COMPOSITEUR | Claudio MONTEVERDI |
LIBRETTISTE | Alessandro Striggio |
ORCHESTRE | Les Arts Florissants – Les Sacqueboutiers |
CHOEUR | |
DIRECTION | William Christie |
MISE EN SCÈNE, DÉCORS, COSTUMES | Pier Luigi Pizzi |
CHORÉGRAPHIE | Georghe Iancu |
LUMIÈRES | Sergio Rossi |
Orfeo | Dietrich Henschel | |
Euridice | Maria Grazia Schiavo | |
Messagiera | Sonia Prina | |
Caronte | Luigi De Donato | |
Plutone | Antonio Abete | |
Ninfa | Hanna Bayodi | |
Pastore I | Xavier Sabata | |
Pastore II, Spirito I | Cyril Auvity | |
Pastore III, Spirito II | Juan Sancho | |
Pastore IV, Spirito III | Jonathan Sells | |
Eco | Ludovic Provost | |
Apollo | Agustín Prunell-Friend |
DATE D’ENREGISTREMENT | mai 2008 |
LIEU D’ENREGISTREMENT | Madrid – Teatro Real |
EDITEUR | Dynamic |
DISTRIBUTION | Codaex |
DATE DE PRODUCTION | 18 juin 2008 |
NOMBRE DE DISQUES | 1 |
FORMAT | PAL – |
DISPONIBILITE | Zone 2 |
SOUS-TITRES EN FRANCAIS | oui |
Critique de cet enregistrement dans :
Classica – octobre 2009 – appréciation 4 / 4
« Évoquer Pier Luigi Pizzi, c’est convoquer le dernier esthète italien de la scénographie avec Visconti et Zeffirelli. Voir cet Orfeo madrilène, premier volet d’une trilogie qui s’achèvera en 2010, c’est assister au bilan de la scénographie baroque depuis Ponnelle. Les musiciens costumés attendant l’apparition du sublime palais-théâtre y font irrésistiblement songer. Encyclopédiste de l’art, Pizzi fait débuter la représentation courtisane à Mantoue dans des costumes inspirés de Moroni. Mais celui qui fut le magicien de Rameau, Haendel et Rossini dans les années 1980, n’ignore pas que la mise en scène contemporaine n’est plus muséale. Après la mort d’Euridice, ses costumes s’actualisent donc autour d’une barque de Caron emplie de corps livides. Les ombres portent des bourkas blanches dont le tissu crée une inquiétante chorégraphie. Cette lecture racée est servie par des Arts Florissants et un William Christie extraordinaires de timbres et de couleur (la harpe !). Et cette manière unique de mener les madrigaux agrestes de l’acte I ! Mêlez à cette perfection le mordant cuivré des Sacqueboutiers et une distribution de rêve. En premier, Cyril Auvity qui mériterait le rôle-titre, Sonia Prina, tragique et suave, Maria Grazia Schiavo et son impeccable parlar cantando, le tendre Xavier Sabata ou l’Apollon ductile d’Agustin Prunell-Friend … Enfin il y a Henschel. Il détonne, mais il étonne. Son timbre sec où l’on sent comme un débordement volontaire de lied romantique tire Orfeo vers le théâtre, non vers le chant. On peut le regretter face à tant de doxa baroque, mais c’est cela qui propulse son poète-premier vers une éternité esthétique dont il porte superbement la métaphore. Avec les productions de Ponnelle et de Trisha Brown, cette rencontre entre Pizzi et Christie fait d’ores et déjà date dans la filmographie Monteverdi. »
Opéra Magazine – septembre 2009 – appréciation 3 / 5
« De L’Orfeo, capté au Teatro Real de Madrid en 2008, Pier Luigi Pizzi a un double entendement visuel et dramaturgique : d’abord la société, décorée, des humains, puis le monde, noir, des dieux infernaux. Il y ajoute son inclination à recycler des lieux communs esthétiques, dans l’esprit du pasticcio baroque. Parce que le maître d’œuvre tourne les deux premiers actes vers une joliesse superficielle et qu’il oublie que mettre en scène c’est aussi « mettre en temps », ce spectacle, ampoulé et prévisible, sans rythme dramaturgique ni direction d’acteurs, ne démarre pas, malgré des actes III et IV plus cohérents. Un filmage plat confirme que cette vision explicite contourne les enjeux panthropologiques, spirituels et symboliques – de l’ouvrage.
La partie musicale est plus consistante, malgré une ombre. Pourquoi Euridice et Proserpina sont-elles confiées à la même chanteuse? Symboliquement, Euridice morte ne peut être l’épouse de Plutone ! Heureusement, le subtil talent scénique et l’intelligence musicale de Maria Grazia Schiavo font presque oublier cette aberration. Dans le rôle-titre, Dietrich Henschel propose un travail très intériorisé. Malgré les deux premiers actes où il semble contraint (sans doute à cause de la production), il est poignant dans les deux suivants : il semble y poursuivre cette sorte de théâtre de l’intérieur qu’il avait intelligemment réalisé dans Wozzeck, quelques semaines plus tôt, à la Monnaie. Signalons également Antonio Abete, Plutone de grande classe.
Dans ce répertoire,William Christie et ses compagnons sont dans leur jardin. Les tempi sont toujours respirés avec les chanteurs (c’est si rare !), et les couleurs sont belles (notamment les deux violons solos dans « Possente spirto »). Les trois clés attribuées à ce coffret saluent leur travail ! »