foires saisonnières qui se tenaient à Paris au début du XVIIIe siècle, près de Saint-Germain en hiver, près de Saint-Laurent à la fin de l’été, les spectacles voisinaient avec les étalages des marchands les plus divers et profitaient de l’afflux des chalands. C’est là que l’Opéra-Comique est né, mettant en scène Arlequin et les personnages de la commedia dell’arte. Comme il faisait de l’ombrage aux grands théâtres privilégiés, l’Académie royale de musique, qui donnait des opéras, et la Comédie française, temple du théâtre parlé, la première voulut lui interdire la musique, la seconde la parole. Pour tourner les interdictions, les forains inventèrent les pièces en vaudeville, utilisant des airs connus pour broder de nouveaux couplets qui, cousus les uns avec les autres, devenaient des pièces pleines de sous-entendus comiques. Parmi les genres en usage dans ces théâtres saisonniers, la parodie est une valeur sûre : dès qu’une pièce de théâtre est jouée par la Comédie française, ou un opéra par la troupe de l’Académie royale, les auteurs de l’Opéra-Comique en proposent une caricature que le public goûte d’autant mieux qu’il va alternativement aux deux spectacles. Certains s’en offusquent, surtout les Comédiens français dont les forains singent les habitudes, d’autres s’en accommodent – notamment à l’Opéra – car l’apparition d’une parodie était le signe d’un certain succès pour l’original. L’Académie royale de musique poussa l’absence de rancune jusqu’à accueillir la troupe de l’Opéra-Comique, en mars 1727, sur son propre plateau, les forains ayant momentanément perdu leur théâtre. C’est donc sur la même scène que le public pouvait voir successivement la monumentale tragédie en musique de Quinault et Lully, honorable vestige de l’époque de Louis XIV, et la petite pochade qu’est la parodie imaginée par trois auteurs prolifiques des théâtres de la Foire, Fuzelier, Le Sage et d’Orneval.Peut-être est-ce la raison pour laquelle Les Noces de Pluton et de Proserpine n’égratignent qu’assez peu le spectacle original : au lieu de démarquer scène à scène la pièce pour mieux s’en moquer, les auteurs ont choisi de placer l’intrigue dans les champs Élysées (décor de l’acte IV de Lully) : Pluton cherche à amadouer Proserpine qu’il vient d’enlever pour en faire la reine des Enfers. Elle lui résiste pour la forme. Tous deux doivent attendre la décision de Jupiter. Entre-temps, Proserpine voit défiler une troupe bigarrée de nouveaux arrivants dans le royaume des morts, qui lui donnent des nouvelles de la vie parisienne : Pirame parlant de ses succès à l’Opéra, Alceste et Admète chassés de la Foire, un colporteur vendant ses almanachs, un berger, une procureuse, un musicien, un poète se succèdent avant que Mercure n’annonce le verdict de Jupiter, statuant que Proserpine se divise « par semestre » entre son époux Pluton et sa mère Cérès. Peut-être cette galerie de portraits montre-t-elle néanmoins une certaine faille dans l’intrigue de l’opéra de Lully, assez simple dans le fond et enrichie d’épisodes spectaculaires pour mieux remplir les cinq actes canoniques de la tragédie en musique. » (Cité de la Musique)