COMPOSITEUR | Jean-Baptiste LULLY |
LIBRETTISTE | Molière |
Sept entrées (LWV 46) pour la comédie de Molière, représentée à Saint Germain-en-Laye, le 2 décembre 1671, devant le Roi, dans le cadre du Ballet des Ballets, spectacle décidé par le roi pour célébrer le second mariage de Monsieur avec Elisabeth-Charlotte de Bavière, dite la Palatine.
Daans l’Avant-Propos de l’édition du livret par Robert Ballard, il est précisé qu’il fut composé de tout ce que le théâtre peut avoir de plus beau. Et pour répondre à cette idée, Sa Majesté a choisi tous les plus beaux endroits des Divertissements qqui se sont représentés devant elle depuis plusieurs années ; et ordonné à Molière de faire une Comédie qui enchaînait tous ces beaux morceaux de musique et de danse, afin que ce pompeux et magnifique assemblage de tant de choses différentes, puisse fournir le plus beau spectacle qui se soit encore vue pour la salle et le théâtre de St Germain en Laye.
La pièce de Molière était destinée à enchaîner les extraits des meilleurs divertissements représentés en la présence du roi depuis plusieurs années, dans une mise en scène de Carlo Vigarani : finale de George Dandin, scène de l’Egyptiennes tirée de la Pastorale comique, cérémonie turque du Bourgeois Gentilhomme, extraits de Psyché : Plainte italienne, extraits du Second et du Quatrième Intermèdes, et intégralité du Dernier Intermède, apothéose finale et grandiose.
Les comédiens de Molière quittèrent Paris le 27 novembre, et n’eurent qu’une semaine de répétitions avant la représentation du 2 décembre, à laquelle assistèrent Monsieur et sa nouvelle épouse. Il y eut deux autres représentations les 4 et 6 décembre, puis quatre autres, les 10, 14, 17 et 21 février 1672, avec le concours des Comédiens italiens. La maladie de Marie-Thérèse (*), la « Petite Madame, fille du roi », interrompit les représentations qui étaient prévues pour se poursuivre jusqu’au carême.
(*) Marie-Thérèse, troisième fille de Marie-Thérèse d’Autriche et de Louis XIV, était née le 2 janvier 1667. Destinée au trône d’Espagne, elle mourut d’une maladie infantile, le 1er mars 1672, et fut beaucoup pleurée par le Roi.
Le 20 février 1672, Robinet saluait :
... c’est un compilé
De qui l’on est émerveillé
Ou, s’il faut qu’ainsi je le die,
Une somptueuse rhapsodie,
Qui, par ses lambeaux bien connus,
Vaut incomparablement plus
Que les plus superbes spectacles
Fussent-ils remplis de miracles.
Molière reprit La Comtesse d’Escarbagnas au Palais Royal, à partir du 8 juillet 1672, sans la musique de Lully. La pastorale fut remplacée par le Mariage forcé, avec des intermèdes composés par Marc Antoine Charpentier.
La Comtesse d’Escarbagnas connut un vif succès, puisque que la troupe en donna 18 représentations, et qu’elle fut reprise 580 fois jusqu’à la Révolution. Elle ne fut toutefois éditée qu’en 1682, édition posthume par La Grange et Vivot.
Com. de Moliere, en un Ac. en pro. représentée devant le Roi à Saint-Germain-en-Laye, au mois de Fév. 1672, & donnée au Public sur le Thé. du Palais Royal, le 8 Juillet suivant. C’est une farce, mais toute de caracteres, qui est une peinture naïve, peut-être en quelques endroits trop simple, des ridicules de la Province. Bien des gens de goût se recrierent contr’elle ; mais le peuple, pour qui Moliere l’avoit faite, la vit en foule & avec plaisir. On la trouve dans le huitieme vol. de ses OEuvres. Le rôle de la Comtesse d’Escarbagnas, étoit rempli par Hubert, Acteur si excellent pour ces sortes de caracteres de femmes, que les rôles de Mme Pernelle, de Mme Jourdan, de Mme de Sotenville & celui-ci, furent faits exprès pour lui par Moliere, à ce que l’on prétend. (de Léris – Dictionnaire des Théâtres)
Synopsis
Prologue (extrait des Amants magnifiques)
Une vaste mer bordée de chaque côté de sept grand Rochers, avec huit Fleuves (Beaumont, Fernon l’aîné, Rebel, Serignan, david, Aurat, Devellois, Gillet). Autour, treizeTritons (Bony, de la Grille, le Gros, Hedouin, Gaye, Donc, Gingan l’aîné, Gingan le cadet, Fernon le cadet, Deschamps, Morel, Langez, le Maire, Bernard, Perchot, Oudot) et, au milieu de la mer, quatre Amours (Jannot, Renier, Pierot, Oudot) montés sur des Dauphins, avec le Dieu Éole (d’Estival) élevé au dessus d’eux sur un petit nuage. Éole commande aux Vents de se retirer (Récit d’Éole). La mer se calme, et du milieu des ondes on voit s’élever un Île. Huit Pêcheurs (Beauchamp, d’Eydieu, Chicanneau, Lestang, Mayeux, Favier, Isaac, Saint-André le cadet) sortent du fond de la mer avec des nacres de perles et des branches de corail. Puis Neptune (Saint-André) paraît au milieu des ondes, accompagné de six Dieux marins. Il danse avec sa Suite, accompagné des Pêcheurs, des Tritons et des Fleuves.
