COMPOSITEUR | Georg Friedrich HAENDEL |
LIBRETTISTE | d’après William Congreve |
ORCHESTRE | La Scintilla |
CHOEUR | Chœur de l’Opernhaus de Zurich (dir. Jürg Hämmerli) |
DIRECTION | William Christie |
MISE EN SCÈNE | Robert Carsen |
DÉCORS, COSTUMES | Patrick Kinmonth |
LUMIÈRES | Robert Carsen et Peter van Praat |
CHORÉGRAPHIE | Philippe Giraudeau |
Semele | Cecilia Bartoli | |
Jupiter | Charles Workman | |
Juno | Birgit Remmert | |
Cadmus, Somnus | Anton Scharinger | |
Iris | Isabel Rey | |
Ino | Liliana Nikiteanu | |
Athamas | Thomas Michael Allen |
DATE D’ENREGISTREMENT | janvier/février 2007 |
LIEU D’ENREGISTREMENT | Opéra de Zürich |
EDITEUR | Decca |
DISTRIBUTION | Universal |
DATE DE PRODUCTION | 2 février 2009 |
NOMBRE DE DISQUES | 2 |
FORMAT | Pal – |
DISPONIBILITE | Toutes zones |
SOUS-TITRES EN FRANCAIS | oui |
Disponible aussi en format Blu-ray Critique de cet enregistrement dans :
- Classiquenews
« Voici une production heureusement filmée qui affiche ses arguments bienfaisants en pleine année Haendel. Sans la diva romaine, la production eut été guindée, trompant le public par un surcroît de sophistication: baguette raide de Christie, conception froide d’un Carsen. La diva Bartoli en est la vraie vedette!Opéra de Zürich, janvier 2007 : Familière de la scène suisse, accompagnée par un orchestre détaillé et captivant, La Scintilla, avec lequel elle a coutume d’enregistrer ses programmes philologiques pointus, la diva Cecilia Bartoli embrase littéralement la scène dans cette production de Sémélé. Quand le duo Christie (un peu raide et sec, côté direction) et Carsen (d’une élégance toujours un rien posée, plus proche de la sophistication que la franchise scénique, côté mise en scène) demeurent amidonné et glacé, « la Bartoli » sait réchauffer l’échelle des températures.Son incarnation repose sur deux aspects clés du personnage : son ivresse amoureuse, un orgueil et une vanité démesurés (narcissisme sans limite que sait si bien attiser la perfide mais frustrée Junon : Myself I’ll adore, entonné pendant 7 mn devant un miroir), proche de la folie convulsive (ce que son abattage impeccable dans les vocalises restitue magnifiquement (No, no, I’ll take no less), et a contrario, l’humilité de la petite fille, en rien capricieuse ni inflexible, qui trop tard hélas, se repend d’avoir été si « monstrueuse » (Pauvre de moi : « Ah me! Too late, I now repent… »). Ici désir impétueux, portant une ambition téméraire, aveugle, suicidaire (voir Jupiter dans sa forme divine non humaine… quitte à s’y briser les ailes et à en mourir); là, langueur dérisoire, impuissante condition de simple… mortelle. Tout chez la chanteuse, qui n’a pas la grâce et la silhouette d’une Netrebko, réalise une superbe prise de rôle scénique, grâce à son tempérament bouillonnant, sa concentration active et expressive. A ses côtés, on admire le chant assuré du Cadmus/Somnus de la basse Anton Scharinger, la tenue efficace du Jupiter de Charles Workman.Voici une production heureusement filmée qui affiche ses arguments bienfaisants en pleine année Haendel. La production à l’origine a été créée à Aix en Provence en 1996. Sans la diva romaine, la production eut été guindée, trompant le public par un surcroît de sophistication: baguette raide de Christie, conception froide d’un Carsen qui met en lumière la vengeance de Junon, l’insatiable narcissisme de Sémélé, … dans un décor pompier, propre à la couronne britannique à notre époque. En ce sens le parallèle est juste puisque à l’époque, le librettiste, William Congreve, avait en filigrane « oser » une satire de l’appareil monarchique en mêlant allusion à la royauté et héros mythologiques. Le regard ne manque pas de facétie mais davantage de rondeur, d’allant, de suavité aurait redoubler notre attention et aiguiser notre plaisir. A tous ceux, – jaloux?- qui s’entêtent à ne reconnaître les talents de Bartoli au studio ou en récital, ce dvd dont la réalisation de Felix Breisach ne suit pas assez l’action en plans rapprochés, impose sans discussion la présence scénique de la diva. Pour Bartoli en rien que pour elle. »
