CD Imeneo (2002)

IMENEO

COMPOSITEUR

Georg Friedrich HAENDEL

LIBRETTISTE

d’après Silvio Stampiglia

 

ORCHESTRE Capella Augustina
CHOEUR Vokalensemble Köln
DIRECTION Andreas Spering

Rosmene Johanna Stojkovic soprano
Tirinto Ann Hallenberg mezzo-soprano
Clomiri Siri Karoline Thornhill soprano
Argenio Locky Chung basse
Imeneo Kay Stiefermann basse

DATE D’ENREGISTREMENT septembre 2002
LIEU D’ENREGISTREMENT
ENREGISTREMENT EN CONCERT non

EDITEUR CPO
DISTRIBUTION Codaex
DATE DE PRODUCTION décembre 2003
NOMBRE DE DISQUES 2
CATEGORIE DDD

  Critique de cet enregistrement dans :

  • Le Monde de la Musique – juin 2004 – appréciation 4 / 5

    « Andreas Spering, avec le concours de la Radio de Cologne (WDR) mais avec une technique plus conciliante, enregistrait le pénultième opéra de Haendel, autre oublié de la discographie (Horst-Tanu Margraf, extraits en allemand en 1966, Rudolph Pal-mer, en 1985, Wladyslaw Klosie-wicz en 1999). Ann Hallenberg, Johanna Stojkovic et le claveciniste Christian Rieger étaient également du voyage. Imeneo est un des opéras les plus brefs de Haendel. Bien qu’il chevauche la composition de Saül, il n’a rien de grandiose et s’apparente davantage à une cantate telle Clori, Tirsi e Filneo. On entend dans la partition un air « Sorge nell’alma mia » qui deviendra « Why do the nations » dans Le Messie. Grâce à une nouvelle édition (2002) préparée par Donald Burrows pour la Hallische Handel-Ausgabe, il retrouve son propriétaire (Tirinto et non Imeneo) et sa tessiture (mezzo-soprano et non basse). Fiable et scrupuleux, cet enregistrement appelle les mêmes commentaires que celui de Siroe : une direction un rien mécanique, une Johanna Stojkovic un peu crispée et une Ann Hallenberg radieuse. Siri Karoline Thornhill se montre délicieuse et Kay Stiefermann, convaincu (« Esser mia dovrà la bella tortorella »). »

  • Opéra International – avril 2004 – appréciation 5 / 5

    « OEuvre du crépuscule, Imeneo clôt, avec Deidomia, la saison 1740-41 et la carrière lyrique de Haendel, qui se tourne désormais vers l’oratorio. Evincé du King’s Theatre de Haymarket par ses rivaux depuis 1733, Haendel avait, bon gré mal gré, composé avec adversaires et divas d’alors, même lorsque des Farinelli jouaient les boutefeux. Ces huit années de bagarres lyriques laissent l’opéra italien mode in London exsangue. En 1739, Haendel reforme sa troupe et s’installe au théâtre de Rich, à Lincoln’s Inn Fields, où fut créé le grinçant Beggar’s Opera de Gay, dix ans auparavant. Moins propice aux machines, le lieu exigu semble avoir guidé Haendel vers plus d’intimité musicale. Sans doute sent-il aussi se tarir sa veine italienne, comme le prouvent nombre d’airs d’Imeneo, composé sur un livret de Silvio Stampiglia déjà utilisé par Porpora, à Naples en 1723. Avec ironie, Haendel démonte les conventions d’un genre (le divertissement matrimonial) où Rosmene doit choisir entre deux rivaux. Tirinto (castrat) lui est fiancé, mais Imeneo [basse) lui a sauvé la vie. La voix mâle aura ses faveurs, malgré la noblesse (et les deniers) du fiancé légal. Mais, à la façon d’un adieu, c’est la voix de Tirinto qui reçoit les airs les plus remarquables, avec le noble « Se potessero i sospir miel » (acte I), le virtuosissime « Sorge nell’ aima mia » au II et l’extraordinaire « Pieno il core di timore » du III, comparable au « Scherzo infida » d’Ariodante, bassons en moins.

