DVD Il Ritorno d’Ulisse (1998)

IL RITORNO D’ULISSE

COMPOSITEUR

Claudio MONTEVERDI

LIBRETTISTE

Giacomo Badoaro

 

ORCHESTRE

Orchestre Baroque De Nederlandse Opera

CHOEUR
DIRECTION Glen Wilson
MISE EN SCÈNE Pierre Audi
COSTUMES Jorge Jara
DÉCORS Michael Simon
LUMIÈRES Jean Kalman

Ulisse

Anthony Rolfe Johnson

Penelope

Graciela Araya

Telemaco

Toby Spence

Tempo, Antinoo

Jaco Huijpen

Pisandro

Christopher Gillett

L’Humana fragilita, Antinomo

Brian Asawa

Melanto, Fortuna Monica Bacelli
Eumete Adrian Thomson
Minerva Diana Montague
Eurimaco Mark Tucker
Iro Alexander Oliver
Amore Machteld Baumans

DATE D’ENREGISTREMENT octobre 1998
LIEU D’ENREGISTREMENT Amsterdam – Het Muziektheater

EDITEUR Opus Arte
DISTRIBUTION Codaex
DATE DE PRODUCTION août 2005
NOMBRE DE DISQUES 2
FORMAT PAL 16 : 9 – Son Dolby Digital et DTS Surround
DISPONIBILITE Toutes zones
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

Egalement édité en avril 2007 dans un coffret de 7 disques Pierre Audi Amsterdam, regroupant L’Orfeo, Il Ritorno d’Ulisse, L’Incoronazione di Poppea, ainsi que Il Combattimento di Tancredi e Clorinda

Critique cet enregistrement dans :

Crescendo – avril 2006 – appréciation 4 / 10

« Glen Wilson n’a pas froid aux yeux. Certains passages l’ennuient? Il efface, revoit l’ordre des scènes et réduit l’ouvrage à deux actes. « Cette poésie qui parfois frôle le sublime souffre des influences du marinisme, écrit-il, de son élégance forcée et de ses envolées verbales. D’un point de vue purement dramaturgique, ce livret n’est pas une réussite.’ Notre homme de goût, fin lettré, ne jure que par Homère. Exit ces dieux qui n’ont rien à voir avec l’Odyssée. Le naufrage des Phéaciens ? Superflu, médiocre sans doute. Mais entre retour aux sources et dramaturgie, il fàut choisir, car ainsi mutilé, l’opéra perd toute cohérence, Minerve jaillit ex nihilo et le pauvre spectateur lambda y perd son latin. ‘Autre point faible : le livret laisse la part belle aux effets spéciaux, qui en leur temps étaient sans aucun doute des manifestations très impressionnantes de savoir-faire technique mais qui, aujourd’hui, datent affreusement. Elles arracheraient tout au plus un sourire poli à un publie nourri de Steven Spielberg ou d’Andrew Lloyd Weber’… Alors Mister Wïlson préfère lui imposer ses références, entre Fellini et Lynch, son Iro évoquant furieusement le baron Harkonnen dans Dune. Mais, au fait, les fans d’Indiana Jonce ne vont’ils pas pouffer au son affreusement daté du clavecin? Et bâiller au récitar cantando de Penelope ( Cruz) ? L’argument, démagogique, est fumeux et cache mal l’ego du chef qui, bien sûr, tripote la musique, réécrit l’histoire de la basse continue, etc. Si vous n’en pouvez plus, précipitez-vous sur l’antidote, vraiment miraculeux, composé pour Aix par William Christie et Adrian Noble. De ce gâchis insensé, seuls les chanteurs émergent tant leur incarnationvibrante relève dc l’exploit. Et dire que la production avait menue engagé la fine fleur du chant britannique, des vétérans (Oliver, Rolfè-Johnson) aux jeunes pousses (Toby Spence), différenciant parfaitement les nombreux rôles de ténors… »

