Rodelinda (Harry Bicket)

COMPOSITEUR Georg Friedrich HAENDEL
LIBRETTISTE Antonio Salvi / Nicola Francesco Haym

 

ORCHESTRE The Metropolitan Opera Orchestra
CHOEUR
DIRECTION Harry Bicket
MISE EN SCENE Stephen Wadsworth
DECORS Thomas Lynch
COSTUMES Martin Pakledinaz
LUMIERES Peter Kaczorowski
Grimoaldo Joseph Kaiser
Rodelinda Renée Fleming
Garibaldo Shenyang
Eduige Stephanie Blythe
Bertarido Andreas Scholl
Unulfo Iestyn Davies
Flavio Moritz Linn
DATE D’ENREGISTREMENT novembre 2011
LIEU D’ENREGISTREMENT New York – Metropolitan Opera
EDITEUR Decca
DISTRIBUTION Universal
DATE DE PRODUCTION 8 octobre 2012
NOMBRE DE DISQUES 2
FORMAT PAL – 16:9 – stéréo LPCM – DTS 5.1
DISPONIBILITE
SOUS-TITRES EN FRANCAIS

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  • Opéra Magazine – novembre 2012 – appréciation 4 / 5

« Rodelinda n’est certes pas le plus mal servi des opéras de Haendel en DVD, avec la production du Festival de Munich 2003, dirigée par Ivor Bolton, mise en scène par David Alden et chantée par Dorothea Roschmann et Michael Chance (Farao C1assics), et surtout celle du Festival de Glyndebourne 1998, signée Jean-Marie Villégier, avec William Christie à la baguette, Anna Caterina Antonacci dans le rôle-titre et Andreas Scholl en Bertarido (Warner). On se demandait néanmoins pourquoi le spectacle créé au Met au cours de la saison 2004-2005, qui marquait l’entrée de Rodelindo au répertoire de la maison, n’avait pas encore bénéficié de cette consécration. À l’époque, il avait en effet créé l’événement. Filmée lors de sa reprise en décembre 2011, avec les mêmes Renée Fleming, Stephanie Blythe et Harry Bicket, mais Andreas Scholl à la place de David Daniels (Bertarido) et Joseph Kaiser à celle de Kobie van Rensburg (Grimoaldo), la mise en scène de Stephen Wadsworth n’a rien perdu de son charme, ni de sa rigueur. L’action est transposée du Moyen Âge au XVIIIe siècle, avec de magnifiques décors et costumes; et dans ce cadre opulent livret et musique sont respectés, La mécanique dramatique fonctionne en plus à la perfection, démontrant s’il en était besoin, l’inutilité des délires et autres gags sans queue ni tête qui dénaturent tant de productions. La distribution hélas, luxueuse comme les affectionne le Met ne nous comble pas totalement. Les moyens sont généralement somptueux, mais la vocalité n’est pas tout à fait celle qui convient souvent trop lourde là où il faudrait davantage de souplesse et de morbidezzo.Tel est le cas, en particulier de Renée Fleming, Stephanie Blythe et Joseph Kaiser. À l’opposé, Andreas Scholl atteint ses limites dans une salle aussi vaste (celle de Glyndebourne lui était, sur ce plan, plus favorable), même si Bertarido lui convient mieux que des rôles plus héroïques, tel Giulio Cesare. Dans tous les cas, le David Daniels de 2004 aurait été nettement préférable, le contre-ténor américain possédant une densité dans le timbre et une projection supérieures à celles de son confrère allemand. Harry Bicket, enfin, constitue l’un des atouts maîtres de ce DVD. Le maestro britannique est, à l’heure actuelle, l’un des chefs qui savent le mieux plier les orchestres des grandes maisons aux exigences du répertoire baroque. Malgré la réalisation trop neutre et peu imaginative de Matthew Diamond, nous ne nierons pas avoir pris plaisir à visionner ce document. Nous irions même, peut-être, jusqu’à le préférer à celui de Glyndebourne, plus monotone visuellement – un contresens dans ce genre d’œuvre – et assez inégal, par delà quelques grands moments. »

  • Forum Opéra – Zeffirellisée !

