Il fut une époque où les musicologues se passionnaient pour les origines et la naissance de l’opéra français.
En 1868, Paul Lacroix, conservateur de la Bibliothèque de l’Arsenal, publie à Genève une véritable somme : les Ballets et Mascarades de cour, de Henri III à Louis XIV, soit de 1581 à 1652. On y trouve une notice d’un vingtaine de pages sur les Ballets de cour qui commence ainsi : L’histoire des ballets de cour n’a pas été écrite.
Dès 1881, Arthur Pougin retrace dans son ouvrage Les Vrais créateurs de l’Opéra français, ce qu’il appelle le premier âge de notre Opéra deux fois séculaire, en offrant une histoire critique des commencements difficiles de ce théâtre glorieux. Son ouvrage est sous-titré : Perrin et Cambert. Pougin ne s’en cache pas, c’est un plaidoyer en faveur du poète Perrin et du compositeur Cambert, héros malheureux de la première Académie d’Opéra. Patriotisme aidant, il s’agit notamment d’opposer le gentil français Cambert – un des plus beaux génies du monde pour la musique, le plus entendu et le plus naturel – au méchant florentin Lully. L’ouvrage se termine d’ailleurs par la satire de La Fontaine Le Florentin, dans laquelle notre fabuliste se déchaîne : C’est un paillard, c’est un mâtin Qui tout dévore, Happe tout, serre tout : il a triple gosier.
Cinq après, en 1886, Charles Nuitter et Ernest Thoinan publient Les origines de l’opéra français, ouvrage appuyé sur des documents originaux, et qui fait encore autorité. En dépit de son titre, et d’une introduction consacrée aux Ballets du Roi et aux Opéras italiens, leur ouvrage est centré à nouveau sur le poète Pierre Perrin et les heurs et malheurs de la première Académie d’opéra. Les ballets de cour et les opéras italiens donnés à Paris sous Mazarin n’y occupent que quelques pages.
A l’époque, il n’est pas de coutume de citer ses sources : Nuitter et Thoinan nous mettent l’eau à la bouche en indiquant que : Les origines de l’Opéra ont été l’objet de nombreuses études. Hélas, ils se gardent bien de dire lesquelles, ainsi que de fournir une bibliographie.
Le filon des heurs et malheurs de l’Académie d’Opéra de Perrin et Cambert étant épuisé, c’est dans une autre direction que, sous un titre très voisin, Les Créateurs de l’opéra français, s’engage Lionel de La Laurencie dans son ouvrage paru en 1921, et réédité en 1930. Il s’agit cette fois de remonter le temps à la recherche des véritables origines de l’opéra français.
Jean-Claude Brenac – Novembre 2009
L’opéra italien en France avant Lulli – Henry Prunières – Champion – 1913 – 512 pages
Histoire de l’opéra en Europe, avant Lully et Scarlatti – Romain Rolland – Librairie Fontemoing – nouvelle édition augmentée d’une préface de l’auteur – De Boccard – 1931 – 316 pages – env. 38 € d’occ.