Trop chers les CD ?
Plutôt, oui. Surtout quand on regarde de près le minutage !
Un CD audio vierge normalement constitué, celui qu’on achète dans n’importe quelle boutique, peut accueillir jusqu’à 80 minutes d’enregistrement.
Quand on achète un CD enregistré, on s’attend donc – naïvement – à ce que cette posssibilité soit exploitée au maximum par l’éditeur.
Mais apparemment, ce qu’un amateur peut faire avec les disques du commerce et un graveur grand public, les éditeurs ont bien du mal à le faire avec leurs moyens professionnels.
Des minutages de 45 minutes ne sont pas rares, soit un peu plus de la moitié. Le remplissage est parfois tellement chiche qu’on nous vend trois disques qui pourraient tenir sur deux !
Ainsi « Juditha Triomphans » – magnifique enregistrement, au demeurant – que « Opus 111 » nous livre en trois disques. Minutage : respectivement 47′ 48, 57′ 20 et 60′ 23. Total 165 minutes 31. Autant dire, à 5 minutes près, la capacité de 2 disques. En « serrant »un peu, n’y arrivait-on pas ?
Si ce n’était pas possible, ne pouvait-on mettre à profit les 75 minutes restantes – presque un disque entier ! – pour compléter le coffret avec d’autres oeuvres de Vivaldi ?
Ceci dit, certains éditeurs jouent le jeu, d’autres non. A titre d’exemple sont venus récemment sur le marché deux disques « économiques » d’extraits de « Giulio Cesare » de Haendel.
Bravo à Harmonia Mundi qui nous a livré 78′ 30 de la version de René Jacobs de 1991. Honte, en revanche, à Warner qui n’a pas jugé bon de nous donner plus de 58′ 24 de la version de Nikolaus Harnoncourt de 1988.
Qui achèterait-on une bouteille de vin ou une boite de conserve pleine aux deux-tiers seulement ?
Ce n’est pas pour rien qu’on a obligé l’étiquetage du prix au kilo ou au litre. Peut-être faudra-t-il exiger aussi celui du prix à l’heure d’enregistrement…
Jean-Claude Brenac – Novembre 2001