Orfeo dolente (Orphée inconsolable)

COMPOSITEUR Domenico BELLI
LIBRETTISTE Gabriello Chiabrera
ENREGISTREMENT ÉDITION DIRECTION ÉDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DÉTAILLÉE
2007 2008 Vincent Dumestre Alpha 1 italien

 

Favola in musica, découpée en cinq intermèdes pour la représentation de l’Aminta de Torquato Tasso en 1616, au Palazzo Scala della Gherardesca, à Florence, résidence d’Ugo Rinaldi.

Une première version de l’oeuvre fut écrite par Gabriello Chiabrera (*), sous le titre de Il pianto d’Orfeo, et représentée à Florence en octobre 1608. Elle fut éditée seulement en 1615, avec deux autres favolette da recitarsi cantando (Orizia rapita et Polifemo geloso), chez l’éditeur florentin Zanobi Pignoni.

(*) Gabriello Chiabrera, né en 1552 et mort en 1638 à Savone, auteur de poésies lyriques et d’oeuvres théâtrales (tragédies, comédies, fables).

Gabriello Chiabrera

Dans une lettre du 11 juin 1616 à Ferdinand de Gonzague, Belli se plaignait que les chanteurs trouvaient sa musique « difficile et inchantable ».

La musique fut imprimée en 1616. Un exemplaire est conservé à Breslau.

Une nouvelle édition du livret eut lieu à Gênes, en 1622.

L’Aminta du Tasse fut donné à Bruxelles, le 3 mars 1926, dans une traduction en français de Arthur de Rudder, avec les intermezzi musicaux de Belli, dans une reconstitution et une harmonisation du chef Antonio Tirabassi. Une édition parut en 1927 chez Maison Delvigne.

Francesco Malipiero réalisa une transcription en de l’Orfeo dolente en 1951, puis Bruno Maderna en 1968.

 

Personnages : Orphée, Pluton, Calliope, Proserpine, les Trois Grâces, le Choeur de Bergers, un Berger du Choeur, le Choeur des Nymphes.

 

Synopsis :

Premier intermède : Orphée, Pluton

Après avoir perdu deux fois Eurydice, Orphée revient aux portes de l’Arverne. Il reconnaît sa faute mais espère pouvoir une nouvelle fois fléchir le dieu des enfers et obtenir de lui de retrouver son Eurydice. Mais Pluton ne se laisse pas fléchir.

Deuxième intermède : Orphée, Calliope, Pluton, Proserpine, le Choeur des Bergers

Calliope se lamente de voir son fils si malheureux. Orphée lui explique comment, à deux reprises, il a perdu Eurydice. Proserpine intervient auprès de Pluton en faveur d’Orphée. Pluton reste inflexible. Calliope et les Bergers commentent sa décision.

Troisème intermède : Orphée, Calliope, le Choeur des Bergers

Orphée s’est enfui dans un endroit solitaire pour se livrer à sa douleur. Calaliope tente d’éveiller en lui le désir de se trouver une autre compagne. Les Bergers le pressent également de ne pas fuir un nouvel amour. Orphée ne demande qu’à se lamenter.

Quatrième intermède : les Trois Grâces, Orphée, le Choeur des Nymphes

Les Grâces reprochent à Amour de laisser Orphée se lamenter. Le Choeur des Nymhes forme le souhait qu’un nouvel amour embrase son coeur. Les Grâces forment une danse en son honneur. Mais Orphée ne veut penser qu’à Eurydice.

Cinquième intermède : Choeur, les Grâces

Le Choeur à nouveau souhaite que le coeur d’Orphée batte pour une nouvelle beauté. Les Grâces expriment leur confiance en l’Amour. Orphée continue de se lamenter et souhaite la mort.

 

Livret disponible sur livretsbaroques.fr

 

« Tout a commencé lorsque Vincenzo Galilei récitait en déclamant et en chantant, selon les usages encore embryonnaires du style monodique, l’Enfer de Dante face au membres de l’Académie du Comte Bardi en 1582. Dans ce sillon générique, où allait se préciser l’art du chant dramatique ou parlar cantando, propre au berceau florentin, s’inscrivent les apports des maîtres florentins en la matière, Peri en particulier, et ici, Caccini et Saracini, surtout Domenico Belli dont les interprètes, ayant déjà abordé son style déclamatoire spécifique (précédent album, également gravé pour Alpha), nous livrent ainsi son Orfeo Dolente, aboutissement esthétique de toutes les recherches expressives du milieu florentin. Belli frappe d’autant plus fort qu’il abandonne ici la sensualité onctueuse et languissante (propre à la sprezzatura de ses contemporains Peri et Caccini) alors en usage, pour une forme plus directe, âpre, violente, une vision désenchantée, d’un noir profond, lugubre et sans issue quant à sa résolution. Il est surprenant que le musicien ait choisi d’écarter même la figure d’Euridice (toujours citée, évoquée, jamais entendue), a contrario de ses contemporains qui s’étaient à l’inverse plutôt fixés sur la figure de la jeune femme… Harmonies suspendues, récitatif tendu, sans fioritures, ton franc voire expressionniste, l’art vocal de Belli ne s’embarrasse d’aucune grâce ni idéalisme. Moderne et même « expérimental », Belli nous est dévoilé dans sa singularité. » (Classique.news)

 

Représentations :

Abbaye de Royaumont – Réfectoire des Moines – 30 septembre 2006 – Eglise d’Arques-la-Bataille – 1er septembre 2006 – Le Poème Harmonique – dir. Vincent Dumestre – avec les stagiaires de la Fondation Royaumont, Arnaud Marzorati (baryton), Anne Maistriau, Eugénie De Mey, Charlotte Plasse (sopranos), Isabelle Druet, Laurence Renson (mezzos), Matthieu Chapuis, David Witczak, Nicolas Achten (ténors), Jan Jeroen Bredewold (basse)

« L’Orfeo dolente permet de retrouver Arnaud Marzorati. Il est dommage que celui-ci pousse son émission, à la recherche apparemment d’un extrême legato. Proserpine appuie aussi sa voix d’une manière semblable. Les voix du choeur sonnent également poussées, peut-être à la recherche du son le plus droit possible (sans vibrato). Les Trois Grâces forment un trio bien criard. La plus grave a un timbre plus rond mais un vibrato rapide et vocalise mal. La deuxième chante ouvert, trop haut et détimbré. Un ténor bêle avec à propos son rôle de berger. Seuls Calliope et le Pluton de Jan Jeroen Bredewold séduisent par uneémission plus équilibrée. Le Poème Harmonique est toujours aussi merveilleux, instrumentalement comme stylistiquement. » (L’Atelier du chanteur)

Bruxelles – 3 mars 1926 – Ixelles près Bruxelles – Musée des Beaux Arts – 1er avril 1926 – dir. Antonio Tirabassi