Giulio Cesare (Emmanuelle Haïm)

COMPOSITEUR Georg Friedrich HAENDEL
LIBRETTISTE Nicola Haym, d’après Giacomo Francesco Bussani

 

ORCHESTRE Le Concert d’Astrée
CHOEUR Choeur de l’Opéra National de Paris
DIRECTION Emmanuelle Haïm
MISE EN SCÈNE et COSTUMES Laurent Pelly
DÉCORS Chantal Thomas
LUMIERES Joël Adam
Giulio Cesare Lawrence Zazzo
Cleopatra Natalie Dessay
Cornelia Varduhi Abrahamyan
Sesto Isabel Leonard
Tolomeo Christophe Dumaux
Achilla Nathan Berg
Nireno Dominique Visse
Curio Aimery Lefèvre
DATE D’ENREGISTREMENT janvier 2011
LIEU D’ENREGISTREMENT Paris – Palais Garnier
EDITEUR Virgin Classics
DISTRIBUTION EMI
DATE DE PRODUCTION 24 septembre 2012
NOMBRE DE DISQUES 2
FORMAT 16:9 – stéréo PCM 2.0 – DTS 5.0 Surround
DISPONIBILITE toutes zones
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

Critique de cet enregistrement dans :

  • Opéra Magazine – octobre 2012 – appréciation 3 / 5

« En janvier 2011, le Palais Garnier affichait cette production de Giulio Cesare, diversement accueillie. Au même moment paraissait chez Virgin Classics, un disque d’extraits consacré au rôle de Cleopatra par Natalie Dessay. qui l’abordait était bien la vedette de ce spectacle. Le DVD vient aujourd’hui raviver les souvenirs, sans pour autant convaincre pleinement même si François Roussillon signe, une fois encore, une réalisation intelligente et de grande qualité. Son travail permet de saisir de près le jeu des acteurs et de mesurer leur investissement dans leur personnage ; mais les gros plans ne les flattent guère, leurs maquillages étant évidemment faits pour être vus de loin. Mélangeant allègrement les époques (aujourd’hui, c’est devenu un cliché et une solution de facilité), la mise en scène de Laurent Pelly, qui, rappelons-le, situe l’action dans les réserves du musée égyptien du Caire, n’est pas plus drôle à l’écran qu’elle ne l’était au théâtre; inutile de s’y attarder, mais ces presque quatre heures semblent bien longues ! Tourné quelques jours après la première, le film montre que les chanteurs ont pris de l’assurance, même si les problèmes de registre se posent encore pour Lawrence Zazzo, Cesare quelque peu monolithique, et si Nathan Berg est égal à lui-même, Achilla ingrat vocalement mais de fière allure. On aimerait entendre Aimery Lefèvre dans des emplois plus consistants que Curio. Le Nireno claironnant de Dominique Visse n’a rien perdu de son efficacité, ni de sa drôlerie. Quant à Varduhi Abrahamyan et Isabel Leonard, pOignante Cornelia et Sesto vibrant, elles sont toujours émouvantes ; leur timbre est chaleureux, leur sincérité sans affectation. Christophe Dumaux est le formidable Tolomeo qu’on connaît, aussi bon acteur que musicien, qui met chaque note au service du prince dépravé dont il donne une image saisissante. La Cleopatra virevoltante et pétulante de Natalie Dessay force l’estime ; l’énergie et la pugnacité de l’interprète sont bien celles d’une toute jeune femme avide de pouvoir et d’amour, mais la comédienne a souvent tendance à en faire trop. S’il lui arrive encore de s’alanguir pendant certains airs, et si la variété et la fantaisie ne sont pas son fort, la direction d’Emmanuelle Haïm est respectable. Il est évident que cette intégrale ne bouleversera pas la vidéographie du chef-d’œuvre haendélien. La précédente production de l’Opéra de Paris, signée Nicholas Hytner, étart autrement plus spirituelle. En DVD, la soirée de Glyndebourne, confiée au duo William Christie/ David McVicar, reste sans peine en tête du peloton (Opus Arte). »

  • Classique.news

« Elle avait raté sa Manon dans une mise en scène vulgaire et laide de Coline Serreau : Natalie Dessay prend sa revanche sur la scène parisienne dans ce Giulio Cesare de Haendel. En février 2011, la diva française assure avec un vrai tempérament musical tous les airs de Cleopâtre, vraie protagoniste de l’opéra, trouvant même de sombres accents pour  » Moriro… ». Le vrai argument de cette production assez déjantée, c’est assurément la mise en scène de Pelly qui fidèle à sa marque mêle humour et gags dans un contexte facilement identifiable : toute l’action se déroule dans les réserves du Musée du Caire ; l’idée est excellente, les références à l’histoire des Ptolémée trouve une mise en situation fluide et diversifiée ; c’est un ballet incessant de statues romaines et égyptiennes, mais aussi de colonnes papyriformes, heureux contrepoint à l’air  » Moriro…  » déjà cité, par exemple.Aux côtés de la soprano, le Ptolémée de Christophe Dumaux est épatant : pervers, tendu, très engagé; il faut bien l’innocence revancharde du jeune Sesto (Isabel Leonard remarquée dans le rôle travesti) pour éradiquer définitivement ce politique tortueux, rival de sa soeur et assassin du grand Pompée… Le César de Lawrence Zazzo est honnête et souvent d’un bel aplomb dans les vocalises. Et le velours ample et souple de Varduhi Abrahamyan donne du relief au profil tragique et grave de la belle Cornelia : la veuve de Pompée malgré ses accents funèbres et tragiques est courtisée par les hommes, Achilla et Ptolémée lui-même qui décidément ne recule devant rien… Le tableau le plus réussi est assurément le sublime air de Cléopâtre au II : sonorités célestes (bien souvent absentes chez Emmanuelle Haïm) mais diva piquante et drôle dans un tableau de séduction qui se joue des registres poétiques… Voilà du grand Pelly qui fonctionne admirablement grâce à la complicité et la verve scénique d’une Dessay amusée. Même l’épatant Dominique Visse et son timbre goguenard réussit tous ses airs en Nireno soulignant combien le personnage est ici l’avatar tardif des gouvernantes et confidentes héritées des opéras vénitiens du siècle précédent (Monteverdi, Cavalli…).Reste l’orchestre et son chef : vrai problème à nos yeux pour une approche vraiment captivante de l’action. Quelle direction lourde et systématique ! Emmanuelle Haïm manque d’imagination, de liberté, de sensualité comme d’abandon, dans une partition qui est l’une des plus captivantes de Haendel. Dommage pour Haendel, se reporter évidemment à Minkowski et surtout Christie, indépassable dans la compréhension toute en finesse et légereté du divin Saxon. »