Opéra Magazine – mars 2006 – appréciation Diamant Opéra

« Dans les productions de la trilogie montéverdienne, Il ritorno d’Ulisse in patria, par son socle homérique, embarrasse souvent les metteurs en scène. Rien de tel dans la production captée à l’Opéra d’Amsterdam en octobre 1998 et aujourd’hui diffusée par Opus Arte. Avec Pierre Audi, l’excellent libretto de Giacomo Badoaro retrouve enfin sa portée shakespearienne, tant par sa philosophie du politique violente et désespérée que par l’ « hénaurmité » de ses personnages (l’Iro d’Alexander Oliver ne déparerait pas dans Titus Andronicus). Autre mérite de Pierre Audi, il rappelle combien l’ouvrage ‘ à l’opposé de L’incoronazione di Poppea qui se déploie dans un espace social ‘ travaille le temps : d’abord les deux temporalités de cette histoire (le présent et vingt ans avant ce présent), qui éprouvent la fidélité ou la trahison des sentiments ; ensuite l’écartèlement entre le (vague) temps d’Homère, qui fonde encore notre civilisation, et le temps du (vieux et incroyablement alerte) Monteverdi. Dans le dispositif scénographique de cette production, tous ces temps rongent chacun des personnages, ici présentés dans leur minéralité profonde, sans aucune anecdote. La nature humaine saille dans toute sa vérité, sans faux-fuyant. Et quel écrin pour que le geste vocal soit magnifié dans sa nue puissance, sans les artifices usuels du bel canto!

Il est vrai que la distribution est de très haute stature. A commencer par Anthony Rolfe-Johnson, Ulisse plus âgé qu’à l’habitude, cabossé par les ans et les aventures, mais qui conserve intacts la flamme et les engagements jadis contractés. Durant le bref empan de ce dramma in musica, il fait défiler toute une vie. C’est bouleversant. Et, poursuivant le véhément (à s’en rompre la voix) Testo de l’inégalé Combattimento di Tancredi e Clorinda jadis gravé avec Nikolaus Harnoncourt, il rappelle qu’il a été l’un des tragédiens vocaux les plus poignants de sa génération. A ses côtés, Graciela Araya fait vibrer une Penelope aussi sombre que convaincante. Un continuo pertinent et humble complète ce mémorable spectacle. »

Codaex – présentation

« Le rôle titre est confié au ténor Anthony Rolfe Johnson dont la souplesse de la voix et la clarté de sa diction font merveille dans ce personnage à multiple facettes. Graciela Araya dans le personnage de Pénélope manqtue de caractérisation, et son chant pourtant fort beau, à tendance sur la longueur à générer l’ennui. Alexander Oliver dans le rôle d’Iro est une figure à lui tout seul. Ses adieux soulèvent à juste titre les bravos de la salle. »

Concertclassic

« Bémol rédhibitoire pour Le retour d’Ulysse. La partition est sens dessus dessous, vous n’y retrouverez pas vos petits ; dommage car Rolfe Johnson même en voix vieillie, s’avère un Ulysse criant de vérité. »

Classica / Répertoire – février 2006 – appréciation 2 / 10

« …le metteur en scène cherche, sans la trouver, une voie entre Strosser, Grüber et WielandWagner. On lui pardonne quelque temps son abus des parallaxes et des éclairages latéraux, mais très vite les libertés prises avec la partition stupéfient avant de devenir une franche colère. On est privé du naufrage des Phéaciens et des parties de poker entre les dieux. Passés à l’as les duos Melanto et Eurimaco et les introductions instrumentales. L’acte III est découpé et implanté clans l’acte IV, les cinq actes originels refondus pour n’en faire plus que deux. On savait Monteverdi à géométrie variable, mais à ce point ! Dire que cette version démembrée s’offre le luxe, bien inutile, de figurer sur deux DVD… – Même si Anthony Rolfe Johnson a le physique du vieil aventurier errant, comment Toby Spence, Brian Azawa ou Monica Bacelli ont-ils pu accepterde participer à une production aussi insultante pour Monteverdi et son librettiste? un DVD à éviter absolument. »

