CD Arianna in Creta

ARIANNA IN CRETA

COMPOSITEUR

Georg Friedrich HAENDEL

LIBRETTISTE

Pietro Pariati

 

ORCHESTRE Orchestre de Patras
CHOEUR
DIRECTION George Petrou

Arianna Mata Katsuli
Alceste Theodora Baka
Teseo Mary-Ellen Nesi
Tauride Marita Paparizou
Carilda Irini Karaianni
Minos Petros Magoulas

DATE D’ENREGISTREMENT 2005
LIEU D’ENREGISTREMENT
ENREGISTREMENT EN CONCERT

EDITEUR MDG
DISTRIBUTION Codaex
DATE DE PRODUCTION 16 février 2006
NOMBRE DE DISQUES 3
CATEGORIE DDD

Critique de cet enregistrement dans :

Le Monde de la Musique – mars 2006 – appréciation CHOC de la Musique

« Les voix de castrat étaient les plus appréciées à l’époque de Haendel, notamment celle de Carestini. Lady Bristol, qui l’écouta en 1733 (dans un autre opéra), écrivit : « Un excellent chanteur. Tous les autres sont des nullités hormis la vieille Durastante qui chante toujours aussi bien ». Voilà qui explique que cette Ariainna in Creta ne compte qu’une seule voix masculine grave, celle de Minos. Cette interprétation peut donc se permettre de ne compter que des femmes (rôle de Minas excepté), ces dernières se chargeant de deux personnages masculins (Alceste et le héros Thésée).

L’excellence des chanteuses et la variété de leurs rôles, accidentellement ou non, offrent une troublante peinture de la féminite, de la plus volontaire ‘ voire guerrière (celle de Tauride ou celle de Thésée) ‘ à la féminité grave, méditerranéenne de Carilda, que l’on appréciera particulièrement dans « Quel cor che adora », jusqu’à celle, grâce fragile, enfantine, d’Arianna, notamment dans « Turbatto il Mar si vede ». Ailleurs, le compositeur montre son habituelle efficacité à l’italienne, par exemple par ces violons en unissons seulement harmonisés par la basse continue dans l’air d’Alceste « Par che voglia » ou dans le fait de réserver les cuivres et les choeurs pour le dernier numéro, magistrale et sonore morale finale.

L’énergie de l’orchestre et de l’époustouflante basse continue s électrifie cette musique de bout en bout. On ne pourrait rêver meilleure actualisation de la musique de cette époque. L’idéal baroqueux est ici atteint presque sans discussion possible. »

Opéra Magazine – mars 2006 – appréciation 5 / 5

  « Après une tournée de concerts souvent magnifiques sous la direction de Christophe Rousset en 2002, nous avions espéré une intégrale d’Arianna in Creta. C’est finalement George Petrou ‘ déjà remarqué pour la première mondiale du pastiche Oreste sous le même label ‘, qui nous propose le premier enregistrement de cet opéra diffusé sur le marché (celui dirigé par Nicholas McGegan en 1999 a été édité uniquement sous les auspices de la Göttinger Händel Gesellschaft).

À la fin de la saison 1732-1733, Haendel ne se laisse pas impressionner par le départ de l’essentiel de sa troupe pour les rivaux de ce qu’on a appelé l’Opéra de la Noblesse, mené notamment par Porpora. Anna Strada del Po lui reste fidèle (elle sera Arianna) et le compositeur procède à un excellent recrutement : le castrat Giovanni Carestini (futur Ariodante et Ruggiero d’Alcina) en Teseo. Il écrit pour lui une partie virtuose où l’habituel hédonisme de la vocalité haendélienne n’est pas sans lancer quelques oeillades vers le style napolitain pratiqué par ses rivaux londoniens. A sa création en 1734, Arianna in Creta est un indiscutable succès.

