AMADIGI |
COMPOSITEUR |
Georg Friedrich HAENDEL |
LIBRETTISTE |
Nicola Haym |
ORCHESTRE | Al Ayre Español |
CHOEUR | |
DIRECTION | Eduardo López Banzo |
Amadigi | Maria Riccarda Wesseling | mezzo-soprano |
Oriana | Elena de la Merced | soprano |
Melissa, Orgando | Sharon Rostorf-Zamir | soprano |
Dardano | Jordi Domènech | contre-ténor |
DATE D’ENREGISTREMENT | juillet 2006 |
LIEU D’ENREGISTREMENT | |
ENREGISTREMENT EN CONCERT |
EDITEUR | Ambroisie |
DISTRIBUTION | Naïve |
DATE DE PRODUCTION | 27 novembre 2007 |
NOMBRE DE DISQUES | 2 |
CATEGORIE | DDD |
Critiques de cet enregistrement :
Le Monde de la Musique – février 2008 – appréciation 4 / 5
« Parmi les premiers essais lyriques de Haendel à Londres, après Rinaldo et Teseo, Amadigi di Gaula (1715) concentre déjà les qualités qui feront la gloire du compositeur : une imagination mélodique infinie et une maîtrise très sûre de la caractérisation des rôles et de l’efficacité dramatique. Utilisant un simple quatuor vocal (aigu), cet opéra garantit le grand spectacle : cortège de furies, démons, fantômes et autres tours en flammes. Amour, haine, déception, vengeance, duel, rien ne manque à l’embrasement des passions.
Eduardo Lopez Banzo plonge dans cette fournaise et souffle sur les braises à grands coups d’accélérateur de tempo. De l’intrigue, le chef ne semble avoir retenu que le bruit des armes et les cris de fureur, oubliant que l’amour d’Amadigi et Oriana en assure l’évolution. L’évocation de la nature enchanteresse ( « Sussurate onde vezzose ») ou la félicité (« Sento la gioia ») semblent toujours teintées de colère, et le ballet final semble annoncer une déclaration de guerre plus qu’un divertissement pastoral.
On le regrette, car Al Ayre Español dispose de belles couleurs et d’un riche continuo. Si le Dardano de Jordi Domènech manque de caractère, l’Amadigi de Maria Riccarda Wesseling a fière allure et la Melissa de Sharon Rostorf-Zamir est inquiétante. Cet enregistrement ne peut cependant pas menacer le monopole de Marc Minkowski. »
Classica – février 2008 – appréciation 6 / 10
« La discographie d’Amadigi di Gaula est maigre, l’enregistrement (déjà ancien :1989!) d’un Minkowski alors tout jeune (et déjà lui-même vif et inventif), et accompagné de quelques valeurs sûres ou montantes (Smith, Stutzmann, Fink, mais aussi la Melissa un peu fatiguée de Eiddwen Harrhy), semblant avoir dit pour un monument l’alpha et l’oméga de l’oeuvre. Dans le genre héroïco-magique roulant autour du topos de la magicienne abandonnée, cet opéra, paradoxalement limité à un simple carré de solistes et servi par un orchestre relativement réduit, n’atteint peut-être pas les sommets de Rinaldo, ni même peut-être deTeseo, mais possède tout de même de magnifiques moments (pour une part repris de Lucio Cornelio Silla, immédiatement antérieur), à la fois sur le plan dramatique et sur le plan musical. Si les concerts qui, au festival de Radio France de Montpellier, ont précédé cet enregistrement, ont été très fraîchement reçus, le fruit discographique de ces galops d’essai n’est pas honteux. Il manque incontestablement un rien d’arguments en chacune de ses composantes, présentes mais insuffisamment poussées (personnalités vocales de premier plan, sens du théâtre, expressivité), mais constitue tout de même, derrière son prédécesseur, qui reste en tête, un second choix acceptable. Il est vrai qu’il y a du bon et du moins bon dans la distribution. Et le moins bon est du côté du rôle-titre. Maria Riccarda Wesseling est une chanteuse « tout terrain » : timbre joli, large tessiture, vocalise impeccable, interprétation intelligente. Ainsi, « O rendetemi il mio bene » est très bien conduit et les tiraillements de «T’amai », bien rendus.
