CD Ariodante (1978)

ARIODANTE

Ariodante - 1994Ariodante_2003

COMPOSITEUR

Georg Friedrich HAENDEL

LIBRETTISTE

L’Arioste/Antonio Salvi

 

ORCHESTRE English Chamber Orchestra and Chorus
CHOEUR
DIRECTION Raymond Leppard

Ariodante Janet Baker mezzo-soprano
Ginevra Edith Mathis soprano
Polinesso James Bowman contre-ténor
Dalinda Norma Burrowes soprano
Lurcanio David Rendall ténor
Il Re di Scozia Samuel Ramey basse
Odoardo Alexandra Oliver

DATE D’ENREGISTREMENT décembre 1978
LIEU D’ENREGISTREMENT Londres
ENREGISTREMENT EN CONCERT

EDITEUR Philips / Universal
COLLECTION Trio
DATE DE PRODUCTION 1994 / 20 septembre 2004
NOMBRE DE DISQUES 3
CATEGORIE ADD

 Critique de cet enregistrement dans :

Forum Opéra

« La réédition à prix « super éco » de l’Ariodante gravé en 1978 par Raymond Leppard avec l’English Chamber Orchestra, avec Janet Baker en tête d’affiche, risque bien, sans toutefois changer totalement la donne, de remettre quelque peu les pendules à l’heure, surtout lorsqu’on le compare également à celui, paru en 1995, sous la direction de Nicolas Mc Gegan, plutôt fraîchement accueilli par la critique, malgré la présence dans le rôle-titre d’une chanteuse aussi exceptionnelle que Lorraine Hunt. On ne dira jamais assez à quel point l’inlassable travail de pionnier effectué par Raymond Leppard a contribué à la renaissance de la musique baroque, et a tiré bien des oeuvres de l’oubli, même si, par la suite, son approche a pu paraître « démodée » à ceux qui, prenant sa succession, ont fini par le renier.

Force est de constater que ce disque bénéficie d’un plateau vocal exceptionnel, qui tient encore largement la route aujourd’hui, et que les tempi, globalement assez lents et somme toute peu contrastés, choisis par le chef, ne compromettent en rien la valeur de l’interprétation des protagonistes, en particulier de la plus divine de tous, Dame Janet. Car le travail qu’effectua Leppard pour les oeuvres baroques en général et l’orchestre en particulier, Baker le fit pour le chant. Qui ne se souvient de ses bouleversantes incarnations de la Didon de Purcell, de la Pénélope du Retour d’Ulysse de Monteverdi, de l’Orphée de Gluck, (un DVD de Glyndebourne vient de paraître…) de son Jules César, à ce jour inégalé, de sa Cantate « Lucrezia », et j’en passe…La splendeur, la puissance, l’étendue et la chaleur de sa voix, sa musicalité, son impeccable technique et son investissement dramatique, constant et généreux, firent également d’elle une artiste exceptionnelle, qui marqua de manière indélébile tout ce qu’elle interpréta et enregistra. Cet Ariodante en fait partie, même si l’on peut déplorer aujourd’hui que la lenteur de certains tempi a pour effet direct de moins valoriser la virtuosité, pourtant réelle, des interprètes, surtout en ce qui concerne le rôle-titre, créé par le célèbre castrat Giovanni Carestini. Ceci est flagrant, notamment pour les arie « Con l’ali di costanza » (acte I) et « Tu, preparati a morire » (acte II), pris à un rythme de croisière paisible par Leppard et à une rapidité vertigineuse par Minkowski. Paradoxalement, le célébrissime « Scherza infida », étiré à l’infini par ce dernier : 11′ 52, est plus rapide chez Leppard : 7’48 et chez Mc Gegan : 8’48. En revanche le solaire « Dopo Notte » est à peine plus lent chez Leppard et Mc Gegan que chez Minkowski. Certes, la direction du chef français, à l’évidence plus contrastée, dramatique, vivante, sent le « live » et la scène, celles de Leppard et de Mc Gegan fleurant bon le studio, bien que la version du dernier ait été enregistrée dans la foulée des représentations du Festival Haendel de Göttingen.

Pour ce qui est de la voix, riche, chaude et puissante, la supériorité de Baker est incontestable. Son implication dramatique est comme toujours exceptionnelle, et son incarnation du preux et amoureux chevalier, véhémente et passionnée. Cependant, ses consoeurs, von Otter en tête, ne sont pas en reste au royaume du chant baroque, et si Baker triomphe dans un « Dopo Notte » éblouissant, von Otter et Hunt font leur miel d’un « Scherza infida » très différent, mais profondément bouleversant. A un tel niveau d’interprétation, on ne sait qui préférer : von Otter vocalise avec un style, une musicalité et une virtuosité proprement hallucinants, Hunt se situe dans la lignée de Baker pour ce qui est du déchirement et de l’engagement, sans en avoir, certes, les moyens vocaux. »

Classica/Répertoire – novembre 2004 – appréciation 7 / 10

« …inoubliable pour Janet Baker et James Bowman… »

Opéra International – décembre 1994 – appréciation 5 / 5

« La voici enfin rééditée, cette belle version d’Ariodante que nous appelions encore il y a peu de nos voeux…Raymond Leppard pour une fois, n’a pas pratiqué les coupures et remaniements dont il était coutumier lorsqu’il abordait le répertoire lyrique baroque. La distribution est elle aussi un des points forts de cette réalisation de 1978 : rarement pareil ensemble de voix aura été réuni pour un enregistrement d’opéra haendelien. Qu’on en juge par les prestations admirables de Janet Baker, d’Edith Mathis et de Samuel Ramey. La partition ne manque pas d’airs sublimes où des voix adaptées et stylées peuvent briller. Dame Janet Baker nous offre ainsi le plus beau « Scherza infida » de la discographie, avec en prime une impressionnante leçon de style quant à la manière d’habiter un da capo. Dommage que la direction de Leppard, sans être pesante, soit parfois un rien académique. Malgré tout, cet Ariodante est bien l’un des sommets de la discographie haendelienne. »

Le Monde de la Musique – décembre 1994 – appréciation 4 / 5 – technique 8,5

 « L’éblouissante interprétation de Janet Baker, à cent coudées au dessus de ses partenaires, aussi excellents soient-ils…Un modèle d’intelligence dramatique : les mots sont chargés de sensibilité, les phrasés et les nuances, d’une constante variété, sculptent avec noblesse un personnage à la dimension de ceux des plus belles tragédies classiques…Bien sûr l’orchestre de Raymond Leppard n’obéit pas aux canons baroques, mais il reste assez souple pour mettre en valeur l’écriture raffinée de Haendel. »