JUDITHA TRIUMPHANS |
COMPOSITEUR |
Antonio VIVALDI |
LIBRETTISTE |
Giacomo Cassetti, d’après le Livre de Judith |
ORCHESTRE | Modo Antiquo |
CHOEUR | Coro da Camera Italiano |
DIRECTION | Federico Maria Sardelli |
Juditha | Barbara di Castri | mezzo-soprano |
Abra | Alessandra Rossi | soprano |
Holofernes | Lucia Sciannimanico | mezzo-soprano |
Vagans | Nicki Kennedy | soprano |
Ozias | Rowena Anketell | mezzo-soprano |
DATE D’ENREGISTREMENT | 31 juillet – 4 août 2000 |
LIEU D’ENREGISTREMENT | Chiesa del Santissimo Crocifisso – Barga |
ENREGISTREMENT EN CONCERT | non |
EDITEUR | Tactus |
DISTRIBUTION | CD Diffusion |
DATE DE PRODUCTION | 2002 |
NOMBRE DE DISQUES | 2 |
CATEGORIE | DDD |
Critique de cet enregistrement dans :
Goldberg – avril 2004 – appréciation : 5 de Goldberg
« Oubliez l’approche présomptueuse et vulgaire de Vivaldi qui est devenue la signature de groupes comme Il Giardino Armonico et l’Ensemble Matheus. Ici le maestro de la Pietà émerge dans toute son authentique gloire, comme un véritable maître du drame musical plutôt que comme l’excentrique maniéré que nous proposent ceux qui voudraient faire de sa musique un spectacle à sensation. Le jeu de Modo Antiquo, pour emprunter les mots parfaitement justes de Sardelli, est imprégné « d’une grande virtuosité (…) sans recherche d’effets et de nouveautés factices », et il se plait à mettre en valeur les multiples nuances de l’orchestration extraordinairement inventive de Vivaldi. Davantage encore que les excellents Robert King et Alessandro di Marchi, Sardelli saisit dans son essence la verve dramatique et l’énergie du seul oratorio de Vivaldi qui nous soit parvenu, offrant une interprétation remarquable avant tout pour ses qualités dramatiques au service de la passion. Il se montre pourtant tout aussi capable de débusquer la vraie poésie qui se cache dans la partition, comme le démontre avec justesse la sensualité lumineuse des cordes lors de l’introduction d’Holopherne « Nox obscura tenebrosa ».
La distribution est de grande qualité, les interprétations de di Castro (Juditha) et de Sciannimanico (Holofernes) étant absolument extraordinaires, à la fois sur le plan vocal et sur le plan dramatique. Dans les rôles secondaires, Kennedy chante les arias complexes écrites pour le personnage de Vagaus avec une assurance scintillante, tandis que Rossi est une charmante Abra. La seule mauvaise note est à attribuer à Tactus, qui n’arrive pas à proposer une traduction quelconque à partir du texte original en latin. C’est néanmoins au total une réussite magnifique. »
Opéra Internaational – juin 2003 – appréciation 4 / 5
« Federico Maria Sardelli ne se contente pas de souligner les beautés mélodiques et instrumentales de la partition. S’appuyant sur l’engagement de ses solistes et un orchestre qu il sait faire participer au drame, il met en valeur la dimension intrinsèquement théâtrale de l’oeuvre. Barbara Di Castri n’a certainement pas les charmes de Magdalena Kozena (la Juditha de De Marchi), mais son timbre sombre convient parfaitement au personnage et son interprétation est plus que satisfaisante. L’Holofernes de Licia Sciannimanico, aux registres plus différenciés, s’associe idéalement à cette Juditha et est bien plus convaincant que celui de De Marchi (Maria José Trullu). Quant à Nicky Kennedy, elle nous surprend dans la partie virtuose de Vagaus. On lui connaissait une petite voix claire et agile, mais elle fait ici entendre une densité qu on ne lui connaissait pas encore. Plus sage que De Marchi, sans ses coups d’éclat et ses coups de folie, Sardelli dirige une Juditha totalement cohérente, peut-être la plus équilibrée que l’on ait entendue depuis longtemps. »
Diapason – février 2003 – appréciation 4 / 5 – technique 6 / 10
« Cette Juditha, très appréciée des musicologues tâtillons, donne la meilleure lecture critique jamais offerte de la partition, respectée dans ses moindres détails. Sardelli ne s’autorise pas, comme De Marchi dans sa luxueuse version pour Opus 111, d’audacieuses expérimentations. Pas de reconstitution de sinfonia introductive ; pas de transpositions à l’octave des parties de ténors et de basses des choeurs. Voici un oratorio étranger à toute contingence dramaturgique, illustrant à merveille ce qu’écrivit un contemporain de Vivaldi : »On vient écouter l’oratorio, alors que l’on va voir l’opéra. »…L’équipe, ici, est jeune, le plateau homogène. Une Judith bien timbrée, claire et pleine, sensible, mais un certain manque de densité, que Barbara Di Castri acquerra sans doute avec l’expérience. De l’autorité, dans l’Holopherne de Licia Sciannimanico, des couleurs et du cuivre (graves poitrinés parfois) donnant de l’épaisseur au rôle, sans l’alourdir. Nicki Kennedy, agile et fraîche, mais un peu courte pour Vagaus. Une Abra ni terne, comme ni souvent, ni hystérique, comme chez De Marchi, mais précise et délicate. Un Ozias, enfin, trop léger, manquant d’assurance pour un grand prêtre. Sardelli contrôle tout débordement d’ornementation, dessine les phrasés, sculpte des nuances dynamiques d’une limpide netteté. Le continuo est énergique. Modo Antiquo restitue l’instrumentarium de La Pietà comme il faut. Une version de transition, pourtant. Scrupuleusement honnête, du meilleur goût, mais qui ne franchit jamais l’indicible limite qui mène au rêve. »
Classica – décembre 2002 – appréciation 5 / 5
« Federico Maria Stradelli mène sans complexes l’ensemble orchestral aux limites de ses possibilités, exaltant les timbres, variant – parfois déraisonnablement – la dynamique, et poussant plus d’une fois ses chanteuses dans leurs ultimes retranchements. La question de l’instrumentarium est résolue avec enthousiasme…Licia Sciannimanico est sans conteste le meilleur Holopherne de la discographie, et les sopranos sont tout à fait décentes. Il faut malheureusmeent faire avec une Judith qui a de la craie dans la voix, du charbon dans le timbre, et pas l’ombre d’un scrupule stylistique. »