COMPOSITEUR | Jean-Baptiste LULLY |
LIBRETTISTE | Molière et Quinault |
DATE | DIRECTION | EDITEUR | NOMBRE | LANGUE | FICHE DETAILLEE |
2004 | Hugo Reyne | Accord | 2 | français |
Pastorale (LWV 47) en trois actes et un prologue, sur des textes (*) de Molière et Philippe Quinault (3 juin 1635 – 26 novembre 1688), avec des décors de Carlo Vigarani (1625 – 1713) et des ballets de Desbrosses (**). Il s’agit en fait d’un pot-pourri rassemblant des extraits de diverses pièces : Le Bourgeois gentilhomme, Les Amants magnifiques, La Pastorale comique, ainsi que des ballets de la Fête de Versailles de 1668.
(*) Le président de Périgny et Bensérade auraient aussi participé au livret pour quelques scènes nouvelles
(**) Antoine Desbrosses (? – 27 décembre 1700), danseur et chorégraphe, premier directeur de l’Académie royale de Danse en 1661. A partir de 1682, il voyage en Europe avec son fils, avant d’être engagé comme maître de ballet de la troupe d’Amsterdam, en 1688, puis celle de La Haye, en 1700. Il meurt peu après à Bruxelles.
La représentation eut lieu pour l’inauguration de la nouvelle Académie royale de musique, dans la salle du Jeu de Paume de Béquet, ou de Bel-Air, rue de Vaugirard, le 11, le 13 ou le 15 novembre 1672.
Le 12 août, Lully avait signé le bail de la salle, et, le 23 août, s’était associé avec Carlo Vigarani pour son aménagement. Il avait par ailleurs recruté les chanteurs de Cambert.
Monsieur, frère du roi, assista à la représentation du 13 février 1673, au cours de laquelle M. le Grand, duc de Monmouth, le marquis de Villeroy, le marquis de Rassan dansèrent avec quatre danseurs professionnels.
Dans le prologue, Polymnie, Melpomène et Euterpe rendent hommage au roi. Le livret met en scène deux couples de bergers, Caliste et Tircis d’une part, Damon et Climène d’autre part.
L’œuvre, agrémentée des effets de machines de Carlo Vigarani et des ballets de De Brosses eut un vif succès, et on compta six reprises de 1672 à 1738 :
à Versailles, le 28 juillet 1674, dans le cadre des Divertissements de Versailles, fêtes données par le roi durant six journées des mois de juillet et août 1674, pour fêter la conquête de la Franche-Comté ; en 1689, précédée de l’Idylle sur la Paix ; le 7 juillet 1696, précédée de la Grotte de Versailles ; le 17 septembre 1706, suivie du Professeur de Folie, tiré du Carnaval et la Folie de Destouches ; le 26 novembre 1716 ; le 13 février 1738, sous la forme d’un divertissement tiré du prologue et du second acte, ajouté à la fin du Triomphe de l’Harmonie (texte de Jean-Jacques Le Franc, musique de François Grenet), avec Le Febvre (Un Homme du Belair), Mlle Julie (Une femme du Belair), Albert (Un Gascon), Dun (Un Suisse), Cuvillier (Un vieux Bourgeois), Bérard (Une vieille Bourgeoise), Mlle Cartou (La Fille) pour le prologue, Dun (Forestan), Bérard, Cuvillier et Fontenay (Trois Sorcières), Person (Silvandre), Mlle Fel (Une Bacchante) pour la seconde entrée.
Henry Desmarest la fit représenter à Lunéville, le 25 août 1709, à la cour du duc Léopold. Elle fut également représentée à Lille en 1718.
André Campra reprit le prologue pour celui des Fragments de M. de Lully, en 1702.
« C’est une Pastorale en trois actes, ajustée par Quinault des fragmens de différens Ballets, dont Lully et Desbrosses avaient fait la musique pour le Roi : Vigarani, Gentilhomme Modénois, eut la conduite des Machines. C’est le premier Opéra de Lully, auquel, après la cession à lui faite par l’Abbé Perrin de son Privilège, le Roi accorda de nouvelles Lettres patentes en 1672 ; et pour n’avoir rien à démêler avec les associés de l’Abbé Perrin, Lully ne voulut pas se servir de leur Théatre de la rue Guénégaud, & en fit construire un nouveau dans le jeu de Paume de Belair, rue de Vaugirard, près de Luxembourg, où cet Opéra fut représenté depuis le 15 Novembre 1672, jusqu’en Juillet de l’année suivante. Dans une des représentations, que le Roi honora de sa présence, M. Le Grand, les Ducs de Montmouth, de Villeroi, & le Marquis de Rassin, danserent une entrée avec les sieurs Beauchamps, Saint-André, Favier l’aîné & La Pierre. » (Beauchamp)
« Lully, dans l’urgence, va rassembler les meilleurs passages des comédies-ballets créées avec Molière (Les Amants Magnifiques, Georges Dandin, La Pastorale Comique) et réaliser avec Quinault certaines scènes complémentaires pour offrir au public parisien, en novembre 1672, son premier opéra, Les Fêtes de l’Amour et de Bacchus : » Voici un essai que l’académie s’est hâtée de préparer pour l’offrir à l’impatience du public. Elle a rassemblé ce qu’il y avait de plus agréable dans les divertissements de Chambord, de Versailles et de Saint-Germain, et elle a cru devoir s’assurer que ce qui a pu divertir un Monarque infiniment éclairé, ne saurait manquer de plaire à tout le monde. On a essayé de lier ces fragments choisis, par plusieurs scènes nouvelles, on y a joint des entrées de ballets, on y a mêlé des machines volantes, des décorations superbes, et de toutes ces parties différentes on a formé une pastorale en trois actes précédés d’un grand prologue. » (Présentation La Simphonie du Marais)
Le prologue est le divertissement de l’acte V du Bourgeois gentilhomme ; l’acte I est le divertissement des Amants magnifiques ; l’acte II est la Pastorale comique ; l’acte III est le ballet de la Fête de Versailles et le divertissement de l’acte III de Georges Dandin.
