DVD L’Incoronazione di Poppea 1994

COMPOSITEUR Claudio MONTEVERDI
LIBRETTISTE Francesco Busenello

 

ORCHESTRE Les Talens Lyriques
CHOEUR
DIRECTION Christophe Rousset
MISE EN SCÈNE Pierre Audi
DÉCORS Michael Simon
COSTUMES Emi Wada
LUMIÈRES Jean Kalman

 

Poppea Cynthia Haymon
Nerone Brigitte Balleys
Ottone Michael Chance
Seneca Harry van der Kamp
Ottavia Ning Liang
Drusilla Heidi Grant Murphy
Arnalta Jean-Paul Fouchécourt
Nutrice Dominique Visse
Valletto Claron McFadden
Fortuna Elena Fink
Amore, Damigella Sandrine Piau
Virtu, Pallade Wilke Te Brummelstroete
Mercurio, Console Nathan Berg
Soldato I, Lucano, Tribune I, Famigliare II Mark Tucker
Soldato II, Liberto, Tribune II Lynton Atkinson
Littore, Famigliare III, Console II Romain Bishoff

 

DATE D’ENREGISTREMENT 1994
LIEU D’ENREGISTREMENT Amsterdam – Het Muziektheater

 

EDITEUR Opus Arte
DISTRIBUTION Codaex
DATE DE PRODUCTION août 2005
NOMBRE DE DISQUES 2
FORMAT Ecran 16 / 9 – Son LPCM Stéréo – DTS Surround
DISPONIBILITE Toutes zones
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

Egalement édité en avril 2007 dans un coffret de 7 disques Pierre Audi Amsterdam, regroupant L’Orfeo, Il Ritorno d’Ulisse, L’Incoronazione di Poppea, ainsi que Il Combattimento di Tancredi e Clorinda

Critique de cet enregistrement dans :

Crescendo – avril 2006 – appréciation 7 / 10

« Dès le début de sa trilogie (cette production date de 1994), Audi opte pour la stylisation, la sobriété des décors, limitant l’extravagance au costume d’Arnalta. De son côté. Rousset ne se permet que quelques coupures, habiles et indolores, il enrichit sans excès la fosse (flûtes, cornets, harpe…) et dirige un continuo souple et attentif. Le rythme est soutenu, le recitar cantaando maîtrisé et la plupart des rôles excellemment tenus, à commencer par le fier Othon de Michael Chance et le Sénèque plus stoïque que nature de Van der Kamp. Si le désarroi ou les adieux d’une Ottavia marmoréenne ne touchent guère, la nourrice de Fouchécourt est un régal, alors que Claron McFadden (Valletto) et Sandrine Piau (Damigella) lutinent délicieusement. Si cette version du plus érotique et sulfureux des opéras baroques ne manque donc pas d’atouts, l’essentiel lui fait pourtant défaut : la passion impérieuse, calculatrice, assassine, immorale, incandescente et à laquelle rien ne résiste. C’est autant un problème de casting que de direction d’acteurs : pâle séductrice, Cynthia Haymon reste bien trop sur son quant à soi et Brigitte Balleys incarne avant tout un monstre d’orgueil, pétri de certitudes, éludant la folie juvénile de Néron. Le travail de Klaus-Michael Grüber à Aix, discutable sur bien des points, réussit là où Pierre Audi échoue : Néron et Poppéc ne s’étreignent jamais, ne s’embrassent pas, ne se touchent pas, s’effleurent à peine, mais leur désir rayonne et électrise le plateau. Anne Sofie Von Otter et Mireille Delunsch offrant aux antihéros leurs regards intenses, comme hallucinés, et leurs accents brûlants de sensualité. »

Codaex – présentation

« Version épurée s’il en est, une énorme boule symbolisant le monde et une colonne de style romain seront les seuls éléments de ce huis clos où la séduc­trice Poppée réussira à éliminer ses rivaux afin de montèr sur le trône de Rome.
Le Couronnement nous permettra d’entendre la superbe Poppée de Cynthia Hamon. Avec une voix chaude, elle sait traduire les différents affects du personnage, passant de la tendresse, à la colère avec une maestria confondante, Brigitte Balleys, avec sa voix chaude de mezzo, est un Néron qui ne sort pas de la rou­tine. Merveilleuse Ottavia de Nin Liang, ses adieux à Rome sont un moment d’anthologie. Harry van der Kamp est un Sénéca plein de dignité. La palme de cette distribution revient incontestablement à Jean- Paul Fouchécourt, qui dans le personnage d’Arnalta, vaut à lui seul l’achat de ce DVD. Il est à la fois drôle, et facétieux dans l’interprétation de cette vieille nourrice qui s’attache à favoriser l’ascension de sa maîtresse. Christophe Rousset à la tête des talents lyriques, soutient à merveille le discours fluide voulu par Monteverdi. »