Mais l’ensemble manque de vraie personnalité musicale et théâtrale, et possède quelque chose de trop « soprano », trop féminin, qui nous fait regretter Nathalie Stutzmann, dont nous ne sommes pas adepte, mais qui construit incontestablement un personnage bien plus cohérent et marquant. Aujourd’hui, une Sonia Prina, entendue dans cette oeuvre sous la baguette d’Alessandrini, ferait beaucoup mieux l’affaire. Le Dardano de Jordi Domènech ne saurait non plus rivaliser avec celui de Bernarda Fink. Le timbre est plutôt beau, la vocalise précise, mais l’émission manque de clarté, et le tiers inférieur de la voix est trop peu puissant. La diction et la capacité à varier les couleurs en pâtissent. Mais l’investissement est en tous les cas réel. Le meilleur est donc à chercher ailleurs. Le timbre de Sharon Rostorf-Zamir (Melissa) n’est pas de la plus belle eau mais elle fait des merveilles de se voix, avec des pianos merveilleux dans le déchirant « Ah! Spietato! », de la vaillance comme il faut dans « Desterò dall’empia Dite », et une vraie furie dans « Vanne lungi ». Elena de la Merced est une Oriana absolument charmante, avec un timbre rond et charnu, assurément la plus belle voix du coffret. Le grand air du deuxième acte, « S’estinto è l’idol mio », l’un des sommets de l’oeuvre, constitue certainement la plus belle page de la gravure. Eduardo Lopez Banzo et AI Ayre Español sont au mieux dans les pages les plus pittoresques car ils délivrent toujours de très belles couleurs (à l’exception des trompettes dans « Desterò dall’empia Dite », mais l’ensemble, toujours très musical, et sans jamais verser dans la fadeur, manque cependant de rythme théâtral : les intentions musico-dramatiques ne sont pas toujours limpides (est-ce vraiment la haine que l’on entend dans le duo entre Amadigi et Melissa ?). Il reste que chacun de ces artistes devra encore persévérer en terres haendéliennes, pour pouvoir faire véritablement ses preuves. »
Diapason – février 2008 – appréciation 5 / 5 – technique 6,5 / 10
« L’intrigue d’Amadigi (Londres, 1715) n’est rien, ou pas grandchose ; on aura vite épuisé les combinaisons amoureuses et magiques de quatre personnages. Haendel, lui, reste inépuisable, alignant des airs d’une beauté et d’une variété exceptionnelles, dont quelques véritables trésors. Nos réserves portent sur certains aspects de l’interprétation, surtout d’ordre vocal. L’erreur de distribution se place, hélas (ou alors « youpi ! », pour l’acheteur prêt à acquérir les deux coffrets), là où Minkowski avançait en 1989 (Erato) son atout le plus charmeur, dans le rôle de Dardano. Le falsettiste catalan, improbable alliage de Nathalie Stutzmann et d’une corne de brume, témoigne d’un réel tempérament dramatique et d’une virtuosité appréciable, mais chante d’une voix tellement ‘ tubée’ et artificiellement couverte, aux voyelles non identifiables, qu’il ruine tout ce qu’il touche, à commencer par les deux joyaux du II (‘ Pena tiranna ‘ et ‘ Tu mia speranza ‘, que le chef caractérise à grands traits). Bernarda Fink (Erato) n’est sans doute pas l’alto profond que le rôle réclame ‘ défaut qu’elle compense par toutes les autres vertus imaginables.
Moins grave (c’est le cas de le dire…) est la présence dans le rôle-titre de Maria Riccarda Wesseling, chanteuse de la race des ‘sopranos’ du milieu limités aux deux extrêmes, sