DVD Zoroastre

ZOROASTRE

COMPOSITEUR

Jean-Philippe RAMEAU

LIBRETTISTE

Louis de Cahusac

 

ORCHESTRE The Drottningholm Theatre Orchestra / Les Talens Lyriques
CHOEUR The Drottningholm Theatre Chorus
DIRECTION Christophe Rousset
MISE EN SCÈNE Pierre Audi
DÉCORS / COSTUMES

Patrick Kinmonth

CHORÉGRAPHIE Amir Hosseinpour
LUMIÈRES

Peter van Praet

Zoroastre Anders Dahlin
Amélite Sine Bundgaard
Érinice Anna Maria Panzarella
Céphie Ditte Andersen
Abramane Evgueniy Alexiev
Oromasès, Ariman Gérard Théruel
Zopire, La Vengeance Lars Arvidson
Narbanor Markus Schwartz

DATE D’ENREGISTREMENT 13 au 27 juillet 2006
LIEU D’ENREGISTREMENT

Festival de Drottningholm – Slottstheater

EDITEUR Opus Arte
DISTRIBUTION Codaex
DATE DE PRODUCTION mai 2007
NOMBRE DE DISQUES 2
FORMAT NTSC – 16 / 9 – Son DTS Surround / LPCM Stéréo
DISPONIBILITE Toutes zones
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

Critique de cet enregistrement dans :

Classica – juillet 2007 – appréciation 6 / 10

« Comme l’a montre sa récente mise en scene de Sémélé de Marin Marais pour Montpellier, Olivier Simonnet est fasciné par la symétrie, les entrées côtés cour et jardin et la caméra filmant du haut des cintres. Il ne pouvait que trouver dans ceZoroastre de Pierre Audi un spectacle à son goût, mais qui n’est guère du nôtre. On est dépité que l’écrin 1766 du théâtre de Drottningholm dont Gilbert Blin, à Nice, vient d’utliser les fastes naïfs dans un merveilleux Teseo, n’ait suscité que le service minimum chez Pierre Audi. Entrées latérales, coups de menton héroïques, agitation vaine sur une scène si vide qu’on finirait par la prendre pour une publicité de parquets Ikea : la machinerie n’est quasiment pas sollicitée, les toiles de fond ne varient jamais et les éclairages, entre blancheur de la lumière triomphante pour les bons et noirceur haineuse pour les méchants, des plus attendus. La chorégraphie faite d’entrechats mesquins et de tics nerveux rend vains les costumes façon déshabillés de Fragonard, seule touche élégante dans le néant scénographique. Heureusement la distribution impose sa magie à l’ennui général. Le couple noir est le seul à avoir réveillé l’imagination du metteur en scène. Anna Maria PanzarelIa est fastueuse en magcienne masochiste et Evgueniy Alexiev a des faux airs de Raspoutine. Le Zoroastre d’Anders J. Dahlin goûté récemment à Pleyel dans le miraculeux Castor et Pollux de Gardiner est un haute-contre élégiaque et charmeur. Sine Bundgaard, son amoureuse, malgré un français en marmelade, a un timbre fruité qu’elle épuise hélas à trop courir de ci delà… Quant aux Talens Lyriques, ils proposent un Rameau d’exception, dont Christophe Rousset fait jaillir les harmonies neuves (les clarinettes de la messe noire de l’acte IV!) depuis un clavecin généreux, bien mis en valeur par ce théâtre à l’acoustique miraculeuse si bêtement sous-exploitée. »