Concertclassic

« Pierre Audi a transporté les trois opéras de Monteverdi hors du temps. On aime son univers stylisé, ses lumières étranges, son goût des symboles et la cohérence de son propos éclate avec un certain génie dans le Couronnement…
Pour le Couronnement, Rousset se montre décidément à son affaire, vif, accorte lorsqu’il faut, héroïque, philosophe, décadent, et son Néron, Brigitte Balleys, étonne par l’engagement expressif. Toute une compagnie de chant familière de l’ouvrage (Fouchécourt, Visse évidemment impayable et même Michael Chance dans probablement sa meilleure Octavie) met le vrai sel d’un théâtre qu’Audi n’avait voulu qu’effleurer ! »

Classica / Répertoire – février 2006 – appréciation 5 / 10

« L’esthétique de Pierre Audi est stylisée : divinités identifiables par un animal ou un symbole, humains fagotés entre passé et présent…Venue du même théâtre hollandais…, la Poppée de Christophe Rousset s’avère musicalement respectueuse: le chef se montre un illustrateur fort attentif à la mélancolie grinçante de œ théâtre génial où triomphent le vice et le crime. Pierre Audi affectionne les costumes empesés avec des effets de drapés pouilleux. On retrouve ses tics esthétiques: éclairages latéraux, feux géométriques et gestuelle pauvre. Si Néron et Poppée, confiés à des voix féminines, sont sans enthousiasme, les routards de la partition comme Jean-Paul Fouchécourt, Harry van der Kamp, Dominique Visse ou Michael Chance n’ont aucun mai à réenchanter ce sommet de l’histoire lyrique, une production honnête donc, mais sans rien de la magie de Gruber/ Minkowski. »

Goldberg – décembre 2005 – appréciation 4 / 5

« De la trilogie monteverclienne réalisée par Pierre Audi, l’Incoronazionc di Poppea est le volet le plus déroutant. Le metteur en scène prend en effet le contre-pied de son Ritorno d’Ulisse shakespearien, et, à l’instar de Busenello et Monteverdi portant des figures historiques à la scène lyrique pour la première fois, élève Poppea au rang de mythe. Les décors nus, cosmiques de Michael Simon et les costumes archaïsants d’Emi Wada apparaissent ainsi comme un hommage à l’univers légendaire dc Wieland Wagner, alors que Pierre Audi donne chair et vie à ses personnages, épousant les courbes des corps par une direction d’acteurs contrastée. A ces tableaux d’une stupéfiante beauté, jusqu’à l’épure primitive, répond la réalisation musicale inspirée de Christophe Rousset. A la tête d’un ensemble agrémenté de cornets et de flûtes, le claveciniste et chef français révèle enfin le manuscrit de Venise dans sa quasi-intégralité, avec quelques emprunts à Naples, dont la Sinfonia d’ouverture. L’acuité rythmique et la souplesse ne sont rien face à la richesse des sonorités et la variété des couleurs qu’il obtient de ses Talens Lyriques. Superbe, la distribution est dominée par Brigitte Balleys, littéralement possédée par le personnage de Nerone, auquel elle offre toutes ses aspérités vocales. Tout aussi rongée par la fureur de l’abandon, l’Ottavia de Ning Liang trouve dans l’Ottone placide de Michael Chance le jouet docile de sa vengeance. Il n’aura finalement manqué à cette production qu’une Poppea plus incandescente, plus vénéneuse que la ravissante, mais insipide Cynthta Haymon. »

Opéra Magazine – décembre 2005 – appréciation Diamant Opéra

« Le livret de Busenello est le noeud de cette production, captée en 1994 à Amsterdam. Lisant le texte avec une passion lucide qui frôle l’exhaustive littéralité, Pierre Audi fait percevoir comme naturel chaque mouvement expressif, et comme textuels ces tuilages entre les scènes que constitue la survenue anticipée de certains protagonistes. Il a élaboré une écriture scénique à la fois symbolique (la violence est mise à distance, tandis que la tension entre tragique et grotesque est atténuée) et pudique (les scènes entre Poppea et Nerone n’en sont que plus incandescentes). Dans une quasi-absence de décors, se dévoile à nos yeux une histoire qui donne un poids égal à chaque rôle mais dont, en réalité, les véritables personnages sont les sentiments et les pensées qui grouillent devant nos yeux.
Autre artisan de la réussite, Christophe Rousset, tout aussi puissamment passionné par le mot, et par sa projection dans l’espace acoustique et dans l’esprit du spectateur. On m’émerveille devant des récitatifs si ductiles et devant une si opportune liberté laissée, dans l’instant, à la déclamation. La distribution vocale est si idéalement adaptée aux choix du tandem Audi-Rousset que le moindre mouvement d’âme existe sur scène. Pour habiter une Poppea moins aventurière qu’amoureuse, Cynthia Haymon offre une voix charnue et un sens dramatique engagé. Par son inépuisable intelligence textuelle, Brigitte Balleys campe un émouvant et profond Nerone, plus passionnel que capricieux. Michael Chance est l’Ottone que, depuis vingt-cinq ans, nous attendions de voir et d’entendre : ce rééquilibrage donne à tout l’opéra une dimension jusque-là effleurée. Signalons un Seneca (Harry van der Kamp) qui, enfin, ne fait pas que ratiociner. »

