Caligola delirante

COMPOSITEUR Francesco CAVALLI
LIBRETTISTE Domenico Gisberti

 

Opera di stile recitativo, sur un livret en trois actes de Domenico Gisberti (*), destiné au teatro San Apollinare de Venise, en 1660.

(*) Domenico Gisberti (1635 – 1677) fut secrétaire et poète de cour à Munich

Seuls le prologue (?) et quelques airs auraient été mis en musique. La partition est perdue. L’attribution à Cavalli provient du catalogue établi par Antonio Groppo, publié en 1745.

Le livret ne fut pas édité, mais a été retrouvé dans une collection d’oeuvres de Domenico Gisberti, dit de Murano, intitulée Talia, poesie dramatiche, comiche nuove di Domenico Gisberti, publiée à Munich en 1675. Il précise que l’oeuvre était destinée à la virtuosa ricreatione Delli Signori Academici Imperturbabili.

Dans un texte introductif, l’auteur est clair : « La deuxième pièce, intitulée La folie sur le trône, ou Caligula délirant, ce qu’on eût aussi pu dire Les délires de Caligula amoureux, est une comédie de style représentatif, composée à la hâte en seulement quinze jours, qui s’est donnée à Venise, au théâtre de S. Apollinare de l’Académie des Imperturbables, il y a quinze ans, après avoir été composée à la hâte en seulement quinze jours. Je le signale au lecteur afin qu’il sache que mon titre n’est nullement copié sur La Folie du Caligula récemment condamné à faire le fou sur les scènes vénètes par de plus valeureux poètes. »

Gisberti ne parle pas de collaboration avec un compositeur quelconque, alors que pour la première œuvre figurant dans le même recueil, Astiage, il signale un prologue et des intermèdes en musique du marquis Lanzoni. Le concept de « stile recitativo » est assez ambigu ; on ne repère guère que deux morceaux qui auraient une structure d’aria, avec reprise à la fin du premier ou des deux premiers vers (Caligula, I, ii, et Palante, I, iv). Figure également un choeur avec timbales et trompettes en III, xvi ; et deux ballets : ballet de gardes à la fin de l’acte I, ballet de chevaux (je dis bien chevaux : Caligula vient de rendre hommage à son cheval Incitatus) avec timbales et trompettes, à la fin de l’acte II.

En guise d’Argument, on trouve une Brève information pour apprécier la vraisemblance de la comédie :

« C’est le commun sentiment des historiens que Caligula fut pris de délire par la faute de Césonie, l’impératrice son épouse, en ceci que, pour se faire aimer, elle lui donna certain breuvage qui le priva de l’usage de la raison, et lui fit commettre des excès dignes de le livrer à l’abomination du monde entier.

Cette bête déguisée en empereur occupait son génie dans les écuries où il soignait ses destriers, en particulier Incitatus, car ainsi s’appelait son préféré, si aimé qu’il l’invitait à sa table, l’y nourrissait de blé doré, lui offrait à boire dans une coupe d’or, et, finalement, poussant sa folie à l’idolâtrie, il le fit consul et grand prêtre.

Les brutalités de ce monstre couronné sont infinies, et la comédie n’en gardera que quelques-unes pour instruire, et pour mentir sur la vérité ; car, amoureux de Livia Orestilla, le jour de ses noces publiques, il la fit enlever et conduire dans son palais, et son époux Pison fut proscrit.

Il spolia de ses richesses et de son royaume Hérodiade, sœur d’Agrippa, et, consignant en France son époux Hérode, il la retint à la cour.

En même temps, Agrippa, fils d’Aristoboule, qui sous l’empire de Tibère avait subi six mois de prison, avait été couronné roi de la Tétrarchie de son oncle Philippe.

Et pour finir, Artaban, roi des Parthes, ayant passé l’Euphrate, attendait impatiemment la conclusion de la paix si désirée avec Rome. »

Le livret est différent de celui réutilisé par Giovanni Maria Pagliardi pour un opéra représenté à Venise en 1672, d’un auteur inconnu, intitulé Caligula delirante.

 

Personnages : Caligola Delirante (Caligula délirant), empereur de Rome ; Cesonia (Césonie), amoureuse et épouse de Caligula ; Artabano (Artaban), roi des Parthes ; Agrippa (Agrippa), couronné tétrarque et roi de Judée ; Erodiade (Héridiade), sœur d’Agrippa, retenue à la cour, privée de son mari et de son état ; Claudio (Claude), oncle de Caligula et consul ; Pisone (Pison), chevalier romain proscrit, mais présent à la cour déguisé en Parthe ; Orestilla (Orestille), épouse de Pison, enlevée par Caligula lors de ses noces ; Cherea (Chéréas), tribun ; Palante (Pallas), eunuque ; Macrone (Macron), bossu ; Cour romaine ; prêtres ; ministres ; gardes ; gardiens ; soldats ; licteurs ; juges masqués ; cortège impérial, de chevaliers et de dames ; cortège de Parthes ; cortège d’Agrippa.