Giulio Cesare (Craig Smith)

COMPOSITEUR Georg Friedrich HAENDEL
LIBRETTISTE Nicolas Haym

 

ORCHESTRE Staats Kappelle Dresden
CHOEUR
DIRECTION Craig Smith
MISE EN SCENE Peter Sellars
DECORS Elaine Spatz-Rabinowitz
COSTUMES Dunya Ramicova
Giulio Cesare Jeffrey Gall
Curio Hermann Hidebrand
Cornelia Mary Westbrook-Geha
Sesto Lorraine Hunt
Achilla James Maddalena
Cleopatra Susan Larson
Nirena Cheryl Cobb
Tolomeo Drew Minter
DATE D’ENREGISTREMENT 1990
LIEU D’ENREGISTREMENT Studio de Babelberg
EDITEUR Decca
DISTRIBUTION Universal
DATE DE PRODUCTION 14 novembre 2006
NOMBRE DE DISQUES 2
FORMAT NTSC – Image 4/3 – Son LPCM Stéréo – DTS 5.1 Surround
DISPONIBILITÉ Toutes zones
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

Critique de cet enregistrement dans :

  • Concertclassic

« Étrange comme un spectacle conçu peut-être plus qu’aucun autre pour la jubilation et les dangers de la scène retombe à plat au studio. On avait pourtant beaucoup aimé cette production de Sellars lorsqu’elle s’était invitée à Bobigny. Mais devant les caméras tout s’éteint. Il faudra pourtant connaître ces DVD pour deux performances absolues : Jeffrey Gall fut le seul alto masculin qui releva le défi du rôle titre, en possédant à la fois la virtuosité – ses vocalises sont irrésistibles – et la puissance dramatique. Il y a d’ailleurs laissé sa voix. Vrai chanteur d’opéra, il n’eut pour successeur que des chanteurs d’église égarés – dernier en date Andreas Scholl – dans un emploi pensé pour le miracle Senesino.L’autre coup de génie, c’est bien sûr le Sesto de Lorraine Hunt qui nous a quitté cette année. La revoir dans l’un de ses premiers rôles commotionne. Impossible de croire qu’une chanteuse douée d’une telle intensité se soit éteinte. A revoir en boucle son duo conclusif du I avec Cornelia. Si vous ne pleurez pas…. »

  • Le Monde de la Musique – novembre 2006 – appréciation : 3 / 5

« Avant même qu’il n’importe en Europe sa transposition de la trilogie de Mozart et Da Ponte dans l’Amérique contemporaine, Peter Sellers a donné, en 1988 au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles, ce Jules César qui a fondé sa réputation et a fait école : difficile désormais de voir l’opéra de Haendel autrement que comme un pamphlet sur les rapports militaro­mercantiles entre l’Occident et le Moyen-Orient, et de le parer d’une autre esthétique que celle d’une BD. C’est ainsi que l’ont traité Nicholas Hytner à Paris, Herbert Wernicke à Barcelone ou David McVicar à Glyndebourne (ces deux derniers disponibles en DVD, respectivement TDK et Opus Arte).Face à ses copies, l’original tient le choc. Voir César en président des Etats-Unis flirter avec Cléopâtre en souveraine très people d’un pays pétrolier ne résout pas les problèmes posés par la rigide alternance de récitatifs et d’airs, et l’ouvrage s’adapte moins bien à la direction d’acteurs cinématographique de Sellars que les chefs-d’oeuvre de Mozart, mais l’invention est permanente, la transposition pertinente et l’ensemble efficace.Musicalement, on retrouve les défauts des Mozart : la direction de Craig Smith est appliquée et les interprètes, à l’exception de la regrettée Lorraine Hunt en Sesto, sont plus remarquables comme acteurs que comme chanteurs. Drew Minter donne le change en Ptolémée blouson noir ; en revanche, Jeffrey Gall n’a ni le ramage ni le plumage d’un César. »

  • Classica – novembre 2006 – appréciation 5 / 10

« Pour Peter Sellars l’univers haendélien est d’abord celui du pouvoir. Dans un Giulio Cesare prémonitoire, on croise un César Bill Clinton, une clique de cocaïnés vêtus comme des paramilitaires colombiens, et un Ptolémée tenté par Al Qaida. Mais cette reconstitution studio d’une mise en scéne pour la Monnaie est trop brouillonne pour en retenir autre chose qu’une vaine agitation. Elle souffre surtout d’une distibution déséquilibrée. Côté dames, c’est le mezzo à vif de Lorraine Hunt (Sesto) qui domine le plateau, car le reste s’oublie vite. « 

  • Diapason – novembre 2006 – appréciation 4 / 5

« Né à New York en 1985 pour le tricentenaire du compositeur, adapté pour Bruxelles en 1988, le spectacle fut filmé à Babelsberg, deux ans plus tard, peu après avoir visité Nanterre. Voit-on en 2006 comme en 1985 un président américain recevoir en cadeau la tête d’un sénateur coupée par une bande de terroristes égyptiens ? Car nous voici en plein Sellarsystem première manière, reconstitution hyperréaliste d’un hôtel Ibis ruiné parla guerre, quelque part du côté d’Alexandrie où le président César, venu signer une improbable paix, tombera sous le charme de la sultane Cleopâtre. Acte 1, scène 1 : César prononce un discours à la tribune, se perd dans ses pages (rétrospectivement, Jeffrey Gall a de ces mines trop familières…), prolonge sa cadence sur « a » jusqu’à ce qu’il trouve la fin de sa phrase, accueille la veuve et l’orphelin, agresse le général égyptien, aperçoit Cléopâtre en maillot de bain, et ça file, et ça fuse comme jamais. Virtuosissime Sellars qui voit tout, comprend tout, rythme tout, traduit tout dans une langue visuelle accessible à chacun. Passé le premier acte, on se prend à regarder sa montre. Non que le metteur en scène s’essoufle, mais il se répète, se raille lui-même, puise avec désinvolture dans un répertoire de gimmicks laborieux à la longue. Il faut dire que l’oeuvre est courageusement donnée in extenso, sous la direction du fidèle Craig Smith, toujours aussi pertinent au théâtre, toujours aussi peu secourable pour la musique, même à la tête d’une Staatskapelle d’ailleurs non identifiable. Jeffrey Gall joue sa vie (et sa carrière : il ne se remettra pas de cette dure tournée) avec un aplomb qui fait de lui le seul César contre-ténor entièrement crédible à ce jour. A ses côtés, la jeune Lorraine Hunt, actrice et chanteuse à parts égales, confisque le show. Les autres ont moins d’atouts à produire. Les phrases bien tendues de Maddalena et le numéro impayable de Minter en petite frappe à walkman ne rachètent pas une Cléopâtre sexy mais stridente. Haendel n’est pas toujours à la fête, mais le théâtre a déjà fait entrer ce spectacle dans la légende. »