La Princesse d’Elide

COMPOSITEUR Jean-Baptiste LULLY
LIBRETTISTE Molière

    

Comédie galante (LWV 22), mêlée de musique et d’entrées de ballet, sur un texte de Molière d’après Rebut pour rebut (ou Dédain pour dédain), pièce du poète espagnol Augustin Moreto.

Elle fut représentée à Versailles, le 8 mai 1664, lors de la seconde journée des Plaisirs de l’Ile Enchantée, avec six intermèdes : Récit de l’Aurore, Valets de chiens et musiciens (1), Moron, Un ours et Moron (2), Philis, Moron, un Satyre (3), Moron, Philis et Tircis (4), Climène et Philis (5), Choeur de pasteur et de bergers et bergères, avec Mlles de La Barre et Hilaire en bergères (6).

Le théâtre avait été dressé en plein air, avec un décor naturel, s’ouvrant sur la perspective du parc. On joua de nuit, et un dais de toile avait été tendu pour défendre les flambeaux et bougies du vent.

Armande Béjart tenait le rôle de la Princesse, Molière celui de Moron, le bouffon de la princesse. Mlle du Parc jouait Aglante, Mlle de Brie Cynthie, Madeleine Béjart Philis, Hubert Iphitas, La Grange Euryale, du Croisy Aristomène, Béjart Théocle, La Thorillière Arbate, Prévost un Suivant.

Reprise au Palais Royal pour vingt-cinq représentations, du 4 novembre 1664 au 4 janvier 1665.

Reprise à Saint-Germain-en-Laye, les 25 et 31 août 1669, avec de nouvelles entrées de ballet.

 Pressé par le temps, Molière ne put versifier que le premier acte, la prose intervenant dès le milieu de la première scène de l’acte II.

Dans La Princesse d’Élide, le chant est introduit dans le dialogue même, et non plus en divertissement.

Costume de la Princessed 'Élide

Le livret fut édité en 1669 par Robert Ballard.

La Princesse d'Élide - édition 1669

Selon de Léris, une reprise eut lieu en février 1722, avec une musique d’un comédien nommé Quinault (*) pour les quatrièmes et cinquièmes intermèdes.

(*) vraisemblablement Jean-Baptiste-Maurice Quinault (1689-1745), dit Quinault l’aîné, acteur comique et musicien, auteur de la partition des Amours des déesses.

Une reprise eut lieu le 28 février 1729, suivi de Cariselli.

Le 27 décembre 1756, la comédie parut à nouveau, entièrement versifiée par un poète anonyme, dont le travail fut peu goûté.

Com. de Moliere, tirée d’une pièce d’Augustin Moreto, Poëte Espagnol, intitulée Rebut pour Rebut. Cette Com. Ball. se trouve dans le second vol. des OEuv. de Moliere, & fut représentée dans la grande fête connue sous le titre des PLAISIRS DE L’ISLE ENCHANTEE, que Louis XIV. donna aux Reines & à toute la Cour, le 7 Mai 1664. Des cinq Actes qui la composent, il n’y a que le premier & la première scène du second qui soient en vers ; le reste est en pro. qui le ressent des ordres pressans que Moliere recevoit de Sa Majesté ; cependant cette pièce fut généralement applaudie, & réussit même assez à Paris lorsqu’elle y fut représentée sur le Thé. du Palais Royal, le 9 Novemb. de la même année. A une reprise qui en fut faite au mois de Fév. 1722, Quinault, Comédien, fit la musiq. du quatrieme & du cinquieme Interm. laquelle fut goûtée, quoiqu’à côté de celle de Lully, de qui étoient les chants & la symphonie des autres Inter. & dans une autre reprise faite le 27 Décemb. 1756, cette Comédie parut toute en vers, un anonyme ayant assez mal rimé la prose de Moliere. (de Léris – Dictionnaire des Théâtres)

 

 

Personnages de la comédie : la Princesse d’Élide, Aglante et Cynthie, ses cousines, Philis, sa suivante, Iphitas, son père, Euryale, prince d’Ithaque, Arbate, son gouverneur, Aristomène prince de Messène, Théocle, prince de Pyle, Moron, plaisant de la Princesse

 

Synopsis

Premier intermède

Sc. 1 – Récit de l’Aurore (Mlle Hilaire) – L’Aurore vante les mérites de l’amour (Rien n’est si beau que d’aimer)

Sc. 2 – Valet de chiens et musiciens. Quatre valets couchés dans l’herbe. Trois d’entre eux, chantants (D’Estival, Don et Blondel) se réveillent avec l’Aurore, et ont le plus grand mal à décider le quatrième, Lyciscas (joué par Molière), à se préparer pour la chasse. Lysiscas finit par se lever. On entend des cors et trompes de chasse. Ballet des valets de chiens (Beauchamp, S. André, Chicanneau, Favier, Pasan, L’Estang, Joubert et Noblet).

Acte I

(1) Euryale confie à Arbate qu’il aime la Princesse d’Elide, réputée pour n’aimer que la chasse et les forêts, et qu’il a confié à Moron, son « plaisant » pour le lui faire savoir. (2) Moron (joué par Molière), encore tout au souvenir du furieux sanglier auquel il vient d’échapper, les rencontre et avoue à Euryale qu’il n’a encore rien fait auprès de la Princesse. (3) La Princesse arrive à son tour, entourée de ses soupirants Aristomène et Théocle qui se vantent de l’avoir sauvée d’un sanglier qui l’attaquait. (4) Euryale, qui a entendu leur conversation, décide de changer de méthode pour gagner le coeur de la Princesse.