On retrouve avec plaisir la probité et l’efficacité du chef grec. Il assume ses choix, comme l’instrumentation assez réduite du continuo, la réalisation de da capos privilégiant les diminutions, et des variations que l’on qualifiera de raisonnables. On aurait parfois aimé un peu plus d’exubérance, mais le résultat est stylistiquement juste et convaincant. La distribution est globalement très satisfaisante, même si l’on peut regretter les tensions excessives des deux sopranos (Arianna et Alceste). Les voix ont du caractère et les trois mezzos offient de belles caractérisations de leurs personnages, particulièrement Marita Paparizou et Mary-Ellen Nesi. Dans un rôle qui n’est pas à la portée de tous les gosiers, cette dernière domine les acrobaties et rend justi­ce aux passages les plus élégiaques. »

Diapason – mars 2006 – appréciation 4 / 5 – technique 6 / 10

« Depuis plus d’un siècle, la faculté s’ingénie àmettre de l’ordre parmi la quarantaine d’opéras que nous laisse Haendel. On a par exemple voulu voir une « trilogie de l’Arioste » dans la succession Onlando­Ariodante-Alcina (1733-1 735), trilogie surtout commode en ce qu’elle unit trois chefs-d’oeuvre certifiés et omet le seul opéra surgi entre Orlando et Ariodente : Arianna in Creta. « Échec lamentable après Orlando » selon le docte Edward J. Dent, l’oeuvre ne serait qu’un compromis, une réponse agacée à l’Arianna in Nasso que Porpora et sa troupe avaient donnée à Londres un mois plus tôt. Et il est vrai que les numéros de remplissage abondent dans un fouillis théâtral qu’on hésite à nommer livret bien qu’y entre l’un des plus beaux thèmes de l’Antiquité ‘ ce fil déroulé par Ariane qu’on appelle l’amour.

Gageons que jamais Arianna n’égalera en notoriété ses illustres contemporains. Pourtant, depuis quelques années, à la faveur d’une haendélomanie planétaire, ses avocats se font de moins en moins discrets. En 1999, Nicholas McGegan en avait donné une version scénique à Göttingen qui devint le premier enregistrement (disponible sur le site du festival). Suivirent Christophe Rousset en concert à Beaune (2002), Jed Wenz en tournée aux Pays-Bas (2003) puis, la même année 2005, Neal Goren à New York et George Petrou au Festival de Corinthe. C’est à ce dernier que l’éditeur MDG a ouvert ses micros, renouvelant l’expérience d’Oreste ‘ pasticcio immédiatement postérieur à Arianna et enregistré en 2004 par la même équipe. Engouement soudain mais tout à fait explicable si l’on compte les pages majeures de cet ouvrage mineur : Ouverture, « Qual Leon »et ses vents inexhaustibles, la fausse sicilienne d’Ariane « So che non é più mio », le sublime « Son qual stenco pellegrino » avec violoncelle obligé, et tout le rôle de Thésée, première collaboration du compositeur avec son futur Ariodante, le castrat Carestini. Rien que pour les scènes initiales du II, Arianna doit trouver au moins une fois le chemin de vos oreilles.

Aussi peu féru de drame que dans Oreste mais bien plus libre musicalement, le chef grec George Petrou obtient de son orchestre hellène ‘ très supérieur à la Camerata allemande de 2004 ‘ un accompagnement sans vertige ni coup d’éclat, tout en charme rustique et tournures délicates. Il dispose en outre du même couple que celui d’Oreste, l’exquise Mata Katsuli, fraîche et candide dans le rôle-titre, et la mezzo Mary-Ellen Nesi, plus appliquée que rayonnante mais victorieuse d’un emploi excessivement sportif. Chant générique et caractères modestes à l’entour, suffisants toutefois pour ne pas trahir les moments de grâce. Si le plateau de McGegan (Daneman, Brummelstroete, Brandes) était plus homogène, sa lecture ne surpassait la nouvelle venue ni en pertinence ni surtout en sensibilité. En attendant le grand jour, Arianna passe donc désormais par ici. »

