COMPOSITEUR | Jean-Benjamin de LABORDE |
LIBRETTISTE | Chamfort |
Ballet héroïque, sur un livret en un acte de Sébastien-Roch Nicolas dit Chamfort (1741 – 1794), représenté au château de Fontainebleau, le 2 novembre 1765.
L’édition de 1773 précise que Louis César de la Baume Le Blanc, duc de la Vallière en est l’auteur, mais que les paroles sont de M. Chamfort. Bachaumont attribue aussi le livret au duc de la Vallière : Le 2 novembre on a donné à Fontainebleau Zénis et Almasie, ballet héroïque, paroles de M. le duc de La Vallière, et musique de M. de La Borde. Ce petit acte, comme drame, n’est point mal fait. Il y a de beaux vers et dans un genre sublime, de très-belles décorations. Geliotte a fait le rôle de Zénis avec le plus grand succès. La musique est celle d’un amateur, plus que d’un véritable génie.
La musique fut écrite en collaboration avec Bernard de Bury. Les ballets étaient de la composition des Laval, père & fils. La distribution réunissait : Gaëtan Vestris, Dauberval, Pierre Jélyotte, Marie Allard, Sophie Arnould, Marie-Anne Pagès, dite la Deschamps.
Le ballet enchanta le roi et la Cour par la beauté des habits et la décoration. La famille royale était absente, en raison de la maladie du dauphin qui devait mourir le 20 décembre suivant.
Anne-Victoire Dervieux, âgée de treize ans, fut remarquée : Tout le divertissement est charmant. On y applaudit Mlles Dervieux et Simonet, qui ont remplacé M. et Mme Lyonnais. Mlle Dervieux marque les plus grandes dispositions à la précision et au brillant de l’exécution (Grégoire – Les Gloires de l’opéra)
Reprise en septembre 1773 au château de Choisy.
La baron Grimm fut très critique, et écrivit : Quand je dis que M. Chamfort a assez de ses propres péchés, c’est que j’ai vu un certain acte d’opéra, intitulé Zénis et Almasie, qui doit être joué demain à Fontainebleau, qui porte son nom, et qui est un bien gros péché. Il n’est pas croyable qu’une nation qui a tant de chefs-d’œuvre sur l’un de ses théâtres, souffre dans la même capitale de telles pauvretés et de telles extravagances sur un autre de ses théâtres. C’est qu’on a cru, pendant près de cent ans, que ce pitoyable merveilleux était de l’essence de l’opéra. Ici c’est un Génie, père, qui pour éprouver la vertu de son fils, dont il veut faire un héros avant de couronner son amour pour une jeune reine d’Egypte, le tourmente comme un misérable, et après mille tourmens cruels, se fait connaître à son fils pour le cher papa, et lui dit que tout cela n’est qu’une plaisanterie. Ce père, tout Génie qu’il est, est fou à enfermer ; les deux amans sont deux benêts, le poète le troisième, et à tout événement nous garderons un brevet de quatrième, jusqu’après la représentation, au service de ce M. de La Borde, premier valet de chambre du roi, qui en a fait la musique. On attribue ce poëme également à M. le duc de La Vallière.
Personnages : Zénis, Almasie, le Génie, une Voix, une Personne de la Fête,
Synopsis
Le Théâtre représente un désert hérissé de rochers, et l’on voit au fond un volcan qui jette des feux.
Sc. 1 – Zénis, seul, recherche la reine de Memphis, qu’il a sauvée, et qu’il aime, et qui lui a été ravie. Des monstres sortent des rochers. Une Voix se fait entendre qui le rassure et lui propose de lui révéler le secret de sa naissance. Zénis sort son sabre, et met les monstres en fuite. Un aigle paraît et vole autour du théâtre. La Voix le presse de suivre l’aigle pour retrouver celle qu’il aime. Zénis le suit, mais l’aigle s’abime dans un volcan. Faisant confiance au dieu des amants, il se jette à son tour dans le volcan.
Le théâtre change , et représente un palais superbe. La princesse Almasie paraît endormie , au fond du théâtre , sous un pavillon magnifique. On voit, à coté d’elle, sur un riche carreau, un sceptre d’or.
Sc. 2 – Zénis se retrouve dans un palais, où il retrouve Almasie. Celle-ci est surprise. et lui demande comment il a pu fléchir le Génie qui la tient prisonnière, et est amoureux d’elle. Almasie s’inquiète pour Zénis, et le met en garde contre le pouvoir du génie. Zénis brise le sceptre. Aussitôt, on entend une tempête affreuse ; le théâtre s’obscurcit, le tonnerre gronde. Un choeur d’esprits invisibles menace Zénis de mort.
Sc. 3 – Le Génie paraît dans les airs, sur un char de feu. Il se met en colère contre Zénis, et appelle ses ministres à se saisir de lui, et à l’enchaîner.
Sc. 4 – Le choeur de génies lui obéit. Almasie craint pour Zénis. Le Génie l’interroge sur Zénis. Almasie ne peut lui répondre. Le Génie lui ordonne de frapper Zénis de son poignard. Almasie avoue son amour pour Zénis. Le Génie veut le tuer lui-même, mais Almasie tente d’arracher le poignard pour s’en frapper. Le Génie demande aux génies de se retire, et se fait connaître. Il est le père de Zénis, et a voulu éprouver les deux amants, et le courage de son fils. La fête commence. Le Génie appelle à chanter le pouvoir de l’Amour, et annonce qu’il transmet ses pouvoirs à son fils. Zénis donne l’immortalité à Almasie. Ballet général.