Prologue de Vénus (extrait de Psyché)
Flore (Mlle Hilaire) est suivie de ses Nymphes (Langez, Gingan le cadet, Gillet, Oudot, Jannot), accompagnée de Vertumne (de la Grille), dieu des Arbres et des Fruits, et de Palémon (Gaye), dieu des Eaux, menant une Suite de Dieux marins (Beaumont, Ferenon l’aîné, Rebel, Serignan, David, Devellois, Aurat, Gillet) et de Sylvains (Bony, le Gros, Hedouin, Donc, Gingan l’aîné, Fernon le cadet, Morel, Deschamps, Morel, le Maire, Bernard, Perchot). Vénus (Mlle de Brie) descend du ciel, avec six petits Amours de chaque côté, qui s’envolent dans les airs. Le ciel se ferme, et la scène se tranforme en un bocage. Flore invite Vénus à achever de ses douceurs la Paix dont la Terre a commencé de goûter grâce au plus grand Roi du monde (Récit de Flore). Vertumne et Palemon appellent les plus réticents à céder à l’Amour (Dialogue de Vertumne et Palemon). danse des Sylvains (Beauchamp, d’Eydieu, Chicanneau, Mayeux, Favier, de Lestang, Isaac, Saint-André le cadet) et des Divinités marines (Magny, Favre, Favier le cadet, Joubert, Foignard l’aîné, Foignard le cadet). Flore répond en chantant un menuet (Mlle Hilaire) appelant au temps des plaisirs (Menuet de Flore : Est-on sage dans le bel âge…), accompagnée des danses des Divinités.
La Comédie
Personnages : Le Vicomte (la Grange), la Comtesse (Mlle Marotte), la Suivante (Bonneau), le petit Comte (Gaudon), le Précepteur deu petit Comte (Beauval), le Laquais (Finet), la Marquise (Mlle Beauval), le Conseiller (Hubert), le Receveur des tailles (du Croisy), le Laquais du Conseiller (Boulonnois)
La Pastorale (*)
Personnages : La Nymphe (Mlle de Brie), la Bergère en homme et la Bergère en femme (Armande Molière), l’Amant Berger (Baron), Premier Pâtre (Molière), Second Pâtre (de la Thorillière), le Turc (Molière)
(*) le texte de la pastorale n’a pas été conservé
Premier Intermède
Extrait de Psyché
La plainte en italien (Mlle Hilaire, Morel, Langeais). Entrée de huit Furies et de Lutins faisant des sauts périlleux.
Deuxième Intermède
Extrait de La Pastorale comique
Cérémonie magique de Magiciens chanteurs (le Gros, Gaye, Morel) et de Magiciens (la Pierre, Favier) et de Démons (Dolivet, le Chantre, Saint-André, Dolivet le fils, Saint-André le cadet, Lestang) danseurs.
Troisième Intermède
Extrait de George Dandin
Le combat de l’Amour et de Bacchus. Un jardin de cèdres et de myrtes, avec les musiciens et chanteurs du choeur de l’Amour (Bony, Hebert le Gros, Donc, Beaumont, Fernon le cadet, Rebel, Longueil, Langez, Gillet, Pierrot, Regnier). Au fond apparaissent des Satyres (Estival, Gingan l’aîné), chantants assis sur des tonneaux de vin, tenants des verres et des bouteilles à la main. Le Choeur de Bacchus (Hedouin, Fernon l’aîné, deschamps, Aurat, David, Serignan, Oudot, Morel, Duclos, le Maire, Perchot, Bernard, Pages de la Chapelle) est assis sous une treille. Deux Bergers – Tircis (Gingan le cadet) et Philene (Gaye) – et deux Bergères – Cloris (Mlle Hilaire) et Climene (Mlle Desfronteaux) chantent l’Amour). Les Vingt-quatre Violons du Roy (*) sont complétés par dix flûtes.
(*) Les Vingt-quatre violons étaiet costumés en satyres. Ils bénéficièrent de trente-jours de répétitions, sous la direction de Guillaume Dumanoir.
La Troupe de Bacchus s’oppose à l’hommage rendu à l’Amour et préfèrent sacrifier à Bacchus. S’engage un combat de danseurs et de chantres. Les deux partis finissent par s’accorder pour mêler leurs douceurs aimables.
