Instrumentistes d’hier, chefs baroques d’aujourd’hui

On a beau savoir que bon nombre de chefs baroques ont d’abord été instrumentistes (ou chanteurs), cela fait tout drôle de découvrir leur nom dans la distribution d’enregistrements aujourd’hui « historiques ».

Ainsi se souvient-on que Nikolaus Harnoncourt était gambiste et violoncelliste dans le Concentus Musikus ? Il jouait ainsi de la viole de gambe – pendant que Gustav Leonhardt tenait le clavecin – dans « l’Orfeo » enregistré en 1968, et du violoncelle dans « L’Incoronazione di Poppea » enregistré six ans plus tard.

Gambiste, également, Charles Medlam. On le retrouve dans l’enregistrement de « David et Jonathas » en 1981 par Michel Corboz.

En 1982, John Eliot Gardiner enregistre les « Boréades ». Avec au violon Roy Goodman et au clavecin Nicholas McGegan.

En 1984, William Christie enregistre sa première « Médée ». Hugo Reyne tient la flûte à bec et Konrad Junghänel le théorbe.

En 1985, René Jacobs dirige et tient le rôle-titre dans le « Xerse » de Cavalli. Au premier violon Chiara Banchini, et un continuo de luxe : Konrad Junghänel au théorbe, et William Christie au clavecin.

En 1987, l’événement baroque : « Atys ». Avec du beau monde : Christophe Rousset au clavecin, Stephen Stubbs au luth, Marc Minkowski au basson, Hugo Reyne à la flûte à bec – le « Sommeil d’Atys », c’est lui ! – et…Hervé Niquet dans le choeur.

En 1988, Richard Hickox enregistre « L’Incoronazione di Poppea », avec Arleen Auger. A la basse de violon, Paul McCreesh, au théorbe, Stephen Stubbs. Andrew Lawrence-King joue de la harpe et de l’orgue positif.

La même année, William Christie enregistre à son tour « David et Jonathas ». Avec Hugo Reyne à la flûte à bec, Marc Minkowski au basson, Stephen Stubbs au théorbe. Christophe Rousset tient le clavecin et l’orgue du continuo. Ce dernier sera à nouveau auprès de William Christie pour la « Fairy Queen » en 1989, et les « Indes galantes » en 1991.

En 1989, Marc Minkowski a laissé le basson pour la baguette et enregistre « Amidigi ». Au violon, rien moins que Fabio Biondi.

En 1992, René Jacobs dirige « Il Ritorno d’Ulisse ». Alessandro de Marchi tient le clavecin et l’orgue positif, Konrad Junghänel le luth et Jean Tubéry le cornet. On retrouve les mêmes pour la « Calisto » en 1994, avec aussi Attilio Cremonesi au clavecin.

La même année sort la seconde « Armide » enregistrée par Philippe Herreweghe. Avec, au clavecin, une continuiste qui n’a pas fini de faire parler d’elle : Emmanuelle Haïm.

On retrouve cette dernière auprès de William Christie en 1994 pour l’enregistrement de sa seconde « Médée », avec Hugo Reyne à la flûte à bec et Stephen Stubbs au théorbe, puis pour « Orlando » en 1996.

En 1995, Jean-Claude Malgoire enregistre « Giulio Cesare ». Au violon, Gilbert Bezzina.

On pourrait continuer…

D’autant que si les instrumentistes d’hier sont les chefs baroques d’aujourd’hui, les instrumentistes d’aujourd’hui pourraient bien recéler les chefs de demain.

 

Jean-Claude Brenac – Novembre 2003