Classica – mars 2006 – appréciation 7 / 10

« Nous réitérons ici nos louanges, à l’occasion de la sortie de cette Arianna in Creta (1734), un opéra de transition, certes, et fort rarement donné, mais qui contient de pures merveilles (à commencer par le bouleversant « Son qual stanco pellegrino », admirablement chanté par Sandrine Piau dans son album consacré à Haendel). Les couleurs de l’orchestre de Patras sont magnifiques, flattées par la prise de son, et George Petrou en tire de beaux moyens narratifs et expressifs, non seulement dans les airs à grand format (« Qual Leon che fere irato »), ou avec accompagnement obligé (le violoncelle de « Son qual stanco pellegrino »), mais également dans la série des admirables récitatifs accompagnés qui ouvrent le deuxième acte. En dépit de récitatifs vivants, le théâtre a cependant un peu de mal à percer sous la succession des beaux airs. Dans le rôle-titre (composé pour Anna Maria Strada del Pô, la seule chanteuse restée fidèle à Haendel en cette époque tourmentée), Mata Katsuli est tout à fait charmante, avec de beaux aigus et une excellente vocalise dans les airs virtuoses (« Sdegno, amore »). «Charmant» est même un peu réducteur car elle en outre dotée d’une vraie personnalité interprétative. Et sait être émouvante dans le miraculeux « Se nel bosco resta solo ». Manquent peut-être un rien de grâce (c’est un peu froid) et d’articulation. Excellent Teseo de Mary Ellen Nesi (un rôle très gratifiant, composé pour Carestini), avec, là aussi, sinon un instrument de premier ordre (qualité de timbre et puissance), au moins une vraie personnalité. La vocalise ne lui fait pas peur (« Nel pugnar col mostro infido »). L’élégie non plus (« Sdegnata sel con me »). Mêmes éloges pour l’Alceste de Theodora Baka, lui aussi doté de très beaux airs. L’acmédu coffret, «Son qual stanco Pellegrino »), très attendu, est un absolu sans faute. La voix androgyne d’Irini Karaianni n’est pas inintéressante dans le rôle de Carilda, mais il semble que la tessiture soit un peu grave pour elle : il lui manque de la puissance et de l’assurance dans le tiers inférieur de la voix. Fait significatif : la plupart des reprises ornementées sont tirées vers l’aigu. Dans le rôle de Tauride (écrit pour la Durastanti), Marita Paparizou possède tout le panache, la morgue, et la puissance nécessaires ‘ un peu dans la lignée d’Ewa Podles dans I’Ariodante de Minkowski.

Au total, on apprécie cette une équipe très homogène, même si elle nous laisse cependant un regret : la trop grande proximité de certains timbres. On finit par confondre les différents personnages. Peut-être, pour un meilleur équilibre, aurait-il été bienvenu de confier le rôle d’Alceste à un ténor, comme le fit Georg Friedrich Haendel lui-même lors des reprises. Quoi qu’il en soit, voici un coffret plus que recommandable de cette oeuvre rare au disque. »

Codaex – présentation

« Suite à la défection de ses chanteurs en faveur de la troupe de la noblesse, Haéndel se lance dans cette composition dont le rôle-titre sera confié à la Durastanti, pour la saison 1734/35. Cette version, enregistrée au Festival de Musique Ancienne de Corinthe, redonne ses chances à une partition qui précède Orlando. La distribution fait la part belle aux rôles masculins avec le superbe mezzo dc Mary Ellen Nesi dans le personnage de Teseo. Avec une voix ample doublée d’un souffle inépuisable, elle interprète des airs de bravoures nous gratifiant de vocalises impeccables de virtuosités et d’intelligence. Autre star de cet enregistrement la mezzo Matira Paparizou dans le personnage de Tauride. Mais c’est à la soprano Mata Katsuli que revient la difficile tâche de défendre le personnage d’Arianna écrit pour la Durastanti. L’interprétation est en tous points admirable, et grâce un palette riche en couleurs, elle réussit à merveille à rendre les différents affects du personnage. Une première mondiale qui comble un grand vide. »