« A part Haendel, aucun compositeur pré-mozartien ne s’est imposé au Met, car même le pasticcio annoncé à grands cris la saison dernière, The Enchanted Island, était composé à 75% d’airs du caro sassone. Un premier Haendel, Rinaldo, fut monté en 1984 pour Marilyn Horne, et en 1986, Samson pour Jon Vickers. Giulio Cesare a été le plus souvent donné, avec différents couples vedettes : Troyanos-Battle en 1988, Larmore-McNair en 1999, puis Daniels-Swenson et Zazzo-De Niese en 2007. Comme l’explique Deborah Voigt, hôtesse de cette Rodelinda qui fut à l’origine un des « Met broadcasts » diffusés dans les cinémas de toute la planète, la musique baroque fut longtemps considérée à New York comme l’affaire des petites salles, où les drames intimes réunissant une poignée de personnages étaient plus à leur place que sur l’immense scène du Met. Mais comme les stars dudit Met se sentent désormais chez elles dans ce répertoire, il a fallu trouver une solution. C’était en fait bien simple : il suffisait de zeffirelliser les œuvres en question. Zeffirelliser ? Mais oui : construire d’énormes décors hyper-réalistes avec changements à vue (par déplacement latéral ou vertical), vêtir les protagonistes de somptueux atours, ajouter des figurants – laquais, servantes, soldats, palefreniers ; ne manquent que es danseurs, difficiles à justifier ici, et les animaux, ces chevaux qu’on s’attend à voir surgir à tout instant dans la partie du décor représentant une écurie. Stephen Wadsworth (à qui le Met a également confié Boris Godounov et Iphigénie en Tauride) maîtrise l’art de la zeffirellisation. Et finalement, cela ne marche pas si mal : Haendel en technicolor, ou du moins Haendel revu et corrigé par l’ORTF au bon vieux temps des dramatiques télévisées. Evidemment, le jeu d’acteurs est on ne peu plus stéréotypé, et il n’y a là pas une once de ce second degré que cultivait si habilement la production Villégier à Glyndebourne (et un peu trop celle de David Alden à Munich, parue en DVD chez Arthaus).En février 2004, pour faire plaisir à une chanteuse à qui New York ne refuse rien, Rodelinda fit son entrée au Met. Et si deux Bertarido se sont succédé entre ses bras, il n’est qu’une Rodelinda : Renée Fleming. Hélas, l’italien est pâteux, dénué de consonnes, invertébré, la vocalise est molle, l’ornementation parfois curieuse, et la dame abuse de petits sanglots en guise d’expression ; les subterfuges qui ont pu faire illusion à Paris dans le rôle sublime d’Alcina n’opèrent plus ici que dans certains airs (« Ombre, piante » ou « Se’l mio duol », malgré un aigu très aminci). Et l’on a connu l’actrice plus inspirée, ou surtout mieux dirigée. Stephanie Blythe possède un timbre somptueux, au grave abyssal, mais son chant a quelque chose de statique, il y manque la mobilité, l’urgence qui savent enflammer le public dans ce répertoire. En 2006, Andreas Scholl faisait ses débuts au Met dans ce rôle de Bertarido, qui lui avait permis de faire ses débuts à Glyndebourne en 1998 ! Hélas, le contre-ténor allemand a gagné en jeu théâtral ce qu’il a perdu en brillant vocal. La voix paraît désormais assourdie, comme ouatée, et l’on est très loin de l’inépuisable vigueur déployée dans « Vivi tiranno » et « Scacciata dal suo nido », les deux seuls extraits de Rodelinda interprétés au Met avant 2004, par Marilyn Horne lors de concerts donnés en 1982 et 1983 (le deuxième de ces deux airs est d’ailleurs coupé dans le présent DVD). En 2011, Iestyn Davies faisait en ses débuts au Met dans le rôle d’Unulfo où Christophe Dumaux avait fait les siens cinq ans auparavant. Sa voix paraît souvent plus sonore que celle de Scholl ; reste à affermir son italien, qui manque un peu de consonnes. La basse chinoise Shenyang possède une voix ample et agile, comme l’exigent les rôles haendéliens ; seul l’acteur paraît limité à quelques mimiques dédaigneuses ou doucereuses. Le ténor canadien Joseph Kaiser, qui avait remporté en 2005 le prix Operalia comme baryton, entendu à Paris en 2008 dans Fortunio, sait ce que suppose ce répertoire en termes d’expressivité, et on lui doit plusieurs fort beaux moments.Hélas, Harry Bicket dirige tout cela recto tono, d’une baguette imperturbable, comme s’il ne s’était rien passé, ou presque, depuis une trentaine d’années. Il est vrai qu’il dirige les instruments modernes de l’orcheestre du Met, mais avec lui, la musique de Haendel n’exprime absolument rien, ne suggère rien, elle n’a qu’une fonction décorative, dénuée de poids ou de sens, seuls les chanteurs étant censés transmettre des sentiments. Mais même avec les chanteurs, on n’a droit le plus souvent qu’à la grimace des sentiments et non à leur expression purement vocale. Même zeffirellisé, tout cela manque désespérment d’intensité, les émotions restent bien extérieures et personne n’a vraiment l’air d’y croire. Dans ces conditions, comment frémir avec Bertarido et Rodelinda lorsque, dans leur désormais célèbre duo, ils évoquent leur tourment « più che morte, aspro e forte » ? »

  • Classica – décembre 2012 – appréciation 3 / 4

« Captée en 2011 au Metropolitan Opera de New York, la présente mise en scène avait été créée pour et par Renée Fleming en 2004 puis reprise en 2006. Pour attirer un public encore peu familier de ce répertoire, la maison avait déroulé une affiche luxueuse réunissant nootamment David Daniels, Bejun Mehta et Kobie van Rensburg. Sept ans plus tard, la proposition reste tout aussi prometteuse mais les caméras et, surtout, les microphones semblent venir trop tard. Peut-on, sans passer pour un goujat, considérer que Renée Fleming n’a plus exactement la voix du rôle- titre? Les aigus ne sortent plus assez facilement ni très exactement. La soprano vedette peine en effet dans son premier air, le virtuose « L’empio rigor », et connaît quellques difficultés dans son émouvante prière à son époux qù elle croit disparu « Ombre piante »). Cela dit, les mêmes remarques pourraient égaalement s’adresser à Andreas Scholl, qui endossa le rôle de Bertarido en 1998 à Glyndebourne sous la direction de William Christie (DVD NVC Arts) : il semble en effet las dans le vigoureux « Vivi, tiranno ». Le reste de la distribution se maintient à un bon niieau et Harry Bicket mène la troupe avec conviction. Tous se glisssent sans sourciller dans la mise en scène très conventionnelle mais juste de Stephen Wadssworth. »