ANTIGONA |
COMPOSITEUR |
Tommaso TRAETTA |
LIBRETTISTE |
Marco Coltellini |
ORCHESTRE | Les Talens Lyriques |
CHOEUR | Choeur de Chambre Accentus |
DIRECTION | Christophe Rousset |
Antigona | Maria Bayo | |
Ismene | Anna Maria Panzarella | |
Creonte | Carlo Vincenzo Allemano | |
Emone | Laura Polverelli | |
Adrasto | Gilles Ragon |
DATE D’ENREGISTREMENT | |
LIEU D’ENREGISTREMENT | |
ENREGISTREMENT EN CONCERT |
EDITEUR | Decca |
DISTRIBUTION | Universal |
DATE DE PRODUCTION | novembre 2000 |
NOMBRE DE DISQUES | 2 |
CATEGORIE | DDD |
Critique de cet enregistrement dans :
Ramifications – janvier 2001
« Nouvelle incursion de Christophe Rousset dans les richesses musicales du XVIIIème siècle, Antigone porte le flambeau de la « tragedia per musica » réformée, celle qui se joue allègrement du mélodrame sérieux et revisite les conventions lyriques pour un opéra plus introspectif, largement ouvert à la psychologie de ses personnages, textes et musiques confondus. C’est le résultat de la détonante association Coltellini-Traetta, déjà efficace avec Iphigénie en Tauride. Écrivain enthousiaste, Marco Coltellini se passionne pour la tradition tragique grecque mais il désire un nouveau langage. Sophocle est trop pessimiste : si Coltellini garde intacte la structure de sa pièce, il en modifie le dénouement ; Antigone ne mourra pas injustement pour avoir donné une sépulture à son paria de frère mais elle sera sauvée in extremis par la clémence de Créon, souverain éclairé qui prend conscience de sa cruauté en apprenant que son propre fils, Hémon, se serait sacrifié pour elle. Cette nouvelle vision a l’heur de plaire à Frédéric II de Prusse et à Catherine II, la destinataire de l’oeuvre. Traetta centre toute la tension musicale sur l’intériorité des personnages ; il abandonne, avec la complicité de Coltellini, la longue et monotone succession récitatifs/airs pour privilégier les duos, parfois les trios, agrémentant le passage d’une scène à l’autre d’habiles transitions mélodiques. Le récitatif est plus bref, l’air plus condensé, expressif plutôt que virtuose, l’instrumentation plus dynamique. L’ajout récent de la clarinette se mêle plaisamment et sans lourdeur aux funestes résonances des cors et des bassons ; l’orchestration, sobre et efficace, intervient dans la compréhension de l’action, dessine un climat, prépare une péripétie. A son habitude, Christophe Rousset organise une vision nette, précise et clairement structurée de l’oeuvre qu’il présente. Il mène ses musiciens, Talens Lyriques et Choeur de Chambre Accentus, selon une esthétique de la mesure, de l’équilibre et de la sobriété qui convient cette fois tout à fait à la pensée que soutient Antigone : le pathos superflu est gommé pour souligner l’intériorité des émotions et leur épanchement digne, presque sublimé. Le tremblement de l’opéra naît d’ailleurs des interprètes, qui ne dérapent jamais : Maria Bayo crée une Antigone touchante et pure, humble, forte et vulnérable à la fois. Laura Polverelli incarne tout en finesse le rôle masculin d’Hémon, noble et dévoué au pire de la souffrance. On se doit de citer l’ambiguïté de Créon, clairement interprétée par Carlo Vincenzo Allemano, la douceur fragile d’Ismène-Anna Maria Panzarella et la difficile neutralité d’Adraste-Gilles Ragon, témoin et messager meurtri. »
Opéra International – février 2001 – Timbre de Platine
« La distribution vocale est, avec éclat, à la hauteur des enjeux »… »Dans le rôle-titre, Maria Bayo domine parfaitement son sujet : son timbre naturel allie la fermeté à de nombreuses coloratures, dans chaque registre de sa voix fort longue »… »Anna Maria Panzarella dresse, par contraste, le portrait d’une femme émouvante : elle y parvient aisément grâce à une émission vocale limpide »… »Laura Polverelli offre d’indiscutables qualités musicales »… »Carlo Vincenzo Allemano est un Creonte efficace et sensible »… »Gilles Ragon compose un Adrasto éloquent et vif »… »Christophe Rousset est le grand atout de ce disque »… »Son orchestre est fort coloré (un continuo impeccable, des cordes dynamiques et timbrées) ».
Classica – février 2001 – Recommandé
« Majestueuse découverte »… »Christophe Rousset confirme qu’avec une approche si façonnée par la culture française, par sa raison et sa retenue, il est un maître dans l’exécution de la musique italienne »… »énergie du tempo, générosité des phrasés, soin méticuleux des sonorités solistes »… »On ne se lassera pas d’écouter l’aria di sortita d’Antigone, superbement interprétée par Maria Bayo, la suprême virtuosité des ostinatos des cordes et du basson »… »Un enregistrement magistral »
Chronicart – appréciation 4 / 5
« La performance de l’ensemble de Laurence Equilbey est sûrement la plus grande réussite de cet enregistrement. Mais alors qu’Accentus trouve des sonorités chaleureuses, l’orchestre des Talents lyriques, s’il sait trouver des couleurs tout à fait séduisantes, rendant justice à la richesse de l’orchestration, l’ensemble marque le pas et manque de tonus à la longue. Quant aux solistes, si les rôles secondaires sont assez satisfaisants, Maria Bayo campe une Antigone très en deçà de la profondeur psychologique décrite par Giovanna Ferrara dans les notes du livret, semblant oublier qu’il y a un texte et que le récitatif n’est pas qu’un mauvais moment à passer »… »Mais tempérons en jouissant de la beauté de cette musique… »