Diapason – décembre 2005 – appréciation Diapason d’or

« Deux spectacles de l’Opéra néerlandais d’Amsterdam, consacrés aux opéras vénitiens de Monteverdi, paraissent simultanément. Pierre Audi a signé ces deux mises en scène jumelles, d’une grande puissance dramatique et d’une fascinante beauté visuelle. Elles se distinguent par leur extrême stylisation, soulignée par la nudité du plateau et par de somptueux éclairages, tout en clair-obscur…Poppea est plus animée, mais, paradoxalement, c’est la direction d’acteurs qui fascine avant tout. Elle peint les personnages dans toute leur complexité et leurs contradictions. Les décors et les costumes sont frappants. Qu’ils soient géométriques (Arnalta a d’abord l’allure d’une sculpture constructiviste des années 1920, puis d’origami japonais) ou ethniques (Seneca, Poppea et Nerone) ils soulignent le caractère intemporel de l’oeuvre, sans pour autant la porter à l’abstraction. Rarement les passions, la chair et le sang ont été aussi sensibles dans cet opéra : à ce titre, cette version est sans conteste la plus convaincante disponible à ce jour en DVD. De plus, la distribution vocale est somptueuse. Cynthia Haymon est une Poppée sensuelle, belle et venimeuse. Brigitte Balleys campe un Néron mûr et décidé, amoureux et autoritaire, mais jamais en proie à la folie. Harry Van der Kamp incarne un Seneca impénétrable, d’une profondeur émauémouvante et énigmatique à la fois. Enfin, Jean-Paul Fouchécourt est une merveilleuse Arnelta, qui forme avec Dominique Visse un couple sans égal de nourrices rivales et tendres. Enfin, Christophe Rousset signe une réalisation orchestrale fidèle et efficace aux coloris variés. »

Le Monde de la Musique – octobre 2005 – appréciation 3 / 5

« On a si souvent vu, ces derniers temps, Poppée en nuisette ou Néron en rasta, que ce spectacle filmé il y a onze ans à Amsterdam fait l’effet d’un document archéologique. L’ennui, c’est que de riches costumes inspirés de la peinture italienne et un décor minimaliste et raffiné ne suffisent pas à rendre justice au chef-d’oeuvre de complexité et d’ambiguïté qu’est « Le Couronnement de Poppée ». A trop vouloir donner une unité à cet ouvrage qui n’est que contrastes, à en gommer systématiquement la violence et la truculence, le metteur en scène Pierre Audi lui a coupé les ailes, et l’on trouve vite le temps long. C’était aussi le défaut du spectacle aixois diffusé en DVD par Bel Air Classiques, mais la mise en scène de Klaus Michaèl Grüber était sauvée par quelques moments de théâtre que l’on ne trouve pas ici.
Dramatiquement justes mais bridés dans leurs élans, les chanteurs sont eux aussi en retrait et leur chant n’est pas assez souverain pour se suffire à lui-même. Même Jean-Paul Fouchécourt et Dominique Visse, que l’on a vu ailleurs brûler les planches en Nourrices cyniques, se fondent dans la grisaille ambiante. Christophe Rousset, qui a établi une « version longue » de l’ouvrage à partir des deux manuscrits conservés à Naples et Venise, parvient, mais tout seul, à donner une idée de sa richesse. »

Codaex – Présentation

« Cet ouvrage est l’un des premiers opéras de l’histoire de la musique qui met en scène un sujet historique à l’opposé des sujets mythologiques choisis auparavant. L’empereur Néron, qui aime Poppée, laquelle est plus séduite par le trône que par Néron en personne, veut répudier l’impératrice Octavie. Suivent complots, trahisons, exils, tragédies… jusqu’au couronnement de Poppée comme impératrice après le départ forcé d’Octavie. L’occasion rêvée pour Christophe Rousset de nous proposer une grande fresque élégante, jubilatoire, une distribution très homogène, comme toujours avec lui, dans une mise en scène étonnante de naturel, d’inventivité et de sincérité de Pierre Audi pour ce spectacle créé à l’Opéra d’Amsterdam. »