L’Opéra de Société

COMPOSITEUR François-Joseph GIRAUD
LIBRETTISTE Antoine Gaultier de Mondorge

 

Comédie-ballet, sur un livret en un acte d’Antoine Gaultier de Mondorge (*), représenté au Palais Royal, le 1er octobre 1762 .

(*) Antoine Gaultier-Mondorge, né à Lyon en 1707, financier, homme de lettres dilettante et amateur de peinture, ami de La Pouplinière. Maître de la Chambre aux deniers du Roi, membre de l’Académie de Lyon. Il écrivit la livret des Fêtes d’Hébé pour Rameau. Il mourut à Paris en 1768.

Le 30 septembre 1762, Bachaumont écrivait dans ses Mémoires secrets : On nous annonce pour demain à l’opéra un acte nouveau, intitulé L’opéra de société. Les paroles sont de M. de Mont-Dorge ; et la musique d’un nommé Giraud, basse de l’orchestre. Ces noms peu fameux dans le lyrique ne promettent pas un grand succès.

Et le 1er octobre : L’opéra de société n’a pas fait fortune. C’est tout à la fois une répétition que font les acteurs de la mort d’Adonis. Ce sujet est celui du véritable drame, et la résurrection de cet amant de Vénus est l’objet du ballet. La première partie n’est pas assez gaie, et cependant peu digne de la majesté de la scène lyrique. La seconde est un drame estropié et mesquin ; la pantomime consiste en treize entrées ou actes différents, qui expriment dans le plus grand détail les amours, la mort, la métamorphose, le triomphe d’Adonis. Cette partie, quoique trop confuse et trop longue, est sans contredit la meilleure du drame ; il y a même du génie, dont malheureusement on ne peut faire honneur qu’au chorégraphe. Malgré toutes les mauvaises plaisanteries dont on a assaisonné ce ballet, il a fait plaisir ; on n’a pu tolérer une Hébé, qui l’urne à la main vient danser sur le théâtre ; cet attribut est pourtant dans le costume. Il y a des pas de deux, de trois et de cinq, qui ont plu aux connoisseurs, surtout le dernier.

Quant aux paroles, c’est un assortiment tiré, de l’aveu de l’auteur, de plusieurs autres opéra : il est assez bien fait et susceptible de très bonne musique. Cette dernière n’est pas du grand beau : on prétend qu’elle annonce du talent. Ainsi soit il.

Léris est plus laconique : L’ OPERA DE SOCIETE, 178me Opé. donné pour la premiere fois le premier Octo. 1762. C’est un Acte dont les paroles sont d’un anonyme, & la musi. de M. Giraud.

 

Le 12 octobre 1762, l’acte de Société fut repris dans le cadre de Fragments, après Hilas et Zélie, et Alphée et Aréthuse. Le même jour, Bachaumont note : L’acte de Société passe aussi à la faveur des deux autres et de ses ballets, agréablement dessinés, quoique la pantomime n’y soit pas parfaitement caractérisée.

 

L’insuccès de l’ouvrage fut repris par Castil-Blaze dans L’Académie impériale de musique : L’Opéra de Société, de Mondorge et Giraud, ne réussit point. Soixante ans plus tard, cette pièce nous a fait pouffer de rire ; elle est restée au théâtre malgré la faiblesse de sa nouvelle musique. Lablache remplissait la salle Ventadour quand il devait représenter Campanone dans « la Prova d’un Opéra seria ». L’original vaut infiniment mieux que la copie, Mondorge nous représente la répétition d’un ballet, ayant pour titre la Mort d’Adonis. Par ce moyen, l’action du drame sérieux que l’on étudie, est parfaitement distincte ; elle reste étrangère au dialogue des personnages employés pour conduire l’intrigue comique.

L’argument est décrit ainsi dans le Dictionnaire dramatique de Joseph de Laporte, Sébastien-Roch-Nicolas Chamfort : Une Société veut jouer à la campagne Vénus & Adonis, se prépare par quelques instans de répétition, quelques petits mots de déclarations d’amour, etc. ; représente la Pièce de Vénus & Adonis , & l’interrompt au moment du dénouement , pour reparler encore d’amourette.