Goldberg – décembre 2005 – appréciation 5 / 5

« Moins nombreuses que celles de l’Incoronazionc di Poppea, les diverses sources du Ritorno d’Ulisse ne manquent pourtant pas d’interroger musicologues et musiciens, notamment sur l’attribution de l’intégralité de l’oeuvre à Monteverdi. Confronté à ces douts, Glen Wilson opère des choix dramaturgiques radicaux : par fidélité à l’Odyssée, il supprime les divinités secondaires ‘ et, plus curieusement, la nourrice Ericlea ‘ et déplace quelques scènes. Ainsi réduite à deux actes, inspirés du découpage en cinq actes proposé par les livrets, l’épopée se concentre davantage sur l’Humana fragilita, lecture d’autant plus aboutie que le claveciniste américain épouse, grâce à un groupe de continuo restreint, les moindres inflexions du recitar cantando. Et si la réalisation musicale se veut homérique, la mise en scène de Pierre Audi se réclame de Shakespeare. Dans des décors épurés ‘ de la roche aux parois nues ‘ et des costumes inspirés des Primitifs flamands, qui soulignent mieux encore les âmes que les corps, chaque geste s’affirme comme nécessaire. Les héros, certes, sont fatigués, mais ils y puisent leur vérité, des larmes de Pénélope aux éclairs de folie d’Ulysse, magnifiquement éclairés, filmés. Et Graciela Araya comme Anthony Rolfe Johnson sont d’une variété d’accents saisissante, elle jusqu’au tragique, lui jusqu’à l’héroïque, alors que de profil et de timbre rajeunis, le Tèlémaque de Toby Spence est son reflet idéal. Pour des raisons opposées sans doute, mais à l’égal de la production d’Adrian Noble et William Chrtstie, ce Ritorno d’Ulisse est une référence. »

Le Monde de la Musique – décembre 2005 – appréciation 3 / 5

« …Le Retour d’Ulysse dans sa patrie donne du monde et des hommes une image plus rassurante, sans pourtant que la musique cesse de jouer au chat et à la souris avec la situation. C’est probablement pour cela qu’une mise en scène simple, pour ne pas dire littérale, suffit souvent à en faire apparaître la beauté. Comme Adrian Noble au Festival d’Aix-en-Provence, Pierre Audi, à Amsterdam, a évité d’y chercher des intentions cachées, et il a réussi son Retour d’Ulysse pour les mêmes raisons qu’il a raté son Couronnement de Poppée. A la différence du spectacle aixois, celui-ci manque pourtant de cette grâce qui donne son charme à cette Odyssée revue par le baroque naissant, avec ses préciosités textuelles et ses dieux venant sur un nuage infléchir le sort des humains. Cela tient moins au dépouillement étudié des décors et au raffinement des éclairages qu’à une certaine raideur dans le jeu des acteurs, et à un manque d’invention dans la bouffonnerie « shakespearienne » des personnages comiques.

Glen Wilson, qui ne s’est pas privé d’élaguer la partition et s’est refusé, à la différence de Nikolaus Harnoncourt ou de René Jacobs, à parer celle-ci d’une flatteuse orchestration, va dans le même sens et peine lui aussi à donner son envol à cette musique magnifique. Araya est impressionnate en Pénélope et Anthony Rolfe Johnson émouvant en Ulysse, en dépit d’un aspect bien peu héroïque au sein d’un plateau vocal bien préparé. »

Diapason – décembre 2005 – appréciation 3 / 5

« Deux spectacles de l’Opéra néerlandais d’Amsterdam, consacrés aux opéras vénitiens de Monteverdi, paraissent simultanément. Pierre Audi a signé ces deux mises en scène jumelles, d’une grande puissance dramatique et d’une fascinante beauté visuelle. Elles se distinguent par leur extrême stylisation, soulignée par la nudité du plateau et par de somptueux éclairages, tout en clair-obscur.

