DVD L’Orfeo 2009

COMPOSITEUR Claudio MONTEVERDI
LIBRETTISTE Alessandro Striggio

 

ORCHESTRE Orchestre du Teatro alla Scala – Concerto Italiano
CHOEUR
DIRECTION Rinaldo Alessandrini
MISE EN SCÈNE, DÉCORS, COSTUMES Robert Wilson
CHORÉGRAPHIE
LUMIÈRES

 

Orfeo Georg Nigl
Euridice, Eco Roberta Invernizzi
Messagiera, Speranza Sara Mingardo
Caronte Luigi De Donato
Plutone Giovanni Battista Parodi
Proserpina Raffaella Milanesi
Apollo Furio Zanasi

 

DATE D’ENREGISTREMENT Milan – Teatro alla Scala
LIEU D’ENREGISTREMENT 21, 23 décembre 2009

 

EDITEUR Opus Arte
DISTRIBUTION Codaex
DATE DE PRODUCTION 1er février 2011
NOMBRE DE DISQUES 1
FORMAT 16 : 9 HD – NTSC – Son 2.0 LPCM + 5.1(5.0) DTS
DISPONIBILITE Toutes zones
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

 

Disponible également en Blu-ray

Critique de cet enregistrement dans :

Péché de Classique

« Coproduit avec l’Opéra de Pans, l’Orfeo de Monteverdi, sous la diirection de Rinaldo Alessandrini dans la mise en scène de Robert Wilson, en réjouira certains et agacera les autres. Si l’on se réfère à l’excellente notice du musicologue Tim Carter, on est loin des fastes de la cour de Mantoue. Les costumes, vaguement d’époque, dans des tons grisâtres, la gestuelle, qui pour une fois est loin du théâtre nô cher au metteur en scène, ainsi que les maquillages clownesques engendrent une monotonie qui, fort heureusement, est largement compensée par une direction musicale des plus belles qui soit. La distribution est soignée à l’extrême, on y retrouve les chanteurs qui accompagnent deepuis quelques années Alessandrini. Georg Nigl est un Orfeo passionnant, sublime de chant et de tenue. Roberta Invernizzi (La Musique, L’Echo et Eurydice) excelle grâce à son timbre d’une grande pureté. Sara Mingardo pare de somptuueuses couleurs la Messagère et la Speranza. Le reste de la distribution brille dans un chant des plus suaves d’où se détachent le Caron abyssal de Luigi De Donato, et l’impérial Plutone de Giovanni Battista Parodi. Un Orfeo sublimé par sa partie musicale. »

Classica – mai 2011

« Exaspérant Bob Wilson! Qu’il mette en scène Pelléas, Butterfly, Siegfried ou une Passion de Bach, les éclairages sont identiques, les costumes interchangeables, la gestuelle immuable. Vingt-cinq ans que cela dure. Celui qui fut l’un des fers de lance du post-modernisme par obstination et uniformité. Ses mises en scène sont à ce point prévisibles que l’on en vient à décliner toute invitation à s’y présenter. Le public de la Scala, moins poli, le cingle d’un concert de huées. Il a raison : cet Orfeo est un désastre froid, fade et figé. Les costumes bleuâtres sur fond de cyprès sont écoeurants. Les protagonistes, immobiles dans une musique qui pourrant danse, sont ridicules comme des télétubbies réfrigérés. On identifie sans peine les sempiternelles références à Mantegna, Magritte, Rothko. Là où feu Klaus Michael Grüber, animé des mêmes amours esthétiques, inondait de sublime le Couronnement de Poppée à Aix-en-Provence, Wilson éteint tout, y compris la fosse où Rinaldo Alessandrini languit et nous ennuie. Le continuo est anorexique, les tempos asthéniques. La musique s’évapore dans un cadre arctique. Les chanteurs-statues sont à la peine malgré toutes leurs qualités. Il y a Georg Nigl, baryton agile mais grimé en grotesque monsieur Loyal. Sara Mingardo,contralto au timbre toujours somptueux, a l’émotivité d’un portemanteau. Le Charon transgenre de Luigi De Donato, pourtant une intéressante découverte vocale, ridiculise tout l’acte avernal. L’Opéra de Paris ayant coproduit le spectacle, il faut s’attendre à le subir lors d’une proochaine saison.
Arrêtons le massacre! Que ne tourne-t-on enfin la page Bob Wilson ? Nous en sommes fatigués. »

