CD Gli Amori di Apollo e di Dafne

GLI AMORI D’APOLLO E DI DAFNE

 

COMPOSITEUR

Pier Francesco CAVALLI

LIBRETTISTE

Giovanni Francesco Busenello

 

ORCHESTRE

Ensemble Elyma

CHOEUR
DIRECTION

Gabriel Garrido

Apollo

Anders Dahlin

haute-contre

Dafne

Rosa Dominguez

mezzo-soprano

Aurora

Emanuela Galli

soprano

Cefalo

Stephan Van Dyck

ténor

Amore

Paola Quagliata

soprano

Filena

Maria Hinojosa Montenegro

soprano

Alfesibeo, Sonno

Furio Zanasi

baryton

Cirilla

Paulin Bündgen

haute-contre

Venere, Musa

Mariana Rewersky

mezzo-soprano

Giove

Salvo Vitale

basse

Pan, Morfeo

Valerio Contaldo

ténor

Procris, Musa

Marisu Pavon

soprano

Itaton, Musa

Mariana Flores

soprano

Titonio

David Hernandez

ténor

Peneo

Ismael Gonzalez

basse

DATE D’ENREGISTREMENT

18 au 23 novembre 2007, 10 au 14 avril 2008

LIEU D’ENREGISTREMENT

Notre-Dame de Malpas – Monfrin – Gard

ENREGISTREMENT EN CONCERT

non

EDITEUR

K 617

DISTRIBUTION Harmonia Mundi
DATE DE PRODUCTION

30 octobre 2008

NOMBRE DE DISQUES

2 (livret en italien et en français, téléchargeable sur http://www.lecouvent.org)

CATEGORIE

DDD

Critique de cet enregistrement dans :

 Diapason – décembre 2008 – appréciation 4 / 5 – technique 7 / 10

« Cette fable musicale qui inaugura en 1640 la collaboration entre Cavalli et Busenello se voit donc gravée pour la seconde fois (après Zedda, Naxos), ce dont on peut s’étonner quand d’autres partitions plus considérables du Vénitien (Egisto, notamment) n’ont toujours pas trouvé leur chantre. Négatif du mythe d’Orphée (ici, le chant surhumain, loin de sauver la femme qui fuit, la métamorphose en être inanimé), celui de Daphné le concurrença sur la scène lyrique (Pari, Da Gagliano, Schütz, Fux, Strauss) sans parvenir à s’y imposer par la faute d’une action trop allégorique. De fait, il n’occupe qu’un tiers du livret de Busenello, qui se disperse an scènes décoratives, tandis que Cavalli peine à resserrer son écriture.

Faisons la part de la direction, talon d’Achille de cette lecture comme de la précédente : tout en pâmoisons, soupirs, arpèges de cordes pincées, la’ battue’ de Garrido néglige les balises (refrains, appuis rythmiques, ritournelles) posées par Cavalli, se complaisant dans un hédonisme d’autant plus lénifiant que privé à la fois de sens tragique (ennuyeuse plainte de Procris, car trop détendue) et de sens comique (duègnes impavides, dont l’une confiée à un joli contre-ténor). Du coup, les moments les plus réussis sont les plus extérieurs à l’action, comme les sinfonias, les scènes du mage Alfesibeo ou la descente d’Apollon (qui n’apparaît qu’à l’acte Il) et des muses.

Quittant un instant les emplois de haute-contre lullistes ou ramiste, Anders Dahlin campe un dieu adolescent et androgyne, d’autant plus charmant que sa mezzo de Daphné se montre plus virile, poitrinant à l’envi lors de leur rencontre, Ici comme chez Zedda, ce sont les messieurs qui l’emportent, également l’excellent Pan de Contaldo, et le toujours impeccable Zanasi. Les autres ne déméritent guère, et on prend plaisir à entendre l’Aurore de Galli comme de superbes basses d’archet ‘mais moins un Amour et des violons grinçants. Dommage qu’au premier acte, ils semblent tous sous Xanax. Et dommage encore qu’à l’instar de l’enregistrement précédent, celui-ci ne propose le livret qu’en téléchargement. »

Classica – décembre 2008 – appréciation Recommandé 9

« Toute parution ‘ ou production ‘ d’une oeuvre de Francesco Cavalli est un événement. Le génial amplificateur de Claudio Monteverdi est aussi séduisant au théâtre qu’à l’écoute. Son deuxième opéra, créé en 1640 au San Cassiano deVenise, trouve le partait équilibre entre la tragédie mythologique et le burlesque. La sensualité expressive est particulièrement soutenue dans la scène-clé où Apollon, à deux doigts de saisir enfin la nymphe, voit l’objet de son désir se transformer en laurier. Le livret très enlevé de Busenello multiplie les métaphores autour du texte d’Ovide : les larmes d’Apollon abreuveront les racines de l’arbuste, le chariot du Soleil s’immergera dans une fontaine de tristesse. Ce que dessinent parfaitement les lignes descendantes, superbes d’efficacité, du lamento Misero Apollo… Seule une version pénible (Zedda chez Naxos) existait : orchestre hors de propos et chanteurs problématiques en gâchaient l’intérêt.

Ici, dès les premières notes, c’est l’éblouissement. On retrouve la ferveur généreuse de Garrido. Sa science du continuo italien propose des couleurs inouïes qui iront s’intensifiant jusqu’au bouleversant final, une qualité déjà acclamée lors de ses enregistrements des opéras de Claudio Monteverdi. En Apollo, le chef italien a misé sur Anders Dahlin, le haute-contre du moment. Ce jeune chanteur possède la noblesse et la fragilité qui rendent le timbre de ténor aigu si émouvant. Tout au plus peut­on reprocher à la prise de son de manquer de l’amplitude nécessaire pour exalter cet artiste racé, ce dont pâtit aussi sa partenaire Rosa Dominguez. Mais la direction remporte tous les suffrages avec sa danse permanente. Le récitatif suave, pré opera seria, coule sans heurts de la comédie au drame. Commencée dans le rire (l’accompagnement presque tarentelle de Filena pour « Quel bel fior di giovanezza », à l’acte 1), l’oeuvre s’achève dans une poignante obscurité qui évoque l’acte avernal de l’Orfeo de Claudio Monteverdi. Et quel chemin parcouru d’Orfeo à Apollo en 33 ans… »