DVD l’Orfeo (direction René Jacobs)

COMPOSITEUR Claudio MONTEVERDI
LIBRETTISTE Alessandro Striggio

 

ORCHESTRE Concerto Vocale
CHŒUR Collegium Vocale Gent
DIRECTION René Jacobs
MISE EN SCÈNE ET CHORÉGRAPHIE Trisha Brown
DÉCORS ET COSTUMES Roland Aeschlimann

 

Orfeo Simon Keenlyside
Euridice, la Musica, Eco Juanita Lascarro
Messagiera Graziella Oddone
Proserpina Martina Dike
Speranza Pastor Stephen Wallace
Plutone Tomas Tomasson
Caronte, Pastor Paul Gerimon
Ninfa Anna Cambier
Pastor Yann Beuron
Pastor René Linnenbank
Pastor John Bowen
Apollo Mauro Utzeri

 

DATE D’ENREGISTREMENT 23 mai 1998
LIEU D’ENREGISTREMENT Théâtre de la Monnaie – Bruxelles
ENREGISTREMENT EN CONCERT oui

 

EDITEUR Harmonia Mundi
DISTRIBUTION Harmonia Mundi
DATE DE PRODUCTION 26 octobre 2006
NOMBRE DE DISQUES 2 (+ Le dernier chant d’Orphée)
FORMAT 16 / 9 – NTSC – Son PCM Stereo / DTS 5.0
DISPONIBILITÉ Zone 2
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

 

 

Production du Théâtre de la Monnaie, du Kunstenfestival des Arts, du festival d’Aix en Provence, de la Trisha Brown Company et de la Brooklyn Academy of Music.

 

Critique de cet enregistrement dans :

Opéra Magazine – décembre 2006

« Lorsqu’elle apparut en 1998, la production de L’Orfeo de Monteverdi ravit, au sens exhaustif Sa parution en DVI) confirme que le choix dramaturgique de Trisha Brown – une mise à distance incandescente de la circularité et de l’apesanteur – a conservé toute sa pertinence. Circularité, puisque l’orbe préside à la scénographie comme à la mise en scène. Apesanteur car, à commencer par l’inoubliable danseuse qui, fille d’Icare, vole pendant le prologue, et à suivre par la mise en chorégraphie de tous les protagonistes (à l’exception des êtres infernaux), les acteurs échappent à la gravitation universelle. La fission de l’orbe et de l’élégance des corps et mouvements s’accomplit à chaque instant dans une écoute de lamento sonore, notamment dans sa si fluide relation au temps.Tant les tempi des danses que la temporalité de chaque rôle sont d’une évidence confondante. Evidence et non pas naturel, puisque la pensée spatio-corporelle et le vocabulaire chorégraphique propres à Trisha Brown président ici ; mais avec une souplesse rhétorique et une adéquation si cohérentes que, en un renversement prodigieux, l’artifice devient, humainement et philosophiquement, plus vrai que le naturel. Au résultat, la dynamique des corps devient le ciment de cette communauté humaine vouée au culte solaire, dont Orfeo est le primus interpares. Évidemment, René Jacobs est l’autre maître d’oeuvre de cette production. Il semble avoir ici congloméré toutes ses expériences de chantesg de directeur musical et de pédagogue. Son intelligence de la partition, son absence de tout réflexe téléologique (relire l’histoire du genre opéra à partir de ce qu’il est devenu) et ses qualités de « metteur au point » du moindre détail musical aboutissent à un travail impeccable et expressivement généreux. Concerto Vocale et Collegium Vocale Gent déploient une mobilisation de chaque instant. Quant au plateau, il passe remarquablement bien la rampe des souvenirs : écouté pour lui seul, il est sans défaut. À commencer par Simon Keenlyside : la densité de cette voix homogène, son expressivité bouillonnante mais contenue, et son travail chorégraphique en font l’Orfeo idéal pour cette production. On saluera Juanita Lascarro, émouvante Euridice et Musica de rêve, la bouleversante Graciela Oddone en Messaggiera, ainsi que les deux basses infèrnales (Tomas Tomasson et Paul Gérimon). Décidément, et spectacle, par ailleurs intelligemment filmé (Pierre Barré), est un moment-clé, non seulement du mandat de Bernard Foccroulle à la tête de la Monnaie, mais aussi de l’histoire de la représentation lyrique moderne. »

