Rousseau et la musique, Jean-Jacques et l’opéra – Pierre Saby – Département de musique et musicologie – Actes du colloque sur Le Devin du village, 15 avril 2003 – Université Lumière Lyon 2 – septembre 2006 – 226 pages – 20 €
Sommaire : Jean-Jacque Rousseau et la musique de son temps (Pierre Saby), Rousseau et les musiques antique et médiévale (Gérard Le Vot), L’idée de génie de Rousseau : entre l’inspiration et l’ouvrage du « Devin » (Claude Dauphin), « Le Devin du village » dans les Dialogues de Jean-Jacques Rousseau (Michel O’Dea), Le « non-devin » de Jean-Jacques Rousseau : une figure pour la contestation de l’opéra français (Pierre Saby), La réception du « Devin du village » sous la Restauration, ou comment Rousseau fut chassé de l’Opéra (Olivier Bara), Les « Amours de Bastien et Bastienne » de Marie-Justine Favard et Harny de Guerville : parodie ou éloge du « Devin du village de Jean-Jacques Rousseau ? (Raphaëlle Legrand)
« Jean-Jacques Rousseau a développé et théorisé une critique sociale sur un front extrêmement large, par la diversité des sujets, mais encore celle des approches, y compris introspectives, et ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui un engagement politique. De sorte, il ne s’est pas attiré que des amis, d’autant qu’il était lui-même prompt à la polémique et à la fâcherie. Il est apparu, aux yeux d’un certain nombre de ses contemporains, comme un personnage provocant, voire scandaleux… Mais pour les révolutionnaires, il fut considéré comme le philosophe du peuple. La Convention ordonna en 1793, 15 ans après sa mort, le dépôt de ses cendres au Panthéon. On l’a bien entendu attaqué sur ce qui apparaissait comme des « maillons faibles », sa vie privée, sa manière de s’habiller, l’abandon d’enfant, mais aussi sa prétention à vouloir parler de musique, un art, où dit-on, il n’entendait pas grand-chose. Aujourd’hui, on sait qu’il est un penseur essentiel de notre histoire philosophique, sociale et politique. Sa pensée est là, incontournable et demeure une source prospective. On lui prête même une vertu qu’il n’a peut-être pas eue, la paternité du romantisme.
Mais, dans le milieu des musicologues, au domaine des sous-entendus et des biens entendus, si on se réfère souvent à lui, à ses écrits polémiques ou à son dictionnaire de musique, on n’évite pas le haussement d’épaules, le demi-sourire qui en dit long, la petite réflexion en marge ou entre parenthèses, pour souligner l’inconsistance, l’incohérence, la mauvaise foi de Jean-Jacques en musique.Pourtant, Jean-Jacques Rousseau aborde les questions musicales en philosophe de sa philosophie, au même titre que le feront plus tard Nietszche, Adorno ou Jankélévitch, lesquels ne provoquent pas de signes d’un mépris convenu. De cette philosophie, découle pour la musique, une théorie esthétique, une vision sociale, un engagement politique. Et là, Rousseau est tout aussi génial qu’il l’est dans les autres domaines, même s’il est techniquement, un musicien moyen, et qu’il ne dispose que des connaissances disponibles à son époque. Pour mettre les actes au diapason des paroles, il a écrit le livret et composé la musique d’un petit opéra, un divertissement : « Le Devin duvillage ». Présenté à la cour, le « Devin » eut un immense succès, et fut programmé, jusqu’à la Restauration, pratiquement sans interruption, à l’Opéra de Paris. C’est une œuvre simple, sans grands moyens, mais d’une magnifique élégance et pureté.
Cette œuvre qui fit date, inscrite dans la démarche philosophique d’un des penseurs la plus marquants de notre histoire, mais encore notre réflexion, méritaient bien un colloque, dont on nous offre aujourd’hui les actes. Ceux-ci abordent le sujet dans une ampleur et des ramifications conséquentes, de manière claire et pédagogique, facilement abordable pour les non-spécialistes. » (Musicologie.org)
Passages – De la Renaissance au Baroque – Philippe Beaussant – Fayard – 232 pages + 1 CD – septembre 2006
« Il est des moments de l’histoire où tout semble s’accélérer : non seulement les événements, mais les pensées des hommes et leur transcription dans l’art. C’est ce qui se passe entre 1560 et 1610, entre le temps de Tintoret et celui de Véronèse, du Tasse, de Monteverdi et du Caravage. Mais peut-on tenter de dire l’essentiel d’une époque charnière en se contentant d’évoquer quelques oeuvres, quelques peintures, fragments de poèmes et moments musicaux?
