Rodelinda (William Christie)

COMPOSITEUR Georg Friedrich HAENDEL
LIBRETTISTE Antonio Salvi / Nicola Francesco Haym

 

ORCHESTRE Orchestra of the Age of Enlightenment
CHOEUR
DIRECTION William Christie
MISE EN SCENE Jean-Marie Villégier
DECORS Nicolas de Lajartre / Pascale Cazales
COSTUMES Patrice Cauchetier
LUMIERES Bruno Boyer
Grimoaldo Kurt Streit
Rodelinda Anna Caterina Antonacci
Garibaldo Umberto Chiummo
Eduige Louise Winter
Bertarido Andreas Scholl
Unulfo Artur Stefanowicz
DATE D’ENREGISTREMENT juin 1998
LIEU D’ENREGISTREMENT Festival de Glyndebourne
EDITEUR Warner Vision France
DISTRIBUTION
DATE DE PRODUCTION 9 août 2005
NOMBRE DE DISQUES 1
CATEGORIE Format 4 / 3 PAL – Son Dolby Digital 2.0 Stereo
DISPONIBILITE zones 2, 3, 4, 5
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

Critique de cet enregistrement dans :

  • Diapason – mai 2006 – appréciation 4 / 5

« En faisant appel pour la première fois à Jean-Marie Villégier, la direction duFestival de Glyndebourne devait attendre que le grand prêtre d’Atys et de Médée sacrifie la cornélienne Rodelinda sur quelque autel Grand Siècle — ou au moins dans la Londres de Walpole comme il l’avait fait huit ans plus tôt avec Alcina. Or Villégier cède à son tour. Cette histoire de monarque étouffé par l’usurpateur et de reine insoumise au pouvoir félon lui inspire l’aggiornamento d’usage : l’action glisse de la Lombardie médiévale aux abords d’un de ces palaces louches où l’uniforme fasciste, à Livourne comme à Vienne, à Pétersbourg comme à Vichy, aima pavoiser. La transposition de la scène baroque à l’écran noir des années 1930 ne tombe pas assez sous le sens pour que se dissipent les vapeurs du maniérisme tout est fait, appliqué, voulu dans un spectacle tiré à quatre épingles. Il n’en reste pas moins vrai que le « resserrement du cadre », l’étouffante promiscuité de corps raidis par la terreur ou l’ambition, la puissance de regards ciselés alla Dreyer, que cet écran formel dont Villégier s’est rendu maître conte Rodelinda comme jamais. Et si le miracle de Theodora (1996) ne se reproduit pas, c’est moins par la faute d’un metteur en scène sceptique ou d’un William Christie plus profondément touché par l’oratorio chrétien que par l’opera seria (lui-même nierait sans doute une telle préférence) que par celle d’un plateau bancal. Antonacci a tout d’une Rodelinda, le port, la stature, le verbe, le souffle, le tragique incarné, tout sauf le chant, hélas ! Louise Winter, chienne à plaisir, eut fait une Eduige idéale pour John Huston, mais ses arias tiennent de la simple parodie. Le noble Kurt Streit esquisse deux ou trois phrases d’un bel canto schématique, mais la vraie, la seule émotion vocale, nous la devons à Andreas Scholl, Bertarido fragile, peut-être trop humble et uni sous les auspices d’Alfred Deller, irrésistible pourtant de finesse, de poésie, de… chant. Magiquement accompagné par l’Age of Enlightenment et Christie en lévitation, “Dove sei“ est d’anthologie. Quoi qu’il en soit, en attendant le retour de Priestman et au-delà de ses insuffisances, tous supports confondus, vous ne trouverez pas aujourd’hui de Rodelinda plus recommandable. »