Diapason – juillet 2007 – appréciation Diapason d’orLe théâtre enchanté

« Vingt ans qu’on attendait cela ! Non pas ce Zoroastre précisement, mais une production d’opéra baroque français digne de succéder à l’inoubliable « Atys », aussi efficace et rythmée que la « Platée » de Pelly, aussi merveilleuse ‘ au sens fort ‘ que « Les Paladins » de Montalvo, aussi «musicale » que le théâtre de Benjamin Lazar dans « Le Bourgeois gentilhomme », et surtout renouant avec les sortilèges entêtants du spectacle de Villégier. D’ailleurs, ni Platée, ni Les Paladins ni Le Bourgeois n’étaient des tragédies lyriques, genre qui porte en lui sa propre magie. Question d’ingrédients nobles et d’assemblage rituel : d’alchimie. Et c’est précisément la symbiose de toute une équipe qui renouait à Drottningholm avec l’état de grâce d’Atys, chanteurs, orchestre, éclairagistes, danseurs, machinistes, metteur en scène, costumiers, réalisateur aussi, tous fascinés par le légendaire théâtre XVIIIe de la cour de Suède. Par où commencer? Par les réserves, ce sera vite fait. Mentor de Zoroastre dans son combat contre Abramane et les forces du mal, Oromasès a besoin de rayonnement : Gérard Théruel ne lui en offre guère, fâché avec la justesse et noyé dans son vibrato. Le cas d’Amir Hosseinpour est un peu plus complexe. Le chorégraphe libanais préfère aux charmes de la belle danse des pantomimes saturées de signes, du coq à l’âne ; curieusement le récit ne s’en trouve pas bousculé, et cette suractivité graphique profite même grandement aux scènes d’ensemble, dont l’incroyable messe noire du IV. Tout le reste tient du miracle. La lisibilité de la mise en scène de Pierre Audi, cristallisée sur la jalouse Erinice pour déjouer les pièges d’une intrigue abracadabrante, les costumes de Patrick Kingsworth, capes, manches bouffantes et drapés légers pour amplifier les tours au rythme du tulle beige et du satin noir, les changements à vue qui ouvrent grand les portes de notre imaginaire en dévoilant l’artifice, et ces décors anciens en fausses perspectives que viennent caresser des lumières inouïes, contre-jours virtuoses, harmonies oniriques de roses-orangés ou de noirs-violets rehaussés de pointes blanches et sans cesse nuancés. Miracles, encore, pour Christophe Rousset, chef jamais aussi puissant que dans cette Ouverture ‘ est-ce bien lui qui dirigeait Ariodante en avril ? ‘, pour Anna-Maria Panzarella qui assume toutes les contradictions d’Erinice, folle d’amour et de haine à la fois, pour l’exquise Ditte Andersen et l’Amélite si touchante de Sine Bundgaard (le personnage a magnifiquement mûri entre la création en 2005 et cette reprise l’été suivant), le Zoroastre juvénile de Dahlin et le terrible Abramane d’Evghenyi Alexiev. Chapeau bas, enfin, pour la captation fluide et léchée d’Olivier Simonnet, en parfaite résonance avec le lieu et le spectacle. Allez savoir comment, une humanité troublante se dégage d’un vieux petit théâtre en bois et d’une parabole maçonnique dont presque tout nous échappe désormais. Magique, on vous dit. Enchanté ! »

 Concertclassic

« Le spectacle est prodigieux, en ce sens qu’il se souvient de la révolution opérée par l’Atys de Jean-Marie Villégier. Le sujet même de Zoroastre, la lutte d’une lumière ambiguë contre des ténèbres affirmées, appelait cette symphonie de noirs qui culmine dans les imprécations de l’acte IV que l’on saisit ici enfin dans toute sa violence. Les résurrections de Zoroastre furent rares, celle-là en fait aurait suffit du moins pour son théâtre. Et l’on est plus surpris encore d’y saluer Pierre Audi, jusque là étranger à la tragédie lyrique, et s’essayant de surcroît à son premier Rameau, rendant moderne par quelques aménagements ‘ souvent des personnages sont en scène qui ne devraient pas l’être et se font ainsi témoins des agissements qui devraient leur rester inconnus déclenchant devant le spectateur leur ires ou leurs désespoirs ‘ une dramaturgie certes complexe mais aussi prisonnière de codes impavides.

