DVD Les Paladins

LES PALADINS

COMPOSITEUR

Jean-Philippe RAMEAU

LIBRETTISTE

Duplat de Monticourt

 

ORCHESTRE Les Arts Florissants
CHOEUR
DIRECTION William Christie
MISE EN SCÈNE José Montalvo
DÉCORS José Montalvo
COSTUMES

Dominique Hervieu, Julie Scobeltzine et Emilie Kindt-Larsen

LUMIÈRES

Philippe Berthomé

CHORÉGRAPHIE

José Montalvo et Dominique Hervieu

Nérine Sandrine Piau soprano
Argie Stéphanie d’Oustrac soprano
Fée Manto François Piolino haute-contre
Orcan Laurent Naouri basse
Un Paladin Emiliano Gonzales Toro haute-contre
Atis

Topi Lehtipuu

haute-contre
Anselme René Schirrer

DATE D’ENREGISTREMENT 24, 26 et 28 mai 2004
LIEU D’ENREGISTREMENT Théâtre du Châtelet

EDITEUR BBC – Opus Arte
DISTRIBUTION
DATE DE PRODUCTION 17 novembre 2005
NOMBRE DE DISQUES 2 ( documentaire Baroque that rocks ! de Reiner E. Moritz)
FORMAT PAL – Son Dolby stéréo/Digital DTS
DISPONIBILITE Toutes zones
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

 Critique de cet enregistrement dans :

Crescendo – avril 2006 – appréciation Joker Crescendo

« Fort du succès de Platée, le fringant génie de 76 printemps se crut pourtant autorisé à renchérir dans l’expérimentation, la parodie et l’autodérision. Il s’aliéna ses contemporains, engoncés dans leurs conventions et scandalisés par une créature androgyne, allumée et allumeuse (la fée Manto). Deux siècles plus tard (2004), l’ouvrage connaissait un véritable triomphe au Théâtre du Châtelet. Interviewée dans le film livré en bonus, Dominique Hervieu souligne à quel point chaque note de Rameau a sa propre expressivité. C’est la clé de cette production magique : chaque note féconde l’imagination des deux chorégraphes, qui ont su garder une âme d’enfant. Doublés par des danseurs hip-hop qui épousent les moindres inflexions de leur chant et traduisent leurs élans, les chanteurs se trémoussent à leur tour, décomplexés : la symbiose est totale, la comédie et le ballet se mêlent avec un naturel confondant. Montalvo manie la vidéo en virtuose, projetant sur deux ou trois écrans une imagerie luxuriante, drôle, poétique, convoque un splendide bestiaire emprunté à La Fontaine (un de ses contes inspire le livret) comme à la statuaire baroque, ose le nu métis et frontal, les métamorphoses à vue (en papillon, en oiseau) et ses break dancers communiquent à l’orchestre une vitalité inouïe. Les autocitations de Rameau (Castor et Pollux, Hippolyte et Aricie, Anacréon…) se transforment en autant de flash-back pour des Arts Flos survoltés qui parcourant leur répertoire avec une évidente gourmandise. Et le plateau? Piquante Nérine de Piau, conversion réussie de la tragédienne d’Oustrac en amante fidèle et sensible, impayable Naouri en poltron gesticulant, Anselme rustre à souhait, Manto extravagante jusqu’au bout des doigts et, last but not least, le svelte, le rayonnant Atis de Topi Lehtipuu, timbre charnu et viril malgré la tessiture. Un spectacle d’une incroyable fraîcheur, coloré, inventif jusqu’au vertige, car une seule vision ne permet guère d’apprécier les myriades d’idées qui le jalonnent. Vous en sortirez le regard étoilé, bondissant sur des nuages de bonheur comme les joyeux paladins de José Montalvo et Domunique Hervieu! »

Opéra Magazine – avril 2006 – appréciation Diamant Opéra

« Rameau fut-il jamais plus libre qu’à l’orée dc ses 80 ans ? Sans doute pas. Osons affirmer que les Paladins, son avant-dernière création lyrique, représentée pour la première fois en 1760, dépasse mêmePlatée, l’autre comédie-ballet. Au travers de la duplication, par un gigantesque patticio déja savoureux et suffisant à lui seul, de tout le répertoire de l’opéra depuis ses origines (Rameau n’hésitant pas à se mettre lui-même en boîte), le compositeur-philosophe pousse encore plus loin sa pensée sur l’art et le vrai, au travers de la dialectique entre artifice et nature. C’est étourdissant et unique damss l’histoire du genre.