« Il était entendu que la prestation de la Bartoli en Semele passerait à la postérité. Hormis quelques Beethoven, Broschi et autre Montsalvatge, votre serviteur, passionné de la non moins passionnante Cecilia, dispose, heureux homme, de l’intégralité de la production bartolienne. L’option dvd est ici retenue. L’utilité du produit ne s’en cache pas. Ce n’est pas une vision musicale particulière, ni cette mise en scène à succès datant de 1996 du Festival d’Aix et signée Carsen que l’on met en avant, mais bien le témoignage de la première prise de rôle anglaise de la Diva romaine. Au travers du filtre particulier du dvd, que reste-il de l’extraordinaire succès de ces représentations à Zürich et de leur reprise ? Semele en a scéniquement, dérouté plus d’un. Ses formes hybrides sont musicalement et théâtralement très délicates, pour ne pas dire fragiles à manipuler, si l’on désire rendre compte de ses complexités et de ses paradoxes. Ce qui nous apparaît à l’écran, ne convainc que très partiellement et la distance inévitable nous éloigne sans nul doute d’un impact, d’une communion et peut-être d’une émotion ressentie en salle. Plusieurs choses nous gênent profondément. On passe complètement à côté du premier acte, il faut attendre le premier numéro de duettistes de la Queen Juno et de son souffre-douleur pour que l’œil trouve un quelconque intérêt à ce qui nous est présenté. Dans cette lignée, les moments les plus réussis et qui franchissent le cap du petit écran, sont justement les nombreux moments comiques, mais Semele a-t-elle été écrite pour nous donner uniquement l’occasion d’une tranche de franche rigolade ? Il nous semble que les trésors de cette partition théâtralement, sont autre part. Enfin, le plateau vocal, bien que contenant ici et là de beaux moments, n’apparaît jamais comme une équipe embarquée dans le même projet. Bartoli finit par gêner par son one woman show aussi extraordinaire soit-il par moment…Les corps de métier visuels rendent pourtant une copie parfaite et cohérente. Décors et éclairages s’harmonisent et mettent en valeur les détails parfois nombreux des costumes, se définissant en véritables protagonistes de la narration. La Scintilla est toujours un écrin sonore luxueux, même si le flegme de Christie bride parfois sa vitalité naturelle. Du chef, nous étions en droit d’attendre une empreinte autrement plus personnelle. Ses propositions musicales, sa vision, sa griffe, se résument à peu de choses et ne marquent pas durablement les esprits, contrairement à un Minkowski à Paris, autrement plus imaginatif dans la narration du conflictuel et souvent très cruel mythe de Semele.Au niveau du plateau, Thomas Michael Allen extrait tout ce que l’on peut tirer de son rôle ingrat, Liliana Nikiteanu n’atteint jamais la cheville émotionnelle d’une Hellekant alors qu’elle dispose de moyens autrement glorieux, Anthon Scharinger propose un Cadmus monolithique et se rachète quelque peu par son Somnus. Pourtant, une fois encore, ses prestations ne tiennent une seconde la comparaison avec les splendeurs vocales et interprétatives de David Pittsinger. Birgit Remmert a visiblement été castée pour son physique impressionnant. Haute taille, carrure de déménageur de Piccadilly, sa composition répond parfaitement à l’exigence unique de Carsen : faire rire par les nombreux clins d’œil à la Cour d’Angleterre et sa composition de « Sois bête et méchante ». Une fois encore, le parti pris est vraiment trop facile et oublie notamment que Juno doit être à un moment … Chantée … A ce moment là, on est plus dans le film Queen mais plutôt dans l’épilogue de Titanic. Vous me direz, qui est à même de rendre justice au Hence, hence, Iris hence away ? D’autant que Bill Christie a décidé à ce moment-là, de se faire un petit galop en solitaire à Arscot, laissant sa soliste gentiment