    Le mezzo joliment charnu d’Ann Hallenberg restitue les fastes du castrat Andreoni. La Francesina ayant créé Rosmene, Haendel lui taille des airs pétillants à souhait (ah les cordes piquantes de  » in mezzo aval due « ) où brille le timbre rond de Johanna Stojkovic. Surprenant dans l’habituelle fabrique de l’opéra haendelien deux rôles dévolus aux voix basses (honorables, mais trop interchangeables, Kay Stiefermann et Locky Chung) et surtout abondance de choeurs (cinq), dont les développements sont loin de l’expéditif lieto fine. Un vigoureux trio (rare sauf dans Orlando, Tamerlano etAcis and Galatea) est l’autre exception. L’effectif, essentiellement hautbois et cordes (capiteuse Capella Augustina), est mené sans excès ni langueur par Andreas Spering. »

  • Diapason – avril 2004 – appréciation 4 / 5 – technique 7 / 10

     « Sans égaler le renom de son grand frère Serse, l’ouvrage est mieux connu : nous en sommes à la quatrième intégrale depuis l’ébauche du Festival de Halle en 1966. Ensuite, pastorale frivole que Burney qualifiait d’operetta, Imeneo (1738-1740) se passe sans trop de mal de grands caractères. La troupe de Spering pourrait certes montrer un peu plus d’agilité (Imeneo et Rosmene), de liberté (Argenio), de diversité. Mais elle se livre sans façon. « Sorge nell’ alma  » vous frappe en pleine figure et la vedette de l’album, Ann Hallenberg, dans un registre plus aigu que Siroe, y prend un plaisir manifeste.  » Esser mia dovrà la bella » pétille d’invention et de drôlerie. L’orchestre, menu (neuf violons, une vingtaine au King’s Theatre dans les années 1730) mais vif et loquace dans le style « de Cologne », jongle avec allégresse. Les nouveautés « napolitaines » au goût du jour (« E’ si vaga del tuo bene », surprenant, mais il y en a d’autres, à peine quelquefois si vous reconnaîtrez votre Haendel, surtout en songeant que, de l’autre main, il écrivait alors Saul !), le trio du II, la longue plainte orageuse de Tirinto au III, l’étonnante scène-course de Tirinto et Imeneo (« Se la mia pace »), et toute la fin – même privée du duo de Sosarme – méritent votre attention dans cette lecture lumineuse et gaie de préférence. »

  • Le Monde de la Musique – avril 2004 – appréciation 7 / 10

    « Réalisation impeccable, servie par une équipe vocale elle-même irréprochable, mais qui souffre tout de même d’un certain manque d’imagination interprétative, d’expressivité et de théâtralité. Dans sa globalité, la direction de Spering est plus proche de celle de Curtis que de Jacobs ou, a fortiori, de Minkowski.

    …Ouvrage à l’intrigue simplissime sans relief (une femme tiraillée entre deux soupirants, dont Imeneo), mais qui offre l’intérêt, comme Deidamia, de prendre distance, avant la « reconversion » définitive du compositeur dans l’oratorio, avec les canons de l’opéra italien, dont il lui arrive même parfois de se moquer. En Rosmene partagée entre ses prétendants, Johanna Stojkovic fait preuve des mêmes qualités…Le rôle est plus long et dispose de superbes récitatifs accompagnés, dans lesquels elle est vraiment fascinante. En Tirinto (l’amant touchant mais finalement malheureux), Ann Hallenberg est digne de tous les éloges. La tessiture du rôle lui convient parfaitement et elle impressionne dans la vocalise (« Sorge nell’alma mia », seul air vraiment démonstratif de la partition) comme dans la lamentation (magnifique « Pieno il cor di timore »). Si Karolin Thornhill, dans le rôle de Clarimi, est un merveilleux et fort touchant soprano, là encore, les deux basses (dont Kay Stiefermann dans le rôle-titre, en réalité modérement sollicité), très correctes, manquent un peu de mordant et de présence. »