  • Diapason – octobre 2012 – appréciation 2 / 5

« On n’aurait pas juré, après les premières Cléopâtre de Natalie Dessay, qu’elle reviendrait de sitôt à un rôle qui l’a tant éprouvée au Palais Garnier. Rôle contre-nature, évidemmment trop grave, et tiré vers le haut par les cabrioles de cocottes greffées par la spécialiste Emmanuelle Haïm. Beverly Sills en faisant autant ? Mais avec un médium nettement plus chaleureux dans « Piangero », ici pénible malgré l’émotion du tableau. Et Sills n’arrivait pas si nerveuse et fatiguée aux voltiges de « Da tempeste »- septième air, tout de même, d’un rôle monumental. Dessay ne renfilera pas la tunique translucide et le joli téton de plastique pour la reprise parisienne, mais elle chantera de nouveau les amours de la reine d’Éypte en avril, à New York , dans le spectacle épatant de David McVicar créé à Glyndebourne (2005). Pari dangereux mais possible : la mise en scène immpeccablement construite pourrait donner à son personnage l’étoffe et la progression que la production moche et bancale de Pelly lui refusait. Rien ne déprime tant que l’humour qui ne prend pas. Le DVD est cruel : ce hangar (la réserve poussiéreuse et sombre d’un musée) et ces costumes sont encore plus vilains vus de près, et les situations noyées dans un décor trop ouvert épuisent la caméra d’habitude élégante de François Roussillon. On nous pardonnera de ne pas nous prendre la tête entre les mains pour essayer de dire des choses intelligentes à propos d’un spectacle qui ne l’est pas. Rappelons tout de même une trahison : Haïm et Pelly viennent forcer les bravos en faisant tomber le rideau du deuxième acte après le « Se pietà » de la soprano-star : à la poubelle, « l’Aure que spira », l’air haletant de Sesto avec lequel Haendel donnait une tout autre tournure à la fin de l’acte. Faut pas se gêner ! Qu’ajouter à ce que nous écrivions en mars 2011 ? Que le César agité de Zazzo est encore moins charismatique sous l’œil rappproché des caméras. Que Varduhi Abrahamyan nous touche toujours autant, Cornelia généreuse et sensuelle. Souhaitons maintenant bonne chance à Dessay pour le Met. La mise en scène taillée sur mesure par McVicar pour l’inépuisable Danielle de Niese est très physique et souvent dansée, mais si Dessay tient le coup et se laisse inspirer, le « Da tempeste » façon Cloclo et ses claudettes pourrait être quelque chose… « 

  • Classica – novembre 2012 – appréciation 2 / 4

« Fier et pugnace, Jules César a résisté à Laurent Pelly. Le metteur en scène, réputé pour son imagination et sa fantaisie, n’a sans doute pas choisi les bonnes armes pour lutter. On ne peut lui reprocher d’abandonner ses troupes pendant la bataille et il s’ingénie au contraire à toujours accompagner les chanteurs durant les airs et les récitatifs comme le rappelle, en l’amplifiant, la caméra. Mais il semble s’être pris à son jeu et, à force de vouloir occuper l’espace de la scène et l’esprit du spectateur, il finit par embarasser Giulio Cesare et gêner Georg Friedrich Haendel. L’idée de départ assurait pourtant de riches déveeloppements. Réunir les personnages dans la réserve d’un musée d’arts antiques permet de savoureux échanges spatio-temporels comme si les hiéroglyphes quittaient la pierre pour s’animer. Mais la frontière entre parodie et drame devient vite perrméable et laisse circuler trop de détails indésirables. La musique connaît les mêmes inégalités. On salue un Sextus juvénile et déterminé, une Cornélie tragique (un peu surjouée ou est-ce la caméra ?) et un Ptolémée retors. Lawrence Zazzo possède la présence scénique et la projection vocale pour incarner le rôle-titre. Natalie Dessay, on le sait, aime les défis et, à défaut d’avoir exactement les couleurs et le caractère vocal que requiert Cléopâtre, reste artiste. Emmanuelle Haïm et ses musiciens apportent une écoute et un soutien indéfectibles. Mais le spectacle ne réalise pas les promesses de l’affiche. »