Ulisse est marqué par son statisme initial, qui s’anime peu à peu jusqu’à la scène de l’arc, et s’achève par l’apaisement de la tendre étreinte, in extremis, des époux séparés vingt années durant.  En revanche, l’Ulisse pourtant théâtralement somptueux, est desservi par des partis pris musicaux douteux. L’oeuvre est coupée à outrance : hles divinités olympiennes, qui gouvernent le sort d’Ulisse et permettent le dénouement de ses tribulations, ont disparu. Seule Minerve subsiste : ses interventions perdent tout leur sens. Les Phéaciene connaissent le même sort l’arrivée d’Ulisse à lthaque demeure inexpliquée. Enfin la réalisation musicale est invraisemblable. Pourtant, le plateau ne manque pas d’attrait : Anthony Rolfe Johnson et Graciela Araya forment un couple émouvant quoique âgé, qui contraste avec la sensualité et l’énergie du duo Melanto-Eurimaco. Hélas, Glen Wdson impose des allures néo-modales à la réalisation de la basse continue, altère les méIodies, transpose et tronçonne anarchiquement. Le discours musical est incompréhensible. »

 Codaex – Présentation

  « Fils d’Anticlée et de Laërte. Roi d’Ithaque, mari de Pénélope, la soeur d’Hélène. Père de Télémaque. Ulysse est un personnage complexe qui s’illustra lors de la guerre de’Troie. Lors de son retour chez lui, il vécut de multiples aventures totalement ancrées désormais dans l’inconscient collectif littéraire occidental. Nombreux firent les écrivains qui le célébrèrent, à commencer par Homère. Monteverdi créa « Le Retour d’Ulysse dans sa patrie » en 1640. Il s’agit d’un drame en 5 actes sur un livret de Badoaro tiré de l’Odyssée d’Homère. Aidé par des chanteurs de haute volée artistique qui évoluent librement dans un espace ouvert, Pierre Audi offre au public une mise en scène stylisée et soignée. La reconnaissance de Télémaque et d’Ulysse est l’un des moments forts de ce spectacle. La direction musicale est, quant à elle, vive et précise, la distribution vocale particulièrement homogène. Bref, ce dramma per musica qui tente de saisir les subtilités et les affres de l’existence humaine dans leur totalité est une belle réussite tant sur le plan musical, vocal que plastique. »

 Altamusica

« En poste à l’Opéra d’Amsterdam depuis 1988, Pierre Audi est un directeur artistique inspiré, mais aussi un metteur en scène de tout premier plan. Sa trilogie monteverdienne montre en effet son génie de la direction d’acteurs. Et plus qu’un Orfeo (Opus Arte OA 0928 D) musicalement amorphe et un Couronnement de Poppée (Opus Arte OA 0926) un rien dépareillé par une Poppée sans venin, on conseillera sa vision authentiquement shakespearienne du Retour d’Ulysse. De la bouleversante nudité de la matière de décors épurés aux costumes inspirés de Memling, tout souligne la déchirante courbe des corps et la nécessité du geste. Vieillissants, certes, fatigués même, Graciela Araya et Anthony Rolfe Johnson sont d’une variété d’accent saisissante, et, filmés au plus près, délivrent des incarnations que l’on ose croire insurpassables. En rupture avec les scrupules musicologiques d’intégralité, le claveciniste Glen Wilson réduit la pièce en deux actes et bouleverse l’ordre de certaines scènes par souci de concision dramatique. Certains pourront être rebutés par ces libertés prises avec le texte, mais la réalisation musicale, épousant la moindre inflexion du recitar cantando par un groupe de continuo subtilement restreint, se révèle avant tout indissociable des images de cette production d’anthologie. »