C’est la pari que fait Philippe Beaussant : ce resserrement sur un petit nombre d’oeuvres rendra encore plus évident le sens de ces transformations incroyables de la pensée et de l’art. Il croit aussi que tout se tient, et qu’entre la peinture, la poésie et la musique, il y a des rapports trop souvent négligés. Le Tintoret : comment le Temps entre dans la peinture. Véronèse : comment elle devient théâtre, alors que son ami Palladio construit la première salle, et qu’il dessine pour lui les costumes. Comment le Tasse installe la tragédie dans l’épopée, comment le Monteverdi en fait l’opéra, comment le Caravage établit entre l’ombre et la lumière un terrible combat… Tout cela, que Montaigne a appelé Passage… » (Présentation Éditeur)
La Rome antique dans l’art lyrique – 2200 ans d’histoire introduits par 600 opéras – André Lama – Le Vert galant – Tome I – De la période mythologique à l’empereur Othon – 369 pages – Tome II – De Vespasien à la chute de Constantinople – 327 pages – 40 € les deux, sans frais de port, à commander directement chez l’auteur, 11 Le Champ Blanc – 34290 Lieuran-les-Béziers
« Du XIIe siècle avant notre ère au XVe siècle après, soit de l’arrivée mythique d’Enée dans le Latium à la prise de Constantinople par les Turcs, ce livre déroule toute l’histoire romaine avec la grande originalité de la faire avancer à partir de près de 600 titres d’opéras créés par plus de 200 compositeurs entre le XVIe et le XXe siècle.
« La Rome antique dans l’art lyrique »… un ouvrage idéal pour ceux que fascinent à la fois et l’histoire romaine et l’opéra. Une découverte à ne pas manquer pour les autres. Un triple hommage à Rome, à l’Italie et à la musique…
Existe-t-il des lecteurs aimant à la fois la Rome antique et l’opéra ? Sans doute ne sont-ils pas légion ? Quel que soit leur nombre, peut-être trouveront-ils à la lecture du présent ouvrage un intérêt, voire un plaisir, rejoignant ceux que j’ai éprouvés lors de sa rédaction. Quoi qu’on en pense, ce mariage insolite de 2200 ans d’histoire romaine et de 400 ans d’art lyrique n’en a pas moins été fécond puisqu’il a accouché de près de 600 opéras !
Succès d’un jour ou de toujours, oeuvres mort-nées ou immortelles, j’ai tenté de les débusquer et leurs titres m’ont permis d’évoquer une histoire romaine dont la chronologie ne progresse qu’avec leur introduction et des explications-relais nécessaires à la bonne compréhension de l’ensemble.
Quand plusieurs opéras titrent sur le même personnage ou le même événement, ils sont classés d’après la date de leur création ou de leur première représentation. Les éléments biographiques des compositeurs sont donnés avec la première apparition d’un de leurs opéras dans la chronologie romaine. Leurs autres oeuvres y renvoient systématiquement. A la fin de chaque partie, quelques paragraphes sont consacrés à l’évolution de l’art lyrique, aux compositeurs ou à leurs oeuvres. S’agissant d’un hommage à l’Italie, on comprendra que ses musiciens soient ici à l’honneur, Verdi notamment. » (Présentation éditeur)
Histoire de l’Opéra italien en France (1752 – 1815) – Héros et héroïnes d’un roman théâtral – Andrea Fabiano – Editions du CNRS – 295 pages – 28 €
« Andrea Fabiano est professeur de Littérature et Civilisation italiennes modernes à l’Université Paris-Sorbonne et chercheur à l’Institut de recherche sur le patrimoine musical en France (IRPMF). Spécialiste des transferts dramaturgiques entre la France et l’Italie, il a publié de nombreux articles et livres sur l’opéra et le théâtre au XVIIIe siècle dont le dernier en date, La » Querelle des Bouffons » dans la vie culturelle française du XVIIIe siècle paru en 2005 dans cette même collection. » (Amazon)
« Pendant le XVllIe siècle et le début du XlXe, dans le décor tourmenté de la crise de l’Ancien Régime, de la Révolution et de l’Empire napoléonien, des impresarios exceptionnels, des spéculateurs audacieux, des chanteurs ambulants, des virtuoses envoûtants et des musiciens émigrés essaient de dépasser – pour la gloire ou pour l’argent, par amour propre ou par esprit d’aventure – la résistance que la France, seule en Europe, oppose à l’opéra italien. Loin d’être le résultat d’un nationalisme exacerbé, cette résistance se fonde sur une altérité anthropologique de poétique et de dramaturgie. Ainsi, l’opéra italien suscite un débat intense qui engage toutes les personnalités de la culture française de l’époque, un débat dont la “Querelle des Bouffons” et la “Querelle des Gluckistes et des Piccinistes” ne cristallisent- que les moments les plus polémiques. Seul ouvrage de référence sur le sujet, ce livre retrace le roman théâtral et l’histoire de ces héros et héroïnes. Grâce à une recherche d’archives de première main, il ajoute la pièce manquante à la grande mosaïque de l’exportation de l’opéra italien en Europe et met en valeur la richesse artistique de l’échange entre la France et l’Italie sur le sujet de la dramaturgie. » (Crescendo – avril/mai 2007)