Quatrième Intermède
Extrait de La Pastorale comique
Les Bohémiens. Une Égyptienne (Noblet) chante et danse, accompagnée de quatre Bohémiens jouant de la guitare (Beauchamp, Chicanneau, de Lorge, la Valée), quatre Biscayens jouant des castagnettes (La Pierre, Saint-André, Magny, Foignard le cadet), et quatre Biscayennes (Bonnard, Joubert, Pezant, Favier le cadet).
Extrait de Psyché
La grotte de Vulcain, avec une forge pour les Cyclopes (la Montagne, le Chantre, Desmatins, Saint-André le cadet, Isaac, et le Roi). Chanson de Vulcain (La Forest).
Cinquième Intermède
Extrait du Bourgeois gentilhomme
La cérémonie turque. Un Bourgeois voulant donner sa fille en mariage au Fils du Grand Turc, est annobli au cours d’une cérémonie. Le Mufti (Chiacheron), assisté de douze Turcs chantants (le Gros, Estival, Faussart, Gingan l’aîné, Hedouin, Rebel, Gillet, Fernon le cadet, Bernard, Deschamps, Langez, Gaye), et six Turcs dansants (Beauchamp, Dolivet, Chicanneau, Foignard le cadet, Bonnard, la Pierre), et quatre Dervis, invoque Mahomet, et propose de donner le turban au Bourgeois.
Sixième Intermède
Extrait du Ballet des Nations du Bourgeois gentilhomme
Les Italiens. Une musicienne (Mlle Hilaire) chante un premier récit. Deux Scaramouches (Beauchamp, Mayeux), Harlequins (la Montagne, Dominique), deux Trivelins (Foignard l’aîné, Foignard le cadet) représentent une nuit à la façon des Comédiens Italiens en cadence. Duo d’un musicien (Gaye) et d’une musicienne (Mlle Hilaire) italiens. Danse des Scaramouches et Trivelins.
Les Espagnols. Espagnols chantants (la Grille, Morel, Gillet), avec trois Espagnols dansants (Dolivet, le Chantre, Joubert), et trois Espagnoles dansants (de Lestang, Bonnard, Isaac).
Septième Intermède
Extrait de Psyché
Une grand décoration céleste. Apollon, accompagné des Muses et des Arts, Bacchus de Silène, des Egypans et des Menades, Mome de la Raillerie, avec une troupe enjouée de Polichinelles et de Matassins, et Mars d’une troupe de guerriers, suivi de timbales, tambours et trompettes. Apollon (Langeais), dieu de l’Harmonie, convie les dieux à se réjouir. Les divinités célestes chantent à la gloire de l’Amour. Bacchus (Gaye) fait entendre qu’il n’est pas si dangereux que l’Amour. Mome (Morel) déclare qu’il n’ose se jouer de l’Amour. Mars (Estival) reconnaît qu’il n’a pu s’empêcher de céder à l’Amour. Choeur des divinités célestes. Entrée de la Suite d’Apollon : les neuf Muses (Mlle Hilaire, Mlle Desfronteaux, Gillet, Oudot, Descouteaux, Piesche, Marchand, Laquaisse cadet, Mercier), les Arts travestis en Bergers dansants (Saint-André, Chicanneau, Magnay, Foignard l’aîné, Foignard cadet, Favre). Chanson d’Apollon (Langeais). Chanson des Muses (Mlles Hilaire, Desfronteaux). Entrée de la Suite de Bacchus (le Gros, la Grille, Gingan l’aîné, Bernard, la Forest, Regnier, Jeannot), violons, bassons, hautbois. Danse des Egypans (Dolivet, le Chantre, Saint-André cadet, Isaac) et des Menades (Dolivet fils, Bretau, Joubert, Dufort). Chanson de Bacchus (Gaye). Chanson de Silene (Gingan cadet). Trio de Silene et deux Satyres (Gingan cadet, Bernard). Entrée de la Suite de Mome (Beaumont, Fernon l’aîné, Ferenon cadet, Gingan cadet, Deschamps, Autat, la Montagne, Pierrot), violons, bassons, hautbois. Chanson de Mome (Morel). Entrée de la Suite de Mars (Bony, Hedouin, Serignan, le Maire, Desvelois, David, Perchot), violons, flûtes, timbales, trompettes. Chanson de Mars (d’Estival). Les troupes s’unissent pour une entrée finale.
Deux amants, le Vicomte et Julie, sont empêchés de se rencontrer par la brouille de leurs familles. Le Vicomte feint d’être amoureux d’une perruche provinciale, la Comtesse d’Escarbagnas, pour qui il amonté un divertissement. Il pourra ainsi retrouver Julie à cette occasion. La Comtesse a d’autres prétendants, parmi lesquels Monsieur Tibaudier, conseiller, qui lui envoie des poires et des poèmes ridicules, et Monsieur Harpin, receveur des tailles, qui la couvre de cadeaux pour ensuite le lui reprocher. Un billet vient apprendre aux deux amoureux que leurs parents se sont réconciliés. Le divertissement prévu chez la Comtesse peut avoir lieu dans la sérénité.