Opéra Magazine – juillet/août 2011 – appréciation Diamant

« En plus de quatre décennies, RobertWilson a livré bien des productions marquantes. Dans ce prodigieux Orfeo de Monteverdi, filmé à la Scala de Milan en 2009, qui rejoint son panthéon, il retourne aux sources de sa poétique : il se (nous) place dans un monde d’après-cataclysme (génocides hitlériens, guerres atomiques).
Véritables morts-vivants, les individus y évoluent dans un espace où se rejoue la fiction d’une Nature originelle. Absents à eux-mêmes, ils s’expriment par mouvements de bras et de mains (les visages sont quasiment impassibles) et se meuvent selon une chorégraphie lentement marchée, qui enchaîne des postures statiques. Ici, le travail esthétique regarde la peinture italienne à l’entour de 1500 et en reprend les composantes : perspective irréaliste, végétation faciale (sans épaisseur ni profondeur), costumes raffinés, cieux immatériels, visages blanchis et palette pâlie, où les couleurs extrapolent le noir et blanc.
Alternent deux scénographies : aux actes I, II et V une terrasse arborée ouvre, au fond, à d’impensables cieux dignes d’une imaginative science-fiction; puis, aux deux actes infernaux, le noir est intégral (au III, seuls le contestent les visages blancs que des poursuites très pointues magnifient) ou presque total (au IV). A.J. Weissbard est vraiment un grand créateur de lumières !
Ce dispositif fonctionne à merveille, parce qu’il n’est jamais ni statique ni mort. Comme toujours avec Robert Wilson, plane une bouleversante mélancolie du monde d’avant. Tout au long de l’opéra, cette mélancolie se concentre dans Orfeo, déchiré par son propre malheur qu’il revit devant nous, spectateurs pétrifiés. Seul un très grand metteur en scène, au profond entendement musical, sait accomplir un tel dispositif. Et son association avec Rinaldo Alessandrini est puissante. Peut-être le plus représentatif se trouve-t-il dans ces danses alertes, que rehausse le contraste entre le vif orchestre et l’immobilrté des non-danseurs. Solide chef de fosse, Rinaldo Alessandrini offre une lecture passionnante et subtile, où le madrigal rappresentativo aspire tous les autres genres musicaux employés par Monteverdi. »

Diapason – mai 2011 – appréciation 5 / 5

« Cette septième version de l’Orfeo en DVD se distingue par son éblouisssante création scénique. Fusionnant le mouvement, la danse, la lumière, et les arts plastiques en une dramaturgie formaliste, Robert Wilson façonne une imagerie originale où se mêlent, dans une extrême stylisation, historicité et modernité, narration et abstraction. Les costumes s’inspirent des habits de cour anciens, les alignements géométriques de cyprès évoquent la Toscane, mais aussi Magritte, voire le Douanier Rousseau. Willson crée d’admirables tableaux animés, imposant aux acteurs, statufiés dans des postures hiératiques, d’impressionnantes performances physiques. Le chœur (formé de cinq solistes) est doublé par des acteurs muets, dont les mouvements quasi chorégraphiques, sont ponctués par les irruptions virevoltantes d’un danseur au masque d’oiseau.
Le mythe est ainsi illustré, mais non vraiment représenté, formant une « fable en musique » édifiante, moralisatrice et intemporelle. Les deux actes infernaux stupéfient : Caron apparaît en ombre chinoise, comme un Nosferatu terrifiant, avant de révéler en pleine lumière un magnifique visage d’archange, aux antipodes des habituelles incarnations du personnage.
La réalisation musicale d’Alessandrini est tout aussi aboutie. La distribution est dominée par la Messaggiera poignante de Sara Mingardo, et les lumineuses interventions de Roberta Invernizzi. Georg Nigl, ex-petit chanteur de Vienne, familier de la scène contemporaine, campe un Orfeo fervent, au chant agile mais à la justesse parfois incertaine. Le chœur, admirable, est formé des membres habituels du Concerto Italiano, tandis que « l’orchestre de La Scala » réunit en fait la fine fleur des instrumentistes anciens. Une version au charme poétique intense, digne de rivaliser avec les références précédenntes: Jacobs/Brown (HM) et Stubbs/Audi (Opus Arte). »