Dans cette production captée au Théâtre du Châtelet en mai 2004, José Montalvo et Dominique Hervieu, plutôt que de décoder poutr le public actuel tout l’univers référentiel dont, il y a plus ec deux siècles, Rameau gonfla ses Paladins, ont travaillé et magnifié l’idée’ même de duplication, dans toutes ses acceptions : décalages spatio-temporels, dédoublements, hommes-animaux et animaux humains, hommes-arbres, travail sur les proportions entre les acteurs… Grâce à une virtuose et vibrionnante création chorégraphique, réinventant, en un creuset, tous les styles de l’histoire de la danse, de la danse baroque jusqu’au hip-hop, les deux dramaturges déroulent un imaginaire sans fin. Leur grand art consiste à nourrir de nouvelles idées, jusquà la fin, un dispositif initial en lui-même savoureux, et de nous surprendre sans cesse par son subtil entrelacs de poésie, de temsdresse et d’humour. Après avoir vu ce spectacle à sa création, puis regardé ce DVDà plusieurs reprises, comment ne pas nous émerveiller de découvrir en chaque occasion des pépites passées jusque-là inaperçues ! De la joie à l’état pur.

Le plateau est de premier ordre, il est même idéal. Aussi grands acteurs (ils se mêlent admirablement à cette fantasmagorie chorégraphique) que vocalistes impeccables, les chanteurs trouvent dans cette écriture scénique et dans l’art ramiste des libertés et des prouesses musicales infinies. Il serait vain de les citer tous les six, tant chacun rend son rôle éviuient. Et le grand marmiton William Christie, à la tête de ses Arts Florissants, coordonne et stimule tout ce plateau avec une liberté et une precision au- delà de tout éloge. Une immense réussite, d’autant que la captation vidéo de François Roussillon est, une fois encore, remarquable. »

Classica – mars 2006 – appréciation 3 / 10

« La parution en DVD n’y changera rien : ce devait être une révolution, mais ce ne fut qu’une trahison. Avec cette nouvelle production des Paladins, William Christie souhaitait peut-être rééditer le coup génial d’Atys, en 1987 ‘ une date dans la redécouverte de l’opéra baroque. En 2004, les danseurs hip-hop de José Montalvo et Dominique Hervieu ont remplacé l’élégance post moderne de l’ancien spectacle de Jean-Marie Villégier. La scénographie utilise avec talent de la vidéo et multiplie les clins d’oeil malicieux à la vie citadine d’aujourd’hui. Laurent Naouri s’ébroue comme il peut à suivre les danseurs et cherche à prosodier comme MC Solaar. Un métro passe sur scène pendant un récitatif, William Christie dirige façon TGV, on lance des cerfs-volants, on court sur des tapis mécaniques pas une seconde n’est perdue, il faut distraire à tout prix. Il y a du rythme, de la vie, et pourtant, à aucun moment on n’a écouté d’opéra de Jean-Philippe Rameau. Pas un air qui ne soit tourné en ridicule (cette langue du XVIIIe siècle, quelle barbe!), pas une situation qui ne soit parodique (ce livret, quelle absurdité !). Tout le charme de ces étranges Paladins réside pourtant dans leur ambiguïté, leurs hésitations entre le sourire de la comédie et le merveilleux de la métaphore.

Rien de cela nest mis en lumière dans cette mise en scène ludique mais creuse. D’ailleurs, à ce jeu de l’uniforme et de l’arbitraire, n’importe quel opéra aurait pu faire l’affaire. Alors pourquoi les Paladins ? José Montalvo n’a-t­iI pas les ressources pour se lancer dans une véritable création? On aimerait ne pas jouer les rabat-joie, ne pas trouver ridicule cette satisfaction béate qui tient lieu de mise en scène. Mais, loin de nous charmer, elle nous renvoie involontai­ement à notre propre médiocrité. Molière, qui s’y connaissait en comique, avait pourtant prévenu : « on veut bien être méchant, mais on ne veut point être ridicule ».