Synopsis détaillé
Prologue
Entrée 1 – le Donneur de Livres et quatre Importuns
La muse Polymnie et ses deux sœurs, Melpomène et Euterpe, se disputent le privilège de rendre hommage au Roi. Polymnie met fin à ce différend et réconcilie l’assemblée en un grand choeur final à la gloire de Louis XIV.
Entrée 2 – quatre Héros, quatre Pâtres et quatre Ouvriers des Arts
Acte I
Une épaisse forêt, où des chutes d’eau coulent entre les arbres ; on voit dans l’enfoncement deux montagnes séparées par une belle vallée où une rivière tombe par diverses cascades qui produisent plusieurs effets agréables et différents
(1) Le berger Tircis se lamente de ne pas être aimé de Caliste. (2) Licaste et Ménandre, ses deux amis, l’exhortent à la patience et à la persévérance. Ce trio se retire et se dissimule, pour épier Caliste qui entre, suivie de Climène. (3) Celle-ci tente en vain d’entraîner sa compagne à la fête de l’Amour, mais (4) Caliste préfère rester seule et s’endort sur le gazon. (5) Les trois bergers s’approchent d’elle et troublent son repos. Après quelques hésitations, elle cède enfin à son amant. (6) Forestan et Silvandre, deux satyres jaloux, font irruption dans son idylle et lui reprochent son indifférence.
Entrée 3 – quatre Faunes, avec de petits tambours, et quatre Dryades, avec des festons de fleurs
Acte II
Un vieux château qui était autrefois la demeure des seigneurs du prochain village et qui tombe entièrement en ruines. On y voit en plusieurs endroits des arbres et des ronces et, dans l’enfoncement au travers d’une arcade à demi rompue, on découvre les vestiges de trois grandes alées de cyprès à perte de vue
(1) Forestan, toujours aimant et toujours éconduit, décide d’avoir recours aux magiciens pour tenter, par quelque métamorphose de se rendre séduisant. (2) Des lutins déguisés font une cérémonie pour feindre d’embellir Forestan.
Entrée 4 – deux Magiciens, six démons, les trois Sorcières ensemble
(3) Forestan s’imagine avec un beau visage. (4) Silvandre arrive, et Forestan finit par s’apercevoir qu’il a toujours son laid visage. Pour se consoler, il suit les conseils de Silvandre qui l’invite à la fête de Bacchus. (5) Ils rencontrent Damon qui a décidé de quitter Climène, trop volage, pour Cloris. (6) Climène rencontre Damon. Tous deux se font des reproches, puis se réconcilient. (7) Leurs compagnons témoigent de leur joie de les voir racommodés. (8) Arcas les convie tous à la fête de l’Amour.
Acte III
Une grande allée d’arbres d’une extrême hauteur, lesquels mêlent leurs branches et forment une voûte de verdure où se trouvent des Pasteurs musiciens
(1) Caliste invite les bergers à jouer et chanter.
Entrée 5 – quatre Bergers et quatre Bergères – Climène, Cloris, Silvie, Arcas, Tircis
La Fête de l’Amour est interrompue par des Satires et Sylvains, qui préfèrent célébrer la gloire de Bacchus. Les Satires, Bacchantes et Sylvains s’affrontent aux Bergers en jouant, chantant et dansant.
Entrée 6 – quatre Satires, quatre Bacchantes
(7) Le berger Licaste les réconcilie tous : « Amour et Bacchus sont deux Déités qui sont fort bien ensemble ».
Entrée 7 – quatre Bergers, quatre Bergères, quatre Satires et quatre Bacchantes
Livret disponible sur livretsbaroques.fr
Représentations :
Abbaye de Saint-Amand-de-Coly – Festival du Périgord Noir – 13 août 2005 – Académie de musique ancienne – avec Michel Laplénie
Festival Musique Baroque en Vendée, Logis de La Chabotterie – 13 et 14 août 2003 – Saint-Germain-en-Laye – théâtre Alexandre Dumas – 4 novembre 2003 – Fontainebleau – Halle de Villars – 7 novembre 2003 – Versailles – Opéra Royal du Château – 11 novembre 2003 – Automne Musical du Centre du Musique Baroque de Versailles – Le Ballet du Marais, Le Choeur du Marais et La Simphonie du Marais – conception et direction Hugo Reyne – mise en scène et costumes Stefan Früh – chorégraphie Gilles Poirier – avec Françoise Masset, Isabelle Desrochers, Sophie Landy (dans le rôle d’Euterpe), Renaud Tripathi, Vincent Lièvre-Picard, Howard Crook, Jean-Louis Georgel, Bruno Rostand.