Pierre GAUTIER
vers 1642 (La Ciotat) – 1697 (au large de Sète)
second opéra de Gautier, représenté à Marseille, chez l’intendant des galères Michel Begon, le 5 février 1687 pour célébrer la guérison de Louis XIV – la partition et le livret sont perdus – Après un divertissement ethnographique et géographique très à la mode, les quatre parties du monde paraissent, suivies de toutes les nations. Quatre nymphes symbolisant l’Europe, l’Asie, l’Afrique et l’Amérique chantent leurs héros et chacune d’elles les proclame les plus éminents. Pour se départager, elles s’en remettent au jugement du Soleil : « Sous quel climat est le plus grand Héros ? », demande l’Europe. Alors, le Soleil de surgir sur son char, et de déclarer que nul ne saurait se comparer au « Monarque des Lis ». Et les nymphes de chanter la louange du roi avec duos et danses tandis que les Ris et les Jeux les rejoignent pour achever l’ouvrage dans une brillante chaconne. (source : http://dominique.amann.pagesperso-orange.fr/documents-en-ligne/les-debuts-de-l27opera-en-provence.pdf) | |
livret en trois actes et musique de Gautier – premier ouvrage représenté à Marseille le 28 janvier 1685 après l’obtention d’une autorisation de Lully |
« Natif de La Ciotat en Provence, mort au mois de Septembre 1697 âgé de cinquante-cinq ans, ou environ.
Gaultier étoit contemporain de Lully, et un des premiers Musiciens François qui ait brillé dans son Art, surtout pour la Musique instrumentale ou les airs de symphonie. Les Connoisseurs estiment fort son Recueil de duo et de trio pour le Violon et pour la Flûte, imprimé chez Christophe Ballard ; et ils ne font pas moins de cas de quelques-uns de ses Concerts de Voix et d’Instruments, qui n’ont point été encore imprimés.
Il fut pendant plusieurs années directeur d’un Opéra qui avoit beaucoup de vogue dans la province, et qui contribuoit aux plaisirs de la Ville de Marseille, de celle de Montpellier et de celle de Lyon, où il séjournoit alternativement.
Ce Musicien périt malheureusement avec tous les Acteurs et les Actrices qui composoient son Opéra : ce fut au mois de Septembre 1697 qu’après avoir fait exécuter à Montpellier un Opéra et quelques divertissements de sa façon, s’étant embarqué avec tout son équipage au Port de Sète en Languedoc pour regagner Marseille, le vaisseau fut submergé, et périt à la vue du Port de Sète, sans qu’on ait jamais pu retrouver aucun débris de ce vaisseau, ni de tout ce qui étoit dedans. On peut juger de la consternation que cet accident funeste répandit dans les provinces où Gaultier alloit ordinairement avec son Opéra, et que tous les pays qui eurent connoissance de ce malheur n’en furent pas moins touchés. »
(Évrard Titon du Tillet – 1677 – 1762)
« Pierre Gautier, né du côté de La Ciotat vers 1642, fut l’élève à Paris du très célèbre claveciniste Jacques Champion de Chambonnières, qui l’introduisit dans la société brillante des meilleurs instrumentistes de la capitale. Musicien de l’entourage de Lulli, il fut un témoin privilégié des débuts de l’opéra en France. Il put ainsi découvrir les différentes formes de spectacles musicaux, s’initier à la musique de scène et s’imprégner de l’esprit de la tragédie lulliste.
Il s’établit ensuite à Marseille, probablement en 1681, et c’est là qu’il élabora le grand projet de son existence : la création du premier opéra de province, à l’égal de celui de Lulli ; et, après de longs préparatifs, il put l’inaugurer le 28 janvier 1685, dans la salle du jeu de paume de la rue du Pavillon à Marseille. Au programme, la première œuvre composée par Pierre Gautier, « Le Triomphe de la Paix », opéra en trois actes précédé d’un prologue, dont l’auteur avait écrit à la fois les paroles et la musique. L’orchestre était dirigé par Joseph Campra, le jeune frère d’André. Le succès fut prodigieux. Outre les oeuvres de Pierre Gautier, la troupe jouait essentiellement des tragédies en musique de Lulli. Mais l’opéra était un spectacle qui entraînait des dépenses considérables et Gautier ne fut pas toujours un gestionnaire très avisé. En faillite en septembre 1688, Pierre Gautier put toutefois recréer une nouvelle entreprise, en 1694. Après quelques mois de représentation à Marseille, la troupe s’en fut en tournée dans la région et c’est ainsi qu’elle vint donner ses représentations à Toulon : le 24 juillet 1695, elle représenta notamment « Le Triomphe des Brunes », divertissement en musique de Jean-Baptiste Lulli le fils.
Des œuvres de Pierre Gautier, seul a subsisté un recueil posthume, de plus de cent pages, intitulé Symphonies de feu Mr Gaultier de Marseille, divisées par suites de tons, et publié à Paris par Christophe Ballard en 1707. »
(La vie théâtrale à Toulon jusqu’au XIXe siècle – Dominique Amann)