CD Amor aumenta el Valor

AMOR AUMENTA EL VALOR

COMPOSITEUR

José de NEBRA

LIBRETTISTE

José de Cañizares

 

ORCHESTRE

Los Musicos de Su Alteza

CHOEUR
DIRECTION

Luis Antonio Gonzales

Mimo

José Pizzaro

Porsenna

Marta Infante

Horacio

Olalla Aleman

Clelia

Maria Eugenia Boix

DATE D’ENREGISTREMENT

novembre 2009

LIEU D’ENREGISTREMENT

Saragosse

ENREGISTREMENT EN CONCERT

EDITEUR

Alpha

DISTRIBUTION

Codaex

DATE DE PRODUCTION

7 octobre 2010

NOMBRE DE DISQUES

1 (acte I seulement)

CATEGORIE

DDD

Critique de cet enregistrement dans :

 Classique.news

« L’enregistrement est un vrai moment de théâtre… Le chef Luis Antonio Gonzalez démontre une exceptionnelle vitalité expressive au service d’une partition particulièrement contrastée et souvent passionnante. Nervosité chaloupée et vivacité souvent hargneuse, traversée par un noble sentiment d’urgence, le continuo reste d’un bout à l’autre d’une fluidité épicée.

Lisbonne, janvier 1728: les deux dynasties ibériques, portugaises et espagnoles célèbrent leurs doubles noces par la création d’un opéra du cru. Quand le Prince des Asturies, futur Ferdinand VI d’Espagne, épouse Marie Barbara de Bragance, infante du Portugal (princesse mélomane, élève de Domenico Scarlatti) et que simultanément l’infante espagnole Marie Anne Victoire s’unit au Prince du Brésil, héritier de la couronne portugaise, trois compositeurs de la Cour lisboète s’accordent pour créer un opéra de circonstance: Amor aumenta el valor (Amour redonne du courage), donné dans le petit théâtre du palais de l’Ambassadeur espagnol près la Cour portugaise, Don Carlos Ambrosio Spinola. Le compositeur espagnol José de Nebra et les deux italien, Filippo Falconi, Giacomo Facco s’emparent du livret de José de Cañizares : ils en font une perle lyrique, parmi une programmation qui en comprenaient bien d’autres dont un opéra de Domenico Scarlatti. La dépense fut telle que l’Ambassadeur en resta endetté toute sa vie !

Les interprètes s’intéressent en particulier à l’acte composé par l’espagnol Nebra (premier acte) : originaire de Calatayud et Cuenca, le jeune organiste bénéfice malgré son jeune âge, d’une commande de cour qui montre la notoriété dont il est l’insigne porteur. Organiste à Madrid (Real monasterio de las Descalzas), élève du compositeur de zarzuelas José de San Juan, Nebra éblouit par son génie dramatique entre poésie suave et rage expressive. En fait la coopération entre le librettiste Cañizares et Nebra est attestée depuis 1725 pour comedias et autosacramentales. Le premier acte d’Amor aumenta el valor démontre un Nebra dramaturge superlatif, capable musicalement d’exprimer la psychologie des personnages, en variant les épisodes, les climats émotionnels (coupe, abattage des airs de Horatio et de Clelia : Sopla el boreas irritado où la ligne de chant et l’orchestre coloré, suragité expriment les mouvements de borrée et de la tempête marine évoqués!).

José Pizarro en Mimo est un ténor dramatique et vocalement subtil, hargne profane et désirante; même engagement de la soprano Marta Infante (Porsenna), véritable incarnation pleine de flammes et d’un emportement proche de la commedia dell’arte, au picaresque plein de panache surtout dans ses récitatifs comme sculptés à vif. Beau timbre douloureux et expressif d’Olalla Aleman dans le rôle d’Horacio (voix envoûtante et sincère accompagnée par les flûtes obligées de l’air développé: Ay Amor ay Clelia mia: lamento amoureux pleurant sa belle Clelia), digne de figurer dans un opéra du Saxon! Même ivresse pétulante de Maria Eugenia Boix qui fait une Clelia pleine de piquant et même survoltée dans son dernier air comme soliste… même si la voix n’est pas toujours juste et d’un mordant parfois acide.

Le chef Luis Antonio Gonzalez démontre une exceptionnelle vitalité expressive au service d’une partition particulièrement contrastée, souvent passionnante. Nervosité chaloupée et vivacité hargneuse, traversée par un noble sentiment d’urgence, le continuo reste d’un bout à l’autre d’une fluidité épicée que renforce l’éclat des combinaisons de timbres choisies (les cordes sont doublées par les hautbois): voici un geste haendélien dans ses rebonds expressifs, mais ibérique absolument par cette tenue cabrée, ce précipité chorégraphique qui transforme chaque accent d’aria en vague opulente et féline. En privilégiant surtout le théâtre et la passion naturelle et vive, la réussite de cet enregistrement est totale, particulièrement accomplie dans le duo final (Horatio/Clelia), ouvert, qui laisse la fin s’écouler avec une élégance printanière et une dignité aristocratique, très convaincantes. »

 Diapason – décembre 2010 – appréciation 4 / 5

« Depuis le superbe enregistrement de Viento es la dicha de Amor par Christophe Coin (Astrée, 1995), Nebra sort peu à peu de l’ombre. Ce disque nous rappelle que, en matière lyrique, l’Espagne se montrait hésitante dans la première moitié du XVIIIe siècle, préférant les pièces hybrides, mi-parlées mi-chantées, confiées à plusieurs composiieurs, à l’opéra-tragédie qui prévalait ailleurs en Europe. En témoigne cet Amor aumenta el valor (L’Amour stimule le courage), dont seul le premier acte fut mis en musique par Nebra en 1728. Sur un livret bancal consacré à la lutte de Rome contre la domination étrusque, le jeune musicien signait, pour sa première commande d’importance, une partition variée, dense, moins personnelle que ses zarzuelas tardives et très soumise au « dogme napolitain  » mais déjà fort plaisante (beaux accompagnatos, savoureuse orchestration, rythmes et mélodies capiteux).

Luis Antonio Gonzalez et son équipe ne lui rendent que partiellement justice. La découverte commence même fort mal, la faute en incombant à une distribution médiocre, presque intégralement féminine comme le veut le genre de la zarzuela. Les sopranos tenant les rôles (principaux) d’Horacio, Porcia et, surtout, Clelia multiplient les handicaps : projection et tessiture limitées, manque de précision, diction brumeuse, chant monochrome, etc. Bizarrement,,les rôles secondaires paraissent mieux servis, le ténor José Pizarro réussissant fort bien son air bouffe, supérieurement dirigé il est vrai. A la tête d’un ensemble tonique et coloré (basson bien conduit, ravissants hautbois de« Al arma », cordes incisivesl, Luis Antonio Gonzalez tend à accuser le trait dans les passages contemplatifs mais assume fort bien la théâtralité du reste. Pour s’en convaincre, on peut comparer son interprétation à celle de Maria Bayo, accompagnée par Al Ayre Espanol dans l’aria de Porcia (HM) et par Les Talens Lyriques dans le lamento avec flûtes d’Horacio (Astrée) : les airs de Nebra gagnent a être donnés dans leur contexte – mais par des gosiers aguerris…«