  • Opéra Magazine – février 2006 – appréciation 3 / 5

« Lors de sa création à Glyndebourne (1998), cette production avait soulevé l’admiration, avant d’être publiée en VHS. Si nous la retrouvons avec intérêt en DVD, l’enthousiasme n’est plus le même. D’une part, l’effet de la nouveauté est passé, d’autre part, le spectacle, filmé sans trop d’imagination, est moins séduisant en vidéo que dans la salle, les limites de l’approche de Jean-Marie Villégier ressortant avec évidence. La référence au cinéma en noir et blanc, en effet, n’est pas toujours aisée à combiner avec les impératifs dramaturgiques de la partition. Les lumières restent assez ternes, et les changements de décors perdent de leur impact. Bien qu’ayant saisi la nature des personnages, le metteur en scène semble parfois embarrassé et le traitement de certains tableaux ressemble fort à du remplissage. Bertarido chante trop systématiquement à genoux ou assis par terre, et Villégier ne sait (ou ne veut) éviter quelques gags totalement inutiles au troisième acte, lesquels semblent traduire sa relative impuissance à amener le dénouement. L’intérêt principal de cette parution réside alors dans une distribution de très bonne tenue. Sans avoir exactement la voix et le style exigés par le rôle-titre, Anna Caterina Antonacci convainc aisément grâce à ses talents d’actrice et à la force de son incarnation. Andreas Scholl, pour ses débuts à l’opéra, offre une magnifique prestation, la plus satisfaisante vocalement de la soirée. Quant à William Christie, son Haendel sonne définitivement mieux, notamment en termes de couleurs, avec l’Orchestra of the Age of Enlightenment qu’avec ses Arts Florissants. L’ensemble est donc agréable à suivre, mais manque de contrastes et offre peu d’émotion. Au disque audio comme vidéo, une excellente Rodelinda se fait toujours attendre. »

  • Classica / Répertoire – février 2006 – appréciation Recommandé 10

« On le signalait voici quelques mois à la parution de la version munichoise de Rodelinda en DVD, c’est à celle de Glyndebourne qu’il vaut mieux aller. C’est que sur le même parti d’actualisation (l’Italie fasciste, mais plus ancrée dans le réalisme que la version de David Alden), Jean Marie Villégier offre un spectacle noir, élégant, raffiné (et aisé à filmer), qui n’enlève rien à la dramaturgie intense de cette lutte de pouvoir et à ces élans d’émotion et d’amour qui sont l’une des plus éblouissantes réussites de Haendel. William Christie dirige cela avec élan, et détermination, sinon avec la pointe d’humour que le metteur en scène distille aussi ici et là, vertu qu’il a su ajouter depuis dans son récent Jules César local. Mais cela joue incontestablement le jeu de la noblesse d’âme et de la perversité. La distribution, assez magnifique, emporte sans peine l’intérêt. Quelques notes moins heureuses n’entachent guère les personnalisations de Chiummo, de Winter ou de Streit, mais c’est bien entendu la présence investie d’Antonacci qui attirera le regard et l’oreille à chaque instant. Et puis, il y a Scholl dans ses premiers pas à la scène, maladroit, sans rayonnement d’acteur, mais si vrai, si humain de chant qu’il contamine son image au point de le rendre aussi fascinant qu’irrésistible. Un must absolu. »

  • Le Monde de la Musique – janvier 2006 – appréciation 4 / 5

« Avec la Rodelinda mise en scène par Jean-Marie Villégier au Festival de Glyndebourne (et reprise à Paris, au Théâtre des Champs-Elysées), on mesure la distance parcourue dans la mise en scène de Haendel. Brillamment dirigée par William Christie avec des tempos soutenus qui donnent à ce drame intimiste une expression racinienne, Anna Caterina Antonacci possède le style et la technique qui lui permettent d’associer la crédibilité d’un personnage à tout l’arsenal des ornements et des raffinements du chant haendéhien. Certes, la voix est courte, sinon sèche, parfois vibrée à l’excès, et ne recèle pas la magie qu’ont pu y jeter quelques-unes de ses légendaires devancières dans le rôle, comme Joan Sutherland et Teresa Stich-Randall (dont la mémorable gravure en studio n’a jamais été publiée en CD). Sobre, incisive, chantant au « carré », Antonacci est une actrice habitée, servie par un physique de rêve.A ses côtés s’impose Andreas Scholl dans un rôle qui ne requiert quasiment pas d’envolées héroïques, à l’exception d’un « Vivi tiranno » enlevé avec une aisance éblouissante. Dans le rôle de Grimoaldo, Kurt Streit déploie un timbre ardent qui donne à son rôle de méchant une troublante dimension. Tout le reste de la distribution est de haut niveau, quoique les minauderies de Louise Winter puissent agacer. »