Diapason – décembre 2006 – appréciation 4 / 5

« Créé (et filmé) à La Monnaie de Bruxelles en mai 1998, cet Orfeo inhabituel fut repris l’été suivant au Festival d’Aix-en-Provence lors de la première saison de Stéphane Lissner. Inhabituel, il l’est parce que, confié à René Jacobs, il sonne avec une verdeur et un dynamisme peu courants : la pâte orchestrale est à la fois acidulée et somptueuse, toujours transparente, les choeurs sont parmi les meilleurs que l’on puisse savourer dans ce répertoire et si l’équipe de solistes n’est pas sans faiblesses, Simon Keenlyside campe un Orphée viril et vocalement brillant, bien en phase avec la vision du chef, en dépit de ses difficultés passagères face aux vocalises monteverdiennes. Inhabituel, cet Orfeo l’est aussi parce que la mise en scène est signée par la chorégraphe Tnisha Brown qui a imaginé un univers onirique et symbolique, sans référence temporelle ni didactique. Dans l’intéressant making of qui occupe le second DVD, la chorégraphe se lance dans des théories complexes sur ses conceptions. Mais on peut ne pas être sensible à cette Musica tournoyant dans les airs suspendue aux cintres, à ces choristes et danseurs aux mouvements ondulants, à ces costumes laids ou sans originalité. A la scène, la plastique générale du spectacle pouvait convaincre à l’image, avec ces gros plans et ces angles étranges de caméra, il est plus difficile de percevoir le travail de Trisha Brown dans sa globalité et le résultat final n’est guère probant. Reste la direction de Jacobs, savoureuse et efficace. »

Le Monde de la Musique – décembre 2006 – appréciation CHOC

« En montant l’Orfeo, la chorégraphe américaine Trisha Brown a échappé à tous les pièges. Pour elle, le premier chef-d’oeuvre de l’histoire de l’opéra n’était ni un objet hybride (un « passage », dirait Philippe Beaussant) entre madrigal et théâtre musical, ni une antiquité à acclimater à tout prix à notre époque.En écoutant la musique de Monteverdi, elle a vu la lumière dévorée par l’ombre, elle a détecté les abîmes qui s’ouvrent sous nos pas et reconnu les harmonies venues du ciel. Tout naturellement, elle a mêlé les chanteurs aux danseurs et imprimé à tous un rythme très simple, très élégant et très douloureux quand il le fallait. Son spectacle, donné au Festival d’Aix-en-Provence et à Paris après sa création à la Monnaie de Bruxelles en 1998, où il a été filmé, a paru couler de source alors qu’il est probablement un des plus travaillés de toute l’histoire de la mise en scène d’opéra.Elle avait, il est vrai, René Jacobs pour la guider : quand l’allégorie de la Musique, au début, défie les lois de la pesanteur, quand Orphée, à la fin, est déchiré par les Furies, ce qu’on voit et ce qu’on entend va de pair comme rarement à l’opéra.Jacobs, au Festival d’Innsbruck en 2004, ira encore plus loin dans la spatialisation du son, mais il sera grevé par une mise en scène plus terre à terre. Ici, le chef et la chorégraphe ont en outre trouvé la distribution idéale, dominée par le baryton Simon Keenlyside, qui chante comme un dieu et danse comme peu de chanteurs savent le faire. Le réalisateur Pierre Barré a filmé ce spectacle miraculeux avec la fluidité voulue et signé un reportage passionnant, où l’on voit comment les maîtres d’oeuvre ont donné des ailes à la plus belle musique du monde. »

Présentation Harmonia Mundi – La fusion de la danse et de l’opéra

« Inaugurée à la Monnaie le 13 mai 1998, la production de l’Orfeo de Monteverdi vue par Trisha Brown et René Jacobs est devenue un classique de la scène lyrique en l’espace de quelques années. C’est sans doute parce qu’on y assiste à une totale symbiose entre musique, texte et mouvement, ce qu’un critique du Daily Telegraph de Londres a résumé en ces termes : « un opéra dansé proche de la perfection comme je n’en ai encore jamais vu ». Gilles Macassar, Télérama : « Dans la fosse comme sur la scène, la production de Bruxelles obéit à un seul mot d’ordre : mobilité, légèreté, adresse. Les chanteurs courent, volent, tournoient comme des danseurs en apesanteur. Des cintres à la rampe, un enchantement lunaire. » Christophe Vetter, ConcertoNet : »Cet Orfeo se laisse voir et revoir avec un immense plaisir (…). Quant à la direction de René Jacobs, elle continue à susciter l’admiration par sa précision, sa rigueur stylistique, son inventivité sans limites et un sens des contrastes si importants dans ce répertoire. »