Les raisons de saliver ne manquent pas pour les amateurs d’opéra baroque, à la découverte de la programmation 2001/2002 de nos scènes lyriques.
Une rentrée placée sous le signe de la musique française du Grand siècle, ça vous dit ? Ce n’est pas si fréquent. Rendons grâce à Christophe Rousset d’avoir ressuscité « Persée » – en version de concert, mais bon! – au Festival de Beaune, et de nous le proposer bientôt à nouveau à la Cité de la Musique. Félicitons le surtout de nous proposer « Cadmus et Hermione » – en version scénique ! – un peu partout en France – mais pas en région parisienne, pourquoi ? Le premier opéra de Lully, c’est un véritable évènement. Une nouvelle chance pour le Florentin, après l’essai magnifique, mais hélas non transformé, d’Atys à la fin des années 80. N’oublions pas aussi la version de concert de Zoroastre de Rameau, par les Arts Florissants, et la recréation de « La Pastorale comique », ballet de cour, fruit de la collaboration de Lully et Molière, au Festival de Pontoise.
Vous craquez pour « Didon et Enée », opéra de poche de Purcell ? Vous n’aurez que l’embarras du choix : Hervé Niquet à Caen, Richard Egarr à Poissy (avec Bernarda Fink), Paul McCreesh à Paris (avec Susan Bickley).
Vous n’étiez pas à Lausanne pour « La Didone » de Cavalli en janvier 2001 ? Alors rendez-vous à Montpellier en janvier 2002. Vous y retrouverez Christophe Rousset – tiens, encore lui ! – avec Juanita Lascarro dans le rôle-titre.
Pour Haendel, il faudra attendre le premier semestre 2002, mais cela en vaut la peine : « Rodelinda » au Châtelet, avec Anna Caterina Antonacci et Andreas Scholl sous la direction de William Christie, « Giulio Cesare », à Monte Carlo, avec Maria Bayo, Derek Lee Ragin, Gloria Banditelli sous la direction d’Alan Curtis, « Rinaldo » à Montpellier sous la direction de René Jacobs., et une rareté, « Floridante » en version de concert à Clermont-Ferrand.
Monteverdi est toujours là. avec L’Orfeo, en version de concert à Lyon par Gabriel Garrido, mais surtout avec Le Retour d’Ulysse, dans la mise en scène d’Adrian Noble et sous la direction de William Christie, à l’Opéra Comique. Tarifs dissuasifs, mais on en a déjà parlé (cf. éditorial d’août).
Un beau programme déjà. Il y manque la cerise sur le gâteau. Une énorme cerise que constitue la création de « La Verita in Cimento » (en français « La Vérité en question », et non pas « La Vérité en ciment »…) d’Antonio Vivaldi par une troupe que Jean-Christophe Spinosi et l’Ensemble Matheus vont mener partout en France de janvier à avril 2002. 17 représentations, dans 13 villes ! Est-ce le départ d’une nouvelle vie pour l’oeuvre lyrique du plus célèbre Vénitien ? Certes, puisque l’incroyable annonce est tombée d’une intégrale de l’oeuvre du Prêtre roux, décidée par le label Opus 111, y compris l’oeuvre lyrique. Celle-ci a déjà commencé, avec « Juditha Triomphans », avec Magdalena Kozena, suivie de la « Senna festeggiante », « La Verita in cimento », l' »Olimpiade »…
Des nouvelles comme celle-là, on en redemande. Comme quoi le pire n’est jamais certain, même dans notre monde impitoyable !
Bonne saison baroque !
Jean-Claude Brenac – Septembre 2001