Bibliographie 2013

Le livret d’opéra en France au XVIIIe siècle Béatrice Didier – Voltaire Foundation University of Oxford – janvier 2013 – 352 pages – 102 €

« Le livret d’opéra, genre littéraire longtemps négligé par la critique, se rattache à un ensemble de questions esthétiques, voire philosophiques, qui traversent le XVIIIe siècle : le rapport entre parole et musique, les origines du langage, et le pouvoir représentatif de la musique.
Dans cette première étude interdisciplinaire, Béatrice Didier aborde successivement plusieurs types d’approche au livret : historique, sociologique, structurelle, thématique, esthétique. Elle fait découvrir la situation économique et sociale, très variable, du librettiste ; elle présente, à côté d’écrivains célèbres (Fontenelle, Voltaire, Diderot, Rousseau…) des librettistes moins connus qui ont fortement contribué à la constitution d’un genre, à la réflexion théorique, enfin à la vie musicale du XVIIIe siècle ; elle analyse la forme des livrets et les transformations parfois profondes auxquelles les grands mythes (Feu, Magie, descente aux Enfers, personnages d’Orphée, de Don Juan) sont soumis ; elle examine la nature de la parole chantée, et la façon dont elle précise, ou limite, le sens de la musique. Un répertoire des librettistes du XVIIIe siècle en France complète l’ouvrage pour en faire un livre de référence indispensable.
En montrant comment les livrets d’opéra permettent à l’imaginaire de s’exprimer plus librement qu’ailleurs, et même de traduire une certaine nostalgie du sacré que l’exigence de rationalité risque de refouler dans d’autres genres littéraires, B. Didier ouvre de nouvelles perspectives sur la vie culturelle, sociale et intellectuelle du siècle des Lumières. » (Présentation)


Busenello – Un théâtre de la réthorique Jean-François Lattarico – Classiques Garnier – Collection Lire le XVIIe siècle – Musique et Littérature – 24 juin 2013 – 459 pages – 39 €

« Ce premier essai en français consacré à Giovan Francesco Busenello analyse la structure rhétorique de sa production littéraire. Celle-ci, en soulignant la précellence de la parole poétique, prémisse à l’autonomie du « drame musical », révèle l’émergence d’une authentique conscience d’écrivain. » (Présentation éditeur)


 

L’Académie royale de musique de 1692 à 1697 – Journal imaginaire de Jean-Nicolas de Francine, Directeur de l’OpéraClaude-Jean Nébrac – Books on Demand – mars 2013 – 202 pages – 15 €

« Dans son ouvrage précédent, intitulé : « Directeur de l’Opéra après Lully », Claude-Jean Nébrac avait confié à Jean-Nicolas Francine le soin de conter, sous la forme de Mémoires imaginaires, son enfance au sein d’une famille de fontainiers, son mariage avec une fille de Jean-Baptiste Lully, son avènement à la tête de l’Académie royale de musique, à la mort de ce dernier, et la vie de l’Opéra jusqu’en 1692.
Le présent ouvrage lui fait suite, couvrant les années 1692 à 1697, période pendant laquelle l’Opéra connaît plus d’échecs que de succès, et où les difficultés financières s’aggravent. On retrouvera, à travers ce Journal imaginaire, un récit assis sur des faits historiques, enrichi de témoignages de contemporains, et agrémenté de dialogues, le tout permettant de faire revivre toute une galerie de personnages hauts en couleur, qu’ils soient membres de la famille royale, nobles de la Cour, auteurs, musiciens, chanteurs, danseurs, ou simples acteursde la vie musicale en cette fin du XVIIe siècle. » (Présentation)
« Heurs et malheurs de l’Opéra de Paris (il y a trois siècles)
Non content d’animer le site operabaroque.fr, véritable mine de renseignements sur l’opéra pré-mozartien, Jean-Claude Brénac est aussi un auteur prolifique. Sous le pseudonyme transparent de Claude-Jean Nébrac, il vient de faire paraître L’Académie royale de musique de 1692 à 1697, mais tout est dans le sous-titre, Journal imaginaire de Jean-Nicolas de Francine, Directeur de l’Opéra. Il s’agit en effet d’un ouvrage de fiction, qui donne la parole au gendre de Lully, personnage dont Claude-Jean Nébrac avait publié en mai 2012 les Mémoires imaginaires. Ce nouveau récit, où des passages dialogués se mêlent à une narration plus informative, laisse voir, au fil des échecs (Médée de Charpentier, Céphale et Procris de Jacquet de la Guerre) ou des succès (Didon de Desmarest), une nouvelle sensibilité qui se forme à mesure que le public délaisse la tragédie lyrique pour se tourner vers les formes brèves mêlées de danse. Dans les dernières pages, on voit se lever l’astre de Campra, auquel Francine a confié le livret de L’Europe galante, soumis par Houdar de la Motte, mais la création en octobre 1697 de ce qu’on considère comme le premier opéra-ballet sera peut-être le point de départ d’un prochain volume. » [Laurent Bury pour Forum Opéra]
« Pendant 5 années (1692-1697), l’Académie royale de musique poursuit son cycle de créations lyriques … A partir du journal imaginaire de son directeur, Jean-Nicolas Francine, l’auteur de cette fiction historique offre la suite chronologique d’un précédent opus consacré lui aussi à l’opéra baroque français sous le règne de Louis XIV, en particulier après la mort de Lully (1687).
L’Opéra français après Lully … Comment évolue le genre lyrique dans les années 1690, précisément de 1692 à 1697 ? Telle est la question – passionnante- à laquelle répond cet opuscule écrit à la première personne.
La période n’est plus aux fastes des opéras du Roi ; époux secret de Madame de maintenant, c’est à dire, de la marquise de Maintenon, très croyante, Louis XIV s’entête après la mort de Lully, son exballadin principal, à rompre l’éclat d’une Cour oublieuse et volage, fastueuse et déclamatoire ; l’heure est à la piété, au repli discret, à la contrition et de fait, les ouvrages lyriques seront moins suivis et soutenus par la couronne qu’ils ne le furent dans les décennies précédentes (1670-1680).
Comment alors susciter toujours le désir de théâtre et de chant ? Voilà la gageure à laquelle se confronte Francine : comment poursuivre le brio de Lully sans dénaturer le modèle des années 1670 (précisément depuis 1673, création de Cadmus et Hermione, première tragédie en musique) ?
L’exemple fameux et ici bien exposé dans sa genèse du Ballet des Saisons montre l’avènement d’un nouveau genre lyrique appelé à s’affirmer au XVIIIème : ce qui deviendra, avec Campra, l’opéra-ballet. Ainsi, le journal se conclut avant le succès considérable de l’« Europe galante » …
A travers les pages, se précise le profil du directeur Francine, personnalité engagée et exigeante, soucieuse comme chaque nouveau responsable de la première scène lyrique du Grand Siècle, de favoriser l’originalité et la nouveauté tout en rassurant aussi le goût et la curiosité des publics de l’opéra …
Celui qui aurait pu être fontainier comme son grand-père, son oncle et son père devint directeur de théâtre lorsqu’il épousa la fille de Lully, et que la direction de l’Opéra lui fut confiée par le roi, sur les conseils du Dauphin dont il était maître d’hôtel (!). Francine reste ainsi lié à l’histoire de la scène lyrique, en particulier de l’Académie royale de musique, de 1687 à 1728 ! On attend les prochains chapitres de cette épopée musicale et lyrique, débordant sur le XVIIIè, avec impatience. » [Adrien De Vries pour Classiquenews]