Classica – mars 2006 – appréciation Recommandé 10

« Pour redonner vie au pénultième opéra-ballet de Rameau, que l’on n’avait plus entendu depuis sa recréation en 1990 par Jean­Claude Malgoire, le Théâtre du Châtelet a frappé un grand coup en demandant à José Montalvo et Dominique Hervieu de relooker l’oeuvre. Ce vilain verbe ici s’impose tant le mélange de vidéo numérique, de break-dance, d’acrobatie hip-hop et de classicisme volontairement saugrenu continue de décoiffer, d’autant que l’oeuvre bénéficie au DVDd’une mise en image recherchée, avec un découpage en plans séparés qui donne une lisibilité supplémentaire au dispositif déjà bouffon de la mise en scène. Goulûment interprétée par les Arts florissants et son chef enchanté, la partition luxuriante, dansante, amusante, trouve dans la débauche de couleurs, de gags animaliers, de surenchère visuelle et de performance physique, un écrin moderne à sa naïveté surannée. Montalvo joue de cette opposition des époques et y réussit. Rarement on aura vu, dans un opéra-ballet, danseurs et danseuses être à ce point en adéquation avec la musique. A croire que Rameau a composé pour le hip-hop, tant leurs énergies semblent faites l’un pour l’autre… La maestria de cette jeune troupe épouse chaque inflexion, note ou da capo avec une spontanéité autrement vivante que bien des ballets baroques. Ils et elles sont pour beaucoup dans le charme de cette production joueuse, servie par des chanteurs tous magnifiques, du cocasse Laurent Naouri à l’exquise Stéphanie d’Oustrac, de Sandrine Piau au ténor splendide de Topi Lehtippu.

L’action, tirée d’une fable de La Fontaine, enchaîne sans lasser une pléthore de gags visuels avec un usage du multimédia des plus jouissifs. Il faudra attendre Bill Viola et son Tristan pour rencontrer un art aussi en adéquation avec l’oeuvre qu’il sert. Leçon de mise en scène et d’optimisme, ce DVD est déjà un classique. On ne zappera pas non plus le bonus « Baroque that rocks ». »

Diapason – février 2006 – appréciation Diapason d’or

« Grand écart entre Le Bourgeois gentilhomme rendu à sa »matière » originale par Benjamin Lazar et ces Paladins réinventés par Jasé Montalvo et Dominique Hervieu, mis en scène, en smurf, en hip-hop, en trampoline, vibrant à la musique de Rameau comme une feuille d’aluminium devant un haut-parleur. Mais par-delà leurs différences de langage, radicale, les deux spectacles ont en commun d’incarner un enjeu essentiel du baroque français, le Merveilleux. Cette porte ouverte sur l’imaginaire justifiait les innombrables danses et autres transformations à vue de la tragédie lyrique, cette forme de séduction participait à l’ivresse mais refusait la démesure inhumaine. Emerveiller sans trop impressionner, tout le miracle des Paladins est là, avec leur bestiaire vidéo et leurs chanteurs-élastiques, un peu comme au cirque on applaudit le numéro de jonglage ou de trapèze avec infiniment plus de tendresse qu’une épreuve des jeux olympiques.

Après le triomphe du Châtelet, on pouvait craindre que cette magie du spectacle, filmé sur le vif, ne soit pas rendue par le DVD. Inventive, très retravaillée, la captation de François Roussillon contourne tous les écueils an reprenant parfois l’image vidéo à la source pour la réinjecter sur le film, en divisant l’écran comme Montalvo étageait le mur de scène, en juxtaposant visages et plan larges. Une superbe réussite, indispensable également à tous ceux qui ont vu le spectacle sur scène : de près, le chanté-dansé de Piau, d’Oustrac, Piolino et Naouri est encore plus exaltant, tout comme l’Anselme ronchon à souhait de René Schirrer et l’Atis pétillant de Topi Lehtipuu. »

