CD Herakles (1984)

HERAKLES

Herakles

COMPOSITEUR

Georg Friedrich HAENDEL

LIBRETTISTE

Thomas Broughton

 

ORCHESTRE Orchestre de la Radio de Leipzig
CHOEUR Choeur de la Radio de Leipzig
DIRECTION Wolf-Dieter Hauschild

Hyllus Eberhard Büchner ténor
Lichas Hebe Dijkstra mezzo-soprano
Gisela Kaltofen soprano
Peter Klug
Iole Kari Lövaas soprano
Hercules Hermann-Christian Polster basse
Dejanira Doris Soffel mezzo-soprano
Le Grand-Prêtre de Jupiter Rolf Tomaszewski basse
Reinhart Vogel
Andreas Sommerfeld basse

DATE D’ENREGISTREMENT 1984
LIEU D’ENREGISTREMENT Bethanien Church – Leipzig – Allemagne
ENREGISTREMENT EN CONCERT non

EDITEUR Berlin Classics
COLLECTION
DATE DE PRODUCTION 1985 (LP) – juillet 1997 (CD)
NOMBRE DE DISQUES 3 (en allemand)
CATEGORIE

Critique de cet enregistrement dans :

L’Avant-Scène – n° 221 – juillet/août 2004

 » Réalisée au crépuscule de la République Démocratique Allemande, la version Hauschild utilise bizarrement la traduction allemande publiée par Chrysander dans son édition monumentale de 1859. Elle est l’une des plus complètes qui soient, mais aussi l’une des plus fastidieuses, malgré l’attrait de quelques voix remarquables. Parue originellement en 1985 en 33t., elle fut rééditée en cd en 1997. Les partis pris d’interprétation semblent ne pas avoir évolué depuis Priestman. La direction est même beaucoup moins fine en ce qui concerne le phrasé orchestral et choral. En témoignent l’ouverture et son menuet éléphantesque, ou encore l’ahurissante Sinfonia de l’acte III, vide et inexpressive. Comme dans la version Priestman, l’image sonore est parasitée par un clavecin hideux et envahissant. Les choeurs sont épais et monumentaux. La direction de Hauschild privilégie l’effet de masse sur la lisibilité polyphonique et multiplie les effets les plus vulgaires. La marche triomphale fait entendre un long crescendo réglé au potentiomètre, tandis que les sections chorales homorythmiques de l’acte III sont soumises à une pulsation péremptoire où chaque temps est appuyé jusqu’à la nausée.

Les tempi sont effrayants de lenteur. Ainsi, l’air d’Iole « Himmmelskind, O Freiheit du » ne dure pas moins de 9’07’ ! Avec de telles options, le souci d’intégralité de la production confine à l’insupportable. Même la reprise dans la première partie de l’air de Lichas « Standhaft Lieben, niemals wankend » , est effectuée ! Mais elle n’est pourvue d’aucune ornementation, pas plus que les da capo : à quoi bon nous infliger ces flots de notes si ce n’est pour ne jamais en renouveler l’intérêt ?

Dans ce contexte, les rares coupures demeurent incompréhensibles : pourquoi la Sicilienne de Hyllus, « Der Olymp’schen Höhn entweichends », perd-elle sa partie centrale et sa reprise, tout comme « Schweigt o schweigt » Est-ce parce qu’Eberhard Büchner incarne un Hyllus particulièrement décevant ? En effet, si la diction est claire, le timbre est nasal, les aigus tendus et la vocalisation pesante. Kari Lövaas dessine une Iole affligeante, au vibrato exagéré et aux aigus douloureux, peinant tristement dans l’interminable air à vocalises « Banne Lieb’ aus der Brust ». Hermann Christian Polster est un Hercule vaillant, mais imprécis dans les coloratures et trop barytonant. La direction apathique de Hauschild discrédite sa scène ultime : le tempo est si lent que les trémolos peuvent être perçus note par note. La voix superbe de Doris Soffel n’arrive pas à sauver l’entreprise du naufrage. Elle est impressionnante dans ses airs ornés, en particulier « Hinweg O gram », quoique ses cadences improvisées ne soient pas toujours du meilleur goût. Comme Fedora Barbieri, elle ne trouve pas le bon caractère de « Leg ab die Kreut’ und Löwen haut » : elle y semble abandonner la couronne royale pour le tablier de la servante. Cependant elle affiche un tempérament de vraie tragédienne dans la scène de la folie, hélas desservi par un accompagnement orchestral scolaire et rébarbatif. »