Agrippina (Jean-Claude Malgoire)

 

COMPOSITEUR Georg Friedrich HAENDEL
LIBRETTISTE Vincenzo Grimani

 

ORCHESTRE La Grande Écurie et la Chambre du Roi
CHOEUR
DIRECTION Jean-Claude Malgoire
MISE EN SCENE Frédéric Fisbach
DÉCORS Emmanuel Clolus
LUMIÈRES Daniel Lévy

 

Agrippina Véronique Gens
Nerone Philippe Jaroussky
Poppea Ingrid Perruche
Claudio Nigel Smith
Ottone Thierry Grégoire
Pallante Bernard Deletré
Narciso Fabrice Di Falco
Lesbo Alain Buet

 

DATE D’ENREGISTREMENT mars 2003
LIEU D’ENREGISTREMENT Atelier Lyrique de Tourcoing

 

EDITEUR Dynamic
DISTRIBUTION Codaex
DATE DE PRODUCTION 28 août 2004
NOMBRE DE DISQUES 2
CATEGORIE 4 / 3 Stéréo PCM Dolby Digital 2.0
DISPONIBILITE Toutes zones

Critique de cet enregistrement dans :

« Créé à Venise en décembre 1709 ou janvier1710, Agrippina, le troisième opéra de Haendel, reçut un accueil chaleureux. Vingt-sept représentations successives témoignent du succès que remporta cette œuvre en trois actes – sur un livret du cardinal Vincenzo Grimani, exclusivement écrit pour lui -, sans doute parce que déjà trois années l’avaient familiarisé avec la langue, les compositeurs… et le goût du public de ce pays. Le livret contient des personnages crédibles, des situations variées et mouvementées (complots, intrigues, vengeances…), propres à plaire aux Italiens et à prouver, pour le compositeur, son talent – notamment dans le traitement de la voix, avec pas moins de trente-sept arie… Apprenant la mort de l’empereur Claude, sa femme Agrippine souhaite mettre son fils Néron sur le trône. Alors que tout semble gagné pour que ce dernier soit populaire auprès du peuple, Claude revient : son lieutenant Othon lui a sauvé la vie et a reçu la succession en récompense. Agrippine doit changer ses plans. Elle profite qu’Othon lui avoue son amour pour Poppée pour mentir à celle-ci, s’en faisant une alliée contre le malheureux soupirant. Bientôt renié par tous, Othon parvient à convaincre Poppée qu’il sont tous deux l’objet d’un complot de l’impératrice. La vengeance peut alors s’organiser…Véronique Gens – Agrippine -, d’une voix présente et bien projetée, ménage de belles nuances. Philippe Jaroussky – Néron – possède décidément une voix magnifique, souple et charnue. Plus éthérée, celle de Thierry Grégoire – Othon – est claire, permettant variations et ornements de qualité. Ingrid Perruche – Poppée – et Nigel Smith – Claude – nous offrent également un chant excellent. Seul Bertrand Deletré – Pallas – manque parfois de souffle et de souplesse. Hélas pour nous, tous ces personnages évoluent dans l’univers du metteur en scène Frédéric Fisbach, qu’on qualifiera d’incohérent (à quoi servent ces acteurs qui jouent les statues, les témoins, les passants ?), d’inesthétique (en dehors des magnifiques costumes de Olga Karpinsky, le décor consiste en volumes bruts ou projections insignifiantes) et indigent (de l’agitation sans âme, un gag en trois heures dans un chef d’œuvre réputé pour son esprit de dérision). Heureusement, la direction de Jean-Claude Malgoire, l’exécution de La Grande Ecurie & la Chambre du Roy nous ramènent à un plus haut niveau artistique. Le disque existait avant le DVD déjà chez Dynamic : nous y retournerons avec plaisir et soulagement. »

  • Goldberg – août 2005 – apapréciation 4 / 5

« Dynamic a été parmi les premières compagnies discographiques européennes à investir avec conviction dans la publication de DVD pour les opéras pré-classiques. Il s’agit d’une opération sans aucun doute méritoire et intelligente, car plus encore que les opéras de la tradition romantique, d’ailleurs eux aussi en grande partie connus du public visuellement, le théâtre musical des XVIIe et XVlIle siècles pourrait difficilement transmettre ses trésors artistiques dès la première écoute sans le support visuel. C’est le cas d’Agrippina, premier opéra du jeune Hàndel à Venise en 1709, qui connut un succès éclatant. La belle mise en scène de l’Atelier Lyrique de Tourcoing, signée par Fisbach, enrichit et permet de jouir de l’exécution en elle-même déjà bonne de Malgoire. Quelques bons acteurs (Coubaillon, Asaï, Montout, Carniaux, Clion, Gossar, Molino) alternent avec les voix généralement excellentes de Gens (Agrippine), Jaroussky (Néron) et des autres rôles, tous également très convaincants du point de vue scénique (Perruche, Smith, Grégoire, Deletré, Di Falco et Buet). Sur cette toile de fond, évoluent des éléments scéniques essentiels, symboles muets d’une humanité impuissante devant les folies des propres maîtres. Les costumes d’Olga Karpinsky, joints aux éclairages de Levy, accentuent le caractère de douce fable atemporelle d’une aventure habituellement considérée comme un drame — ce qui n’était cependant pas le cas dans la Venise du début du XVIIIe siècle, où les spectateurs voulaient uniquement s’amuser. Avec cette réalisation, les nombreux passionnés de Haendel et de l’opéra baroque peuvent maintenant faire de même chez eux, en dépit de quelques légères imperfections. »

  • Classica – décembre 2004 – appréciation 6 / 10

« La production est efficace, mais hésite trop entre la modernité abstraite des décors et le baroque des costumes, sans une direction d’acteurs forte. Malgoire manque un peu de dramatisme, seuls Gens et plus encore Jaroussky sont mémorables. »

  • Opéra International – octobre 2004 – appréciation 2 / 5

« Proposée en 2003 par Jean-Claude Malgaire à l’Atelier Lyrique de Tourcoing, cette Agrippina d’une sobriété équivoque est à des années-lumière des facéties perverses manigancées il y a peu par David McVicar à Bruxelles et Paris : autres lieux, autres moeurs ! Si la mise en scène réfléchie de Frédéric Fisbach n’appelle aucune remarque désobligeante et fait même preuve d’une bonne dose de témérité en épurant les cyniques agissements de la fameuse impératrice romaine, elle n’évite pas toujours une certaine complaisance au petit jeu de l’abstraction. Précisons tout de même que le parti pris du décorateur, Emmanuel Clolus, d’encercler les protagonistes dans une série de panneaux amovibles, désespérément vides et plats, ne lui facilite guère la tâche. L’interminable partie de cache-cache induite par le glissement de ces surfaces blafardes, structurées de temps à autre par les vidéos tarabiscotées de Tiziano Mancini, lasse très vite.Sur le plan strictement vocal, les inégalités sont grandes. En passant sur quelques défauts de pure vocalisation ou d’articulation, Véronique Gens (Agrippina] et Philippe Jaroussky (Nerone) sont les seuls à faire preuve d’autorité. Le reste de la distribution, Ingrid Perruche (Poppea bien insipide), Thierry Grégoire (Ottone émouvant mais d’une émission plus que précaire) et Nigel Smith (Claudia poussif), pour ne citer qu’eux, manque cruellement d’envergure en dépit du soutien attentif de Malgoire et sa Grande Ecurie. Une production tout aussi bancale en DVD qu’en CD. »