Le Monde de la Musique – janvier 2006 – appréciation 4 / 5

« A première vue, ce spectacle qui a remporté un beau succès au Châtelet en 2004 est un ballet multimédia de José Montalvo, illustré par une musique de Jean-Philippe Rameau. Mais à y regarder de plus près, on s’aperçoit que Montalvo et sa complice Dominique Hervieux ont assez scrupuleusement monté ces Paladins, où Rameau se moque de lui-même et de la tragédie lyrique en général mais où il n’a pas retrouvé l’ironie amère de Platée, composé quinze ans plus tôt, en 1745. Comme le spectacle, Les Paladins sont inénarrable., au sens premier du terme, c’est-à-dire irracontables. En vidéo, habilement filmées par François Roussillon ‘ qui n’a pas eu la tâche facile eu égard à la profusion d’images réelles et virtuelles et à l’envahissement du plateau par une armée de chanteurs et de danseurs montés sur ressorts ‘,les deux heures et demie que dure le spectacle passent en un éclair. Gagné par l’énergie qui se dégage du plateau, William Christie fait briller de mille feux cette musique qui n’est pas du plus grand Rameau mais qui regorge d’inventivité, et les chanteurs parviennent à s’acquitter de leur tâche tout en faisant entrechats et cabrioles. »

Concertclassic

« Les voici ces Paladins jouissifs qui avaient secoué le public du Châtelet et déclenché une polémique très parisienne. La captation rend plus accessible encore le formidable fourmillement des délires de Montalvo, et suit au plus près les danseurs et le bestiaire vidéographique, on ne perd pas une miette d’un spectacle tourbillonnant jusqu’à la folie. Christie dirige léger, et peut-être toujours un peu trop buffo, mais les délires visuels exigent ce survol unilatéral.

Naouri, Orcan pleutre inoubliable, D’Oustrac, un peu légère en Argie mais si fine comédienne, Topi Lehtipuu, ténor percutant mais ligne de chant dure, acteur séduisant et pèlerin swinguant jusque dans son air de triomphe final, Schirrer, assez formidable de déconfiture en Anselme, tous cèdent le pas devant François Piolino, Fée Manto perverse, coquine, bonne fille, on ne sait plus trop tant le numéro est réussi, et la voix subtile. Une fête à consommer tout de même avec une certaine modération si vous voulez éviter la crise d’épilepsie. »

 Ars Musica

  http://ahbon.free.fr/DVD_824.html

 Altamusica

« Inspiré de La Fontaine, l’avant-dernier opéra de Rameau fut à la fois un scandale et un échec retentissants ; le public ne goûta ni l’ironie de la musique, ni le mezzo carattere du livret, et fut surtout choqué par la provocation de certaines scènes, notamment les intrigues amoureuses masculines de la fée Manto jouée par un homme. La production du Châtelet s’est attachée à restituer l’univers décalé, parodique et impertinent de l’oeuvre, par un recours à un dispositif scénique envahi par la vidéo, et l’omniprésence de la danse ‘ ou plutôt des danses. Classique, break-dance et autre capoeira accompagnent les moindres ressorts d’une action qui ici ou là demanderait plus de variété ‘ les deux premiers actes sont tout de même parfois un brin répétitifs, sans doute à cause du dessein assumé par José Montalvo de confondre l’action et les divertissements ‘ mais ne pourrait susciter plus de vitalité. Maintes trouvailles visuelles font sourire ou éblouissent, avec une poésie pas si éloignée du merveilleux baroque et du culte du plaisir ‘ la danse des statues du jardin de Manto. Les chanteurs, très sollicités en scène, sont tous excellents, avec une mention spéciale pour le chant facile et suprêmement délicat de Topi Lehtipuu et l’espièglerie de Sandrine Piau. On appréciera moins le show un peu rebattu de Laurent Naouri, même si le rôle le permet. Restent l’orchestre et les choeurs des Arts Florissants, magnifiques de précision, d’inventivité, de caractérisation dans les textures et l’articulation. William Christie délivre une lecture colorée au possible, tantôt ductile, tantôt tranchante, de ce que l’on pourrait considérer comme la première opérette d’un compositeur de 77 ans, dans la veine caustique de ce qu’écrira un Offenbach. »