CD Ariadne

(DIE SCHÖNE UND TREUE) ARIADNE

COMPOSITEUR

Johann Georg CONRADI

LIBRETTISTE

Christian Heinrich Postel

 

ORCHESTRE

Orchestra & Chorus of the Boston Early Music Festival

CHOEUR
DIRECTION Paul O’Dette / Stephen Stubbs

Pamphilius Jan Kobow
Pirithous Julian Podger
Theseus James Taylor
Pasiphae, Venus Ellen Hargis
Evanthes, Bacchus Matthew White
Minos Marek Rzepka
Phaedra Barbara Borden
Ariadne Karina Gauvin

DATE D’ENREGISTREMENT 2004
LIEU D’ENREGISTREMENT
ENREGISTREMENT EN CONCERT

EDITEUR CPO
DISTRIBUTION Codaex
DATE DE PRODUCTION mai 2005
NOMBRE DE DISQUES 3
CATEGORIE DDD

Critique de cet enregistrement dans :

Opéra Magazine – décembre 2005 – appréciation 4 / 5

« Tout l’intérêt de la publication de l’Ariane deJohann Georg Conradi (v. 1645-1699) réside dans le fait que l’ouvrage est l’un des plus anciens témoignages qui nous soient parvenus (1691) du répertoire du Theater amn Gänsemarkt à Hambourg, où officia également Telemann. L’opéra est une juxtaposition plutôt qu’une synthèse de styles différents, une sorte de réunion des goûts allemand, italien et français. Chaque acte débute par une ouverture ou un prélude à la française, en rythmes pointés ; certaines mélodies strophiques d’essence populaire, comme celles dévolues au rémouleur Pamphilius, personnage incongru dans un opéra mythologique, sont d’essence typiquement germanique ; quant aux airs proprement dits, ils font appel aux poncifs du style italien et sont entrecoupés de ritournelles héritées de Monteverdi ou Cavalli.

Paul O’Dette et Stephen Stubbs ont entrepris de redonner vie à cette Ariane à l’occasion du Early Music Festival de Boston en juin 2003, l’enregistrement étant réalisé l’année suivante dans le cadre d’une tournée en Europe. L’orchestre est excellent, les phrasés sont variés et intéressants, et l’on ne ressent jamais le manque d’unité que la double direction musicale aurait pu faire craindre. Le bilan vocal, en revanche, est plus mitigé. Si Karina Gauvin se sort plutôt bien du rôle virtuose d’Ariane, on ne peut qu’être déçu par le manque d’épaisseur de la Phèdre de Barbara Borden. La Pasiphaé d’Ellen Hargis (également distribuée en Vénus) ne vaut guère mieux. Chez les messieurs, on sera séduit par la truculence de Jan Kobow. James Taylor campe un Thésée de bon niveau, mais parfois exagérément affecté, alors que le contre-ténor Matthew White séduit par la transparence de son timbre et la justesse de sa vocalisation. Un disque non dépourvu de défauts, mais que nous recommandons aux curieux d’opéra baroque allemand. »

Le Monde de la Musique – décembre 2005 – appréciation 3 / 5

« Puisque la partition de Daphne (1627) de Schütz ne connut pas une longue diffusion et fut ultérieurement détruite, cette Ariadne peut étre considérée comme le fondement de l’opéra (opéra s’entend ici comme genre musical et comme institution privée soumise aux lois du marché). Ariadne témoigne de cette passionnante interculturalité que, à l’époque, Couperin qualifia de « gousts reünis ». Au premier abord, on attribuerait volontiers cette Ariadne à Lully, mais des écoutes successives laissent percevoir un peu d’Italie et un indiscutable terreau polyphonique allemand. On regrettera que les interprètes ne maîtrisent pas les ressorts de la tragédie lyrique, qu’ils n’offrent qu’une suite de sections courtes et ne trouvent jamais le lien formel et l’arc dramatique unitaire. La distribution vocale, convenant au concert et non à la scène, renforce ce décousu. »

Classica – novembre 2005 – appréciation 8 / 10

« Le répertoire du célèbre théâtre du Marché aux Oies de Hambourg et, plus largement, l’opéra baroque gemanique ont les faveurs du disque. Après le Cr’sus de Keiser, voici une oeuvre décoiffante de son prédécesseur, Conradi, qui fut l’imprésario-directeur du premier opéra public allemand entre 1690 et 1693. Dans Ariadn, les empreintes vénitienne et française sont évidentes. Le livret nous ramène aux origines populaires de l’opéra lorsque drame et parodie (voire pètomanie comme en témoigne le final de l’acte I !) se partageaient la scène.

Commencé au palais du roi Minos avec l’épisode de Thésée et du Minotaure, l’opéra s’achève à Naxos avec l’abandon d’Ariane suivi de ses noces avec Bacchus. Entre temps Pirithous aura eu des émois pour son frère d’armes, leur confident Pamphilius sera tombé amoureux de moult jambons et Phèdre aura beaucoup intrigué pour ravir le héros d’Athènes à sa soeurette. Rajoutons les tonitruantes colères de Pasiphaè, les airs de triomphe d’Ariane (avec trompette) et une scène de folie (pour les violes) : cet opéra d’avant la stérilisation opérée par Métastase déborde d’humour comme de tendres émois sur une musique qui se proclame l’héritière de Lully. Mais il est vrai que les oeuvres de Jean-Baptiste offrirent ses premiers bénéfices au Marché aux oies… Dès l’ouverture, l’orchestre et les méthodes du Florentin, à l’exception du récitatif, marquent le style deConradi. Comme dans la tragédie lyrique, la danse est partie intégrante de la narration et la vaste passacaille par laquelle Ariane et Bacchus deviennent une constellation semble sortir d’Acis et Galatée, la mélancolie en moins tant cette Ariadne a plus souvent envie de rire que de s’épancher. »

 Codaex – Présentation

« Difficile de trouver des éléments biographiques concernant Conradi (1645-1699) mais soulignons qu’il a été directeur musical du théâtre de Hambourg après avoir exercé la fonction de maître d’orchestre de la cour à Ansbach. Il est important de noter sa connaissance des opéras de Lully mais aussi des maîtres italiens Cavalli et Monteverdi en particulier. A l’écoute de cet enregistrement on retrouve toutes ces influences, ce qui aboutit à une oeuvre surprenante de vitalité, mêlant des pages héroïques, humoristiques, bucoliques. Les interprètes magnifient l’ensemble en particulier Karina Gauvin. Les passages orchestraux fort nombreux sont défendus brillamment par le Boston Early Musical Festival dirigé par PauI O’Dette et Stephen Stubbs. »