DVD Orlando furioso (2011)

ORLANDO FURIOSO

COMPOSITEUR

Antonio VIVALDI

LIBRETTISTE

Grazio Braccioli

 

ORCHESTRE

Ensemble Matheus

CHOEUR

Choeur de l’Opéra de Nice

DIRECTION

Jean-Christophe Spinosi

MISE EN SCÈNE

Pierre Audi

DÉCORS et COSTUMES

Patrick Kinmonth

LUMIÈRES

Peter van Praet

Orlando

Marie-Nicole Lemieux

Alcina

Jennifer Larmore

Angelica

Verónica Cangemi

Ruggiero

Philippe Jaroussky

Astolfo

Christian Senn

Bradamante

Kristina Hammarström

Medoro

Romina Basso

DATE D’ENREGISTREMENT

mars 2011

LIEU D’ENREGISTREMENT

Théâtre des Champs Élysées

EDITEUR

Naive

DISTRIBUTION
DATE DE PRODUCTION

8 décembre 2011

NOMBRE DE DISQUES

1

FORMAT

Pal –

DISPONIBILITE

Région 2

SOUS-TITRES EN FRANCAIS

oui

 Critique de cet enregistrement dans :

Classiquenews – Fureur vivaldienne

« L’Orlando vivaldien serait-il le meilleur opéra du Vénitien? L’un de ses ouvrages brûlants, vertigineux dont les tempêtes et les impuissances primitives enfin révélées, si proches de l’univers halluciné de L’Arioste égalent les meilleurs Haendel et Rameau… C’est tout l’apport de Christophe Spinosi, artisan motivé pour un Vivaldi, incandescent, tout de braises et de passions, de solitudes et de folies troublantes.

Après l’avoir enregistré au disque chez le même éditeur, (Orlando Furioso, Naïve, 2004) voici le dvd qui suit les représentations scéniques à Nice, et à Paris (TCE) dont les prises font ce témoignage majeur.

Tout le travail de Pierre Audi cible le miroir trompeur des apparences, ces faux semblants qui écrasent les âmes: même la magicienne Alcina, souveraine des coeurs et des amants, en s’amourachant du bien fade Ruggiero, est strictement seule et incomprise: à l’opposé de cette étoile noire et cendres de l’infidélité faite passion, s’inscrit le profil volcanique et crépusculaire de Roland, le fou d’Angélique, mû par son désir exclusif; pour Angelica; d’un côté la reine volage, de l’autre: le chevalier fidèle, éperdu, obstiné, maudit. A l’aune de ce contraste saisissant, le metteur en scène fait un spectacle plein de nuances froides et sombres, jusqu’au III où les décors s’effacent, les masques tombent et la folie humaine envahit tout la plateau, faisant de l’Orlando furioso, une scène désenchantée d’âmes errantes, percutante préfiguration des opéras de Tchaïkovski (Onéguine, Dame de Pique) voire de Janacek (De la maison des morts). La vision est impeccable, stupéfiante, et la réalisation… parfaite de bout en bout. La distribution séduit irrésistiblement par sa force expressive, la finesse des émotions atteintes. Pour nous, le trouble vient surtout de l’excellente Jennifer Larmore, magicienne humaine, souveraine déjà perdue malgré elle: l’amour et le désir sont bien des gouffres de perdition et d’amertume. Quelle justesse dans le style. Saluons aussi par sa vérité le Medoro de Romina Basso… Et dans la fosse, les éclairs se font joyaux déjà tout feu tout flamme, « Sturm und drang », voire préromantiques; quand Christophe Spinosi tempère et cisèle le tempérament et la fougue dont il est capable, Vivaldi rejoint… Mozart. Les Vivaldiens seront aux anges. Les néophytes découvriront enfin une partition hautement théâtrale. DVD incontournable. »  

Opéra Magazine – mars 2012 – appréciation 5 / 5

« En mars 2011, l’Orlondo vivaldien exprimait ses fureurs sur le plateau du Théâtre des Champs-Élysées. De ce spectacle élégant et sophistiqué, Olivier Simonnet, à la caméra, a tiré le maximum, certains tableaux, déjà très sombres vus de la salle, passant mal l’épreuve de l’écran en plan général.

