Quel avenir pour l’opéra ?

Alors que l’opéra fête son 400e anniversaire – hommage à vous, Caccini, Gagliano, Peri, Monteverdi – quelques esprits chagrins prédisent sa disparition, pour défaut de « voix », de « grandes voix » veulent-ils dire. D’ici là, nous disent-ils, l’opéra aura connu la déchéance du micro-cravate, seul à même de pallier l’absence de projection de nos pauvres chanteurs modernes, bien incapables de « remplir » les grandes salles de concert.

La mort annoncée de l’opéra ? ce n’est pas l’impression que l’on retire de la fréquentation des représentations lyriques.

Et d’abord, pourquoi l’opéra devrai-il nécessairement être représenté dans de grandes salles ? L’opéra sait se faire grand spectacle hollywoodien comme il peut aussi se faire spectacle intimiste, et se contenter de salles plus modestes, de voix moins forcées, d’orchestres plus réduits, sans pour autant tomber dans le misérabilisme.

Ensuite, pourquoi attacher tellement d’importance au volume, à l’ampleur de la voix ? Faut-il rappeler que l’opéra est un spectacle complet mêlant, dans une alchimie complexe – et pour pour cela fragile – musique, théâtre, voire danse ?

Que les chanteurs d’aujourd’hui, même si leurs organes sont moins puissants, soient de plus en plus des acteurs, capables de se plier à des mises en scène plus contraignantes – même si pas toujours heureuse, hélas ! – est plutôt réconfortant pour l’avenir de l’opéra. A ce titre, ce sont plutôt les chanteurs-statues, incapables du moindre jeu de scène, qui constituent la vraie menace pour l’opéra.

Mais, Dieu merci, ils sont de moins en moins nombreux.

Juin 2000