pédaler dix mètres derrière lui … Si scéniquement, la mezzo allemande camoufle aisément, l’écoute seule de sa prestation laisse plus d’une fois l’auditeur dubitatif. Isabel Rey est scéniquement incroyable et impayable en souffre-douleur. Méconnaissable, elle crève l’écran. On regrette vocalement les aigreurs métalliques d’un rôle pourtant pas très exigeant, offrant la conclusion qu’elle paie comme tant d’autres, la fréquentation de rôles dont elle n’aurait même pas dû ouvrir la partition. Carsen possède l’intelligence d’avoir parfaitement saisi les possibilités, mais aussi les limites de ses solistes. L’exemple le plus frappant est son traitement du rôle de ce qui est sensé être un premier plan, le Jupiter de Charles Workman. La séduction vocale et l’ébahissement virtuose ne sont pas les armes premières du ténor. Fort judicieusement, le metteur en scène en tire pleinement parti, pour le définir en un Prince Consort justifiant ses frasques extra conjugales par l’ennui que lui procure cette Cour, à l’ombre au propre et au figuré de sa Reine gargantuesque. Le Jupiter de Workman est un faible, ne maîtrisant sans doute même pas le divin pouvoir dont il est le détenteur. L’idée s’avère crédible, mais une fois encore, solitaire et monolithique. Cruellement, s’il est inutile de réveiller de son Olympe lyrique, le souvenir d’un Rockwell Blake (Aix) qui remet vocalement Big Ben à l’heure, il suffira d’écouter l’immense Richard Croft dans son incroyable palette de couleurs vocales et dramatiques, pour adresser notre plus sincère compassion à Charles Workman. Reste le cas Bartoli … Les fans seront comblés, plus Bartoli que cette Semele you die ! Dieu seul sait que nous avons à maintes reprises, eu l’occasion de nous émerveiller devant les qualités et surtout la générosité de cette artiste rare (journée Malibran), mais, nous ne pouvons dissimuler plus d’une fois une gêne devant ce témoignage. Tout en étant conscient que Bartoli ne se compare qu’à elle seule et donc, que l’on reste musicalement à un niveau d’excellence, Cecilia nous apparaît comme un fruit bien exotique dans cette musique. Malgré son incroyable travail de préparation (et qui d’ailleurs est ressenti plus d’une fois à l’écran), nous n’adhérons pas vocalement au portrait proposé qui pour nous, appelle une tessiture naturelle plus aigue. Bien entendu, Bartoli «possède» les notes de sa Semele, mais à quel prix ? L’instrument, au fur et à mesure qu’il gravit les échelons de sa tessiture, se rétrécit, s’amincit pour ne pas dire, s’émacie à un point qu’il nous reste à entendre un son vague, ténu, digne d’une cantatrice marquant une répétition afin de ne pas se fatiguer. Bartoli est une sorcière de première classe mais, entendons-nous du Haendel dans ce joli gazouillement ? Les partitions des Prime Donne haendéliennes étaient taillées pour des instruments autrement vaillants. Cecilia ne peut omettre que les soprani du Caro Sassone étaient élevées au même lait de nourrice que les plus grands Castrats napolitains… Si l’air de la Tourterelle passe à la trappe, elle réclame en bonne Diva le tube Endless pleasure sensé évoquer la sensualité d’un après ébats. Là où on propose une Anna Magnani enveloppée d’un drap de lit, on reçoit une teenager réclamant son breakfast. Dans la suite des airs (air du Sommeil, du Miroir, sa grande aria di furore), Bartoli n’échappe pas à la caricature d’elle-même et finit par irriter. Le plus dommageable (mais la responsabilité doit être partagée avec un Carsen en manque d’inspiration) : la mort de Semele est totalement exsangue de drame et d’émotion, on ne peut passer sous silence que le transport du cadavre encombrant de Semele, ne flatte certainement pas le physique généreux de la belle Cecilia (le dvd la dessert à ce niveau plus d’une fois…). »
- Muse Baroque
« Malgré les quelques réserves exprimées plus haut, l’ensemble est d’une très grande qualité. Si vous voulez découvrir (ou redécouvrir) Sémélé, à consommer sans modération, comme dirait Bacchus ! » Musebaroque.fr