Musicalement, on reste un cran en dessous des fulgurances d’un spectacle qui doit autant aux intentions de Pierre Audi qu’aux chorégraphies expressives d’Amir Hosseinpour, pour ne rien dire de la fulgurance des changements des décors à coulisse. Rousset peine un rien à ouvrir grande les ailes de l’orchestre ramiste. Sa formation limitée y est pour beaucoup mais pas seulement. Et la distribution est trop inégale : pour une vraie révélation, l’Erénice de Panzarella, torche vive, cent coudées au-dessus de ce qu’elle fit au disque voici cinq ans pour William Christie, et pour le parfait Zoraoastre de Dahlin, il faut faire avec le terrifiant ‘ faux, hurleur, mal disant ‘ Oromases de Gérard Théruel et avec l’assez fruste Abramane de Evgueny Alexiev ou des comparses suédois qui pour surveiller leur diction ‘ assez formidable Amélite de Sine Bundgaard ‘ n’en chante pas moins souvent à coté de la langue. Bémols majeurs d’un événement absolu pour qui aime et Rameau et l’opéra baroque. »

 Télérama – appréciation ffff

« Pour Rameau compositeur d’opéra, la valeur a attendu le nombre des années : l’ancien organiste de Dijon signe sa première tragédie lyrique, Hippolyte et Aricie, à 50 ans, en 1733 ! Mais sur quelle lancée ! Dès 1735, avec Les Indes galantes, opéra-ballet qui fait le grand écart entre le Pérou des Incas et la Perse de la Fête des Fleurs, l’imagination vagabonde de Rameau s’aventure vers un exotisme libérateur. Dans ses deux dernières tragédies lyriqus, Zoroastre puis Les Boréades, le juvénile septuagénaire trouve son vrai royaume, dans l’Orient fabuleux d’une Bactriane fictive, où s’affrontent pouvoir légitime et tyran usurpateur, vice politique et vertu morale. Nom primitif de Zarathoustra, Zoroastre, mage et magicien venu de la Perse antique, est le frère aîné du Sarastro de Mozart. Comme La Flûte enchantée d’ailleurs, Zoroastre est un opéra chargé de symboles maçonniques. Secrétaire du grand-maître de la Loge de France, Louis de Cahusac, le librettiste de Rameau, oppose lumière (culte solaire du Grand Prêtre Oromasès) et ténèbres (la messe noire de l’intrigant Abramane), forces du bien contre puissances du mal, bons contre méchants. Mais ni son livret ni surtout la musique de Rameau n’ont la naïveté de faire coïncider ceux-ci avec celles-là. Au contraire, les vertueux se raidissent un peu trop dans leurs justes droits, tandis que les méchants s’abandonnent à regret à leurs mauvais instincts.

A l’instar d’Erinice, princesse tellement éprise de Zoroastre, qui la dédaigne, qu’elle ne parvient pas à vouloir anéantir complètement sa rivale (Amélite), se reprochant doublement sa faiblesse ‘ comme amante bafouée et comme amante jalouse, incapable de vengeance. Dans sa révision de 1756, sept ans après la création, Rameau enrichit encore la complexité et le déchirement de ce rôle torturé, que la soprano Anna-Maria Panzarella investit sur la scène de Drottningholm avec un masochisme suicidaire des plus saisissants. Grâce à la captation virtuose de la mise en scène de Pierre Audi, les mélomanes français peuvent aujourd’hui partager le bonheur du public suédois de l’été dernier. Chanteurs (sans accent), instrumentistes (aux timbres acérés), danseurs (à la gestique désarticulée) : tous excellent. Quant à Christophe Rousset, à la tête de cette production de Zoroastre, il en est l’astre Zorro : il arrive, et les rythmes lui obéissent ‘ rugissement guerrier comme tendre plainte, gavotte gaie comme sarabande majestueuse. Rameau rebourgeonne. »

 Opéra Magazine – appréciation Diamant Opéra