Deuxième intermède

Sc. 1 – Resté seul, Moron (Molière, avec sa voix de basse-taille) chante les mérites de Philis, l’objet de son coeur. Il joue avec l’écho qui renvoit son nom.

Sc. 2 – La venue d’un ours interrompt. Moron. Celui-ci prend peur et se réfugie sur un arbre, appelant au secours. Alertés, des chasseurs interviennent et tuent l’ours. Moron redescend et fait le fanfaron en donnant des coups à l’ours mort. Ballet des chasseurs.

Acte II

(1) Les cousines de la Princesse s’étonnent que celle-ci ne veuille pas assister aux courses de chars et méprise l’amour. La Princesse repousse touts leurs arguments. (2) Moron survient et avoue que lui aussi a été touché par l’amour (*). (3) On annonce l’arrivée d’Iphitas et des trois princes. (4) La princesse prend les devants en assurant son père de son obéissance et de son refus de se marier. Iphitas prend acte avec regret, mais invite sa fille à asister aux courses par déférence pour les invités. Les deux princes Aristomène et Théocle sont empressés auprès de la princesse ; Euryale, au contraire joue le détachement. La Princesse en est vexée.

(*) à partir de cette scène, la comédie est restée écrite en prose

Troisième intermède

Sc. 1 – Moron fait une scène de jalousie à Philis à propos de Tircis. Celle-ci accepte de rester à condition que Moron se taise. Celui-ci est incapable de se taire ; Philis le quitte. Moron regrette de ne savoir chanter pour la retenir.

Sc. 2 – Survient un Satyre chantant (D’Estival). Moron lui demande de lui apprendre à chanter. Le Satyre chante une chanson (Je portais dans une cage), puis, à la demande de Moron, une seconde (Dans vos chants si doux). Moron essaye de chanter à son tour, mais ne fait que mettre le Satyre en colère. Entrée des violons.

Acte III

(1) Le prince d’Ithaque a remporté la course. La Princesse de son côté a déployé ses charmes en chantant et dansant, mais doute d’avoir éveillé son intérêt. (2) Euryale exprime à Moron son enthousiasme à propos de la Princesse, mais Moron lui conseille de continuer à feindre l’indifférence. (3) La Princesse se plaint à Moron de l’attitude d’Euryale à son égard. (4) Survient ce dernier qui confirme à la Princesse son désir de ne pas aimer et de ne pas être aimé, et la quitte. (5) La Princesse demande à Moron de l’aider à éveiller l’amour d’Euryale.

Quatrième intermède

Sc. 1 – Philis demande à Tircis de chanter pour elle. Tircis se lamente de pouvoir toucher son oreille sans toucher son coeur.

Sc. 2 – Moron les surprend. Philis le menace et insiste pour laisser chanter Tircis (Arbres épais, et vous, prés émaillés). Moron veut chanter à son tour (Ton extrème rigueur). Philis le taquine en souhaitant qu’un amant puisse mourir pour elle. Moron la prend au mot et fait semblant de se planter un poignard dans le coeur.

Acte IV

(1) La Princesse, pour provoquer une réaction d’Euryale, lui confie qu’elle aime le prince de Messène. Euryale se trouble, puis rétorque que lui-même a l’intention de demander en mariage Aglante, cousine de la Princesse. (2) La Princesse est confonue par cette révélation. (3) Elle annonce à Aglante qu’Euryale l’aime, et lui demande de ne pas accepter sa demande en mariage. (4) Aristomène, à qui Euryale a dévoilé l’aveu de la Princesse, vient la remercier de l’avoir choisi. La Princesse s’empresse de l’éconduire. (5) La Princesse s’emporte contre Moron qui a osé avancer qu’elle est éprise d’Euryale. (6) Restée seule, la Princesse s’interroge sur ses sentiments, et demande que l’on chante pour apaiser ses tourments.

Cinquième intermède

Clymène et Philis s’interrogent sur l’amour, et concluent qu’aimer est la meilleure façon d’obtenir la réponse.

Acte V

(1) Iphitas se félicite du stratagème d’Euryale pour amener la Princesse à avouer son amour. (2) La Princesse vient supplier son père de s’opposer au mariage d’Euryale et Aglante. Iphitas répond en lui proposant d’épouser elle-même Euryale. Celui-ci avoue à la Princesse le stratagème qu’il a utilisé. Pour la forme, la Princesse demande à réfléchir. (3) Iphitas propose à Aristomène et Théocle d’épouser les cousines de la Princesse. (4) On annonce que des réjouissances sont organisées pour fêter le prochain mariage de la Princesse.

Sixième intermède

Quatre bergers et deux bergères (Mlle de la Barre et Mlle Hilaire) chantent une chanson à danser (Usez mieux, ô beautés fières). Pendant qu’ils chantent, un grand arbre surgit, chargé de seize Faunes jouant de la flûte et du violon. Trente violons leur répondent avec six clavecinistes (d’Anglebert, Richard, Itier) et théorbistes (Pierre La Barre dit le cadet, Tissu et Le Moine).

 

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