- Opéra Magazine – mars 2009 – appréciation 4 / 5
« Créée en 1996 au Festival d’Aixen-Provence, cette production de Semele a permis à Cecilia Bartoli de se frotter au rôle-titre lors d’une reprise à l’Opéra de Zurich, en 2007. Comme Monique Banichella à l’époque, nous avons trouvé la performance vocale de la diva italienne époustouflante, au point d’écraser que que peu ses partenaires. Le «No, no, I’ll take no less» du troisième acte, par exemple, est simplement prodigieux. Nous sommes mons convaincus, en revanche, de l’adéquation entre la forte personnalité de la cantatrice et ce personnage de princesse coquette, ambitieuse, capricieuse et inconsciente. On admire la performance, sans se sentir vraiment emporté ou ému. La mise en scène de Robert Carsen porte sa part de responsabilité. Le spectacle est certes impeccablement réalisé et agréable à regarder. Mais le DVD souligne son allure assez statique, avec des arie do capo donnant trop souvent lieu à du remplissage davantage qu’à la mise en valeur des affects. La transposition dans l’Angleterre contemporaine fonctionne pourtant, mais la distraction et la caricature ne servent pas toujours l’émotion et l’esprit. Dans ce cadre sonnant parfois creux, le reste de la distribution n’est qu’honorable, avec une mention pour le joli Jupiter de Charles Workman et, surtout, l’étonnant Athamas de l’Américain Thomas Michael Allen. Ce rôle, créé par un contre-ténor, est ici confié à un « high tenor », expérience intéressante et dont le résultat est souvent convaincant. Notons aussi l’excellente prestation de l’orchestre La Scintilla, sous la baguette expérimentée de William Christie. Un DVD qui nous laisse donc un peu sur notre faim. »
- Diapason – avril 2009 – appréciation 4 / 5
« S’il faut se précipiter sur cette captation en provenance de Zurich, c’est bien pour la Semele de Cecilia Bartohi, inattendue mais évidente dès son entrée en scène — et pour elle seulement. Le spectacle, on le connaît depuis quinze ans : efficace dans le déploiement (crucial) des choeurs, tenu, mais sans grâce ni chaleur, à l’étroit dans l’érotisme pasteurisé que décline sans relâche Robert Carsen. Le petit écran n’arrange rien, guère favorable aux vastes à-plats (noir-rouge-bleu, parsemés de vilaines chaises dorées) d’un décor économe et rigide la plus belle image de la soirée, mort de l’héroïne à la fois monumentale et pudique, y perd sa magie.Avec une télécommande à portée de main, tout s’arrange. A condition de ne pas zapper trop vite, alléché par les promesses de”Myself I shalladore“ et ”No, no ! I’Il take ne less“. Soit, la diva les tient, roucoule jusqu’au vertige dans le premier, concentre la rage du second dans des coloratures foudroyantes. Mais la ligne suspendue du bref ”O Jove“, que les trilles allègent encore au lieu de l’empeser, n’est pas moins prodigieuse. Et la joie nonchalante de ”Endless pleasure“ (quelle plénitude dans l’agilité !), le pianissimo d’”O sleep“, les arabesques angoissées ou caressantes de ”With fond desiring“ sont nuancés avec un art d’autant plus impressionnant qu’il est capable d’abandon. Gamine et fauve, candide et monstrueuse, responsable de sa propre perte, et consciente in fine, idéale Sémélé.Une telle incarnation risque forcément d’éclipser les autres : Charles Workman n’y résiste pas. Jupiter noble, séducteur, mais loins de son autorité – et de son aisance dans les vocalises. Sharinger fait un Cadmus véhément mais un Somnus sensible, Isabelle Rey une Iris impeccable. Ce que l’on ne dira pas d’une Junon, d’une Io assez grossières, et d’un Athamas carrément pénible. Le choeur maisosn se tire très honorablement d’une partition périlleuse, et d’une mise en scène qui le dissémine. Reste une Scintilla curieusement brouillonne, qui ne trouve toujours pas sa cohésion sous la battue discrète de Christie, assis au clavecin. Il en faudrait plus pour déstabiliser Bartoli, au sommet de son art. »