La mise en scène de Pienre Audi, à la revoir dans ces conditions, paraît encore plus esthétisante, affichant crânement un symbolisme qu’on peut trouver primaire dans l’affrontement des noirs et des blancs, ou dans le désordre des accessoires – des meubles XVIIIe, parfois démesurés, renversés, lorsque les passions s’exacerbent et que les esprits se dérèglent.

Mais la captation est précieuse en ce qu’elle souligne et privilégie le jeu des interprètes, comme l’engagement insensé dont ils font preuve. À commencer par Marie Nicole Lemieux, tout simplement époustouflante dans le rôle éponyme, voix pleine, charnue, égale sur toute son étendue, virtuose exceptionnelle qui livre, ici, une incarnation unique. La scène finale du II et ses apparitions à l’acte III sont dignes d’une anthologie – a-t-on jamais mieux exprimé la souffrance, la passion, l’égarement ? Les gros plans qui, d’ordinaire, ne flattent pas les chanteurs, apportent aux personnages le supplément de vie et d’âme qui, parfois, leur manquait lorsqu’ils étaient vus de la salle. Ainsi, l’Astolfo de Christian Senn ne se contente pas d’être autoritaire, il vibre et frémit. Le Medoro de Rornina Basso est plus touchant, la Bradamante de Kristina Hammarstrom plus poignante, l’Angelica de Veronica Cangemi plus délicate.

Ce que l »il voit conrige ce qu’entend l’oreille, écarts de justesse (Basso, Hammarstrom) ou décoloration d’une partie du timbre (Jennifer Larmore, Alcina déchaînée et fascinante) compris. Philippe Jaroussky, de son côté, est toujours le suave Ruggiero que l’on a applaudi, dont le «Che bel morirti» de l’acte II enchante l’auditoire.

N’ignorant rien du style requis, les musiciens de l’Ensemble Matheus vont l’amble, sous la baguette vigoureuse de Jean-Christophe Spinosi, lequel concilie, pour une fois, discipline et fantaisie. »

Diapason – mars 2012 – appréciation 4 / 4

« Revoir ce spectacle sur écran après l’avoir découvert au Théâtre des Champs-Élysées en mars 2011 confirme nos impressions premières. On ne peut nier la réussite esthétique du travail de Pierre Audi et de Patrick Kinmonth, responsable des décors et costumes. Aux différents points de l’île de la magicienne Alcina qui constituent l’environnement original et les étapes du drame, ils ont préféré le cadre unique d’un palais vénitien stylisé. La captation vidéo, coordonnée par Olivier Simonet, joue habilement des ombres (dominantes), des lumières (plus rares) et du cadre pour sculpter l’image, faire valoir des contre-jours et entretenir la pénombre de cette noire histoire d’amour et de pouvoir. Mais tout ce dispositif finit, à force de distance, par feutrer les émotions et émousser la douleur d’Orlando, amoureux certes un peu balourd mais sincère, blessé par une Angelica qui a choisi Medoro. Si Veronica Cangemi ne peut dissimuler une justesse parfois aléatoire et Jennifer Larmore une voix moins lumineuse qu’autrefois, elles incarnent toutes deux avec dignité leur personnage. Jaroussky rêve un Ruggiero d’azur tandis que Marie-Nicole Lemieux endosse le rôle-titre avec l’abattage, la santé vocale et la finesse psychologique qu’on lui connaît. S’il ne peut s’empêcher d’agiter la lagune vivaldienne d’une houle permanente et parfois inopportune, Jean-Christophe Spinosi conduit son équipe avec assurance et style, loin du kitsch bariolé de Pier Luigi Pizzi que domine Marilyn Horne (Arthaus). »