COMPOSITEUR | Claudio MONTEVERDI |
LIBRETTISTE | Alessandro Striggio |
ORCHESTRE | La Grande Ecurie et La Chambre du Roy |
CHOEUR | |
DIRECTION | Jean-Claude Malgoire |
MISE EN SCÈNE | Jacky Lautem |
DÉCORS | |
LUMIÈRES | Jacky Lautem |
Orfeo | Kobie van Rensburg | |
Proserpina | Delphine Gillot | |
Speranza | Philippe Jaroussky | |
Caronte | Renaud Delaigue | |
Plutone | Bernard Deletré | |
Messagiera | Estelle Kaïque | |
Euridice | Cyrille Gerstenhaber | |
Apollo | Philippe Rabier | |
Marie Planinsek | ||
Lorraine Prigent | ||
Hjordis Thébault | ||
Alain Bertschy | ||
Thierry Grégoire |
DATE D’ENREGISTREMENT | Atelier Lyrique de Tourcoing |
LIEU D’ENREGISTREMENT | octobre 2004 |
EDITEUR | Dynamic |
DISTRIBUTION | Codaex |
DATE DE PRODUCTION | juillet 2005 |
NOMBRE DE DISQUES | 1 |
FORMAT | 16/9 – Dolby Digital 5.1, PCM Stereo 2.0 |
DISPONIBILITE | Toutes zones |
SOUS-TITRES EN FRANCAIS | oui |
Critique de cet enregistrement :
Opéra magazine – février 2006 – appréciation 5 / 5
« Jean-Claude Malgoire récolte ici les fruits de son assiduité pionnière à présenter la trilogie opératique montéverdienne, depuis plus de vingt ans, dans des productions différentes (la première fut réalisée avec JeanLouis Martinoty). Par un dispositif identificatoire, il propose au spectateur d’agir comme tous les protagonistes de l’ouvrage et de se situer du côté (et aux côtés) d’Orfeo. Sans qu’aucun élément scénique ne l’y invite (la scénographie est historiquement neutre, seuls les costumes se réfèrent à l’univers pictural renaissant ou pré-baroque), l’esprit du spectateur rapproche cette favola in musica des diverses formes de conte récité et de théâtre musical qui fleurissent immémorialement en Extrême-Orient ou en Afrique (et si Malgoire était une façon de griot occidental ?) et qui, depuis L’Histoire du Soldat, taraudent les compositeurs occidentaux.
Dans cette production, captée àTourcoing en octobre 2004 et également diffusée en disque audio par Dynamic, le premier servi n’est ni partition ni la suite, mais le récit. Malgoire a rassemblé tous les moyens pour nous le conter : le temps dramatique, fort ductile, est d’essence théâtrale ; et parce que ses chanteurs assument les enjeux de la liberté qui leur est ainsi laissée, la narration coule d’une traite. Les passages d’acte ou de scène s’estompent au profit d’une unique voix/voie dramaturgique. C’est passionnant, profond et remarquable. Seul un point, modeste au demeurant, nous gêne : l’évitement de la danse au début, comme si elle n’était qu’un préambule à l’acte de réciter le conte.
Dans le rôle-titre, Kobie van Rensburg est un ténor au timbre corsé et au bas médium barytonant. Il vit son histoire avec une humanité bouleversante. Formant une véritable troupe au sens du TNP selon Vilar, le reste de la distribution, fort jeune, entoure impeccablement son héros (gageons, sans risque de nous tromper, que certains de ses membres sont promis à un illustre avenir). On y remarque notamment Cyrille Gerstenhaber (frémissante Euridice), PhilippeJaroussky (troublant en Speranza), Estelle Kaïque (haletante Messaggiera), sans omettre un dense duo de basses infernales (Renaud Delaigue et Bernard Deletré. »
Classica / Répertoire – février 2006 – appréciation 5 / 10
« …le retour de l’équipe de JeanClaude Malgoire vers L’Orfeo a fait l’objet d’une tournée entre Orléans et Tourcoing durant l’année 2004. Le chef, gourmand de jeunes voix inconnues, a découvert en Kobie van Rensburg, ténor sud-africain, un poète de belle tenue, rayonnant dès les premiers actes, puis joliment fracturé dans les épisodes infernaux. Un peu plus de legato aurait cependant agrémenté ses charmes adressés à Caron. Avec les chanteuses et les chanteurs de l’Atelier lyrique de Tourcoing le travail d’ensemble, où chaque soliste se fait choeur, atteint une tenue remarquable, notamment dans les psaumes chtoniens encadrant les interventions de Proserpine et Pluton. Dramaturge de cette production, Jean-Claude Malgoire a choisi de mettre en scène le continuo (régale, clavecin, théorbe, harpe) sur un praticable s’enfonçant dans les premiers rangs. Cette scénographiea minima, plus réussie sous terre que dans la prairie aux bergers, pèche par quelques contresens. Tout cela ne serait rien si les costumes, bric-à-brac de couleurs et d’époques diverses trahissant le manque de moyens, ne rabaissaient l’inventivité du spectacle au niveau d’une kermesse paroissiale. Mais que l’on ferme les yeux et aussitôt Malgoire, avec la Grande Ecurie et la Chambre du Roy, s’avère toujours le sensible interprète de Claudio, dansant quand il le faut et d’un planant ténébreux jusqu’au fond des cordes. On recommande cependant d’acquérir les deux CD (Dynamic) plutôt que le DVD de cette production assez laide. »
Diapason – décembre 2005 – appréciation 5 / 5
« Le DVD permet d’apprécier les qualités de la mise on scène, éminemment théâtrale, esthétisante, mais jamais décorative. Le décor est réduit à sa plus simple expression et focalise l’attention sur le jeu des acteurs et les costumes. Ceux-ci, de conception hybride, mêlent diverses inspirations ottomanes, baroques et contemporaines. Ils permettent, par leur juxtaposition, de constituer des tableaux vivants, harmonieux et contrastés, dans les deux premiers actes. On relève de nombreuses trouvailles visuelles, comme cette Speranza argentée (Philippe Jaroussky), porteuse d’un pendule cristallin, qui entraîne Orphée dans son sillage. Les actes infernaux, paradoxalement, sont les plus théâtraux. Le jeu de séduction et de manipulations croisées entre Proserpine, Pluton et Orphée, est souligné avec une rare intelligence. Le regard fatal d’Orphée est enfin justifié, et l’oeuvre s’achève, conformément au texte original du livret, sur l’évocation de la lacération du héros par les Bacchantes, pendant la Moresca finale.
Nous ne reviendrons pas sur les grandes qualités et les quelques défauts de la réalisation musicale. Au DVD, la scène apollinienne est encore l’un des rares moments décevants de la production. En revanche, Kobie van Rensburg confirme sur le plateau son incarnation profondément humaine, virile et émouvante. Par ailleurs, l’alternance astucieuse des trois sopranos dans le prologue prend ici tout son sens. Enfin, la théàtralisation des instruments forme une idée visuelle des plus pertinentes. »
ConcertClassic
« Belle surprise : la production de Jean-Claude Malgoire et de Jacky Lautem, étrennée à Saint-Quentin-en-Yvelines en 2000 mais captée lors de sa reprise à Tourcoing l’année passée, fait la part belle à une direction d’acteur qui éclaire le livret de Striggio. Beaux costumes qui sont en fait les vrais décors de cette mise en scène sobre. Et le résultat musical est patent lui aussi. Continuo opulent, point de chœur hormis celui produit par l’addition des solistes, instrumentation fidèle par le nombre comme par la composition, aux souhaits explicites de Monteverdi. Sans avoir le rayonnement d’un Eric Tappy, Kobie van Rensburg offre avec son ténorino un Orfeo clair sinon idéalement expressif, et Malgoire a eu deux bonnes idées : confier les retours de la Musica à trois sopranos différentes, et rendre la Speranza, qui avait été crée par un castrat, au contretenor si tendre de Philippe Jarousky. Un Orfeo sans décorum, qui savoure avec simplicité et vigueur les vertus d’une partition toujours ouverte. »
Codaex – Présentation
« En cette année de jubilé de JeanClaude Malgoire, il est heureux dc retrouver l’Orfeo dans la création de l’Atelier Lyrique de Tourcoing. L’ensemble du spectacle, filmé avec beaucoup de délicatesse, laisse place à de nombreuses vues d’ensembles, ce qui facilite une lecture fort agréable pour l’oeil et permet de bénéficier au maximum de l’optique voulue parJean-Claude Malgoire et Jacky Lautem.
La distribution est dominée par l’Orfeo de Kobie van Resburg, voix souple de ténor demi-caractère, avec de superbes colorations. L’Euridice de Cyrille Gerstenhaber lui donne une réplique pleine de charme. Philippe Jaroussky fait merveille dans son personnage de la Speranza. A entendre cette voix bien posée et pleine de charme, on regrette que le maître de Crémone n’ait pas plus développé le personnage. La Grande Ecurie et la Chambre du Roi est fort à son aise dans ce répertoire. Le continuo très disert souligne avec bonheur les affects de la partition. Un DVD qui ravira les amoureux de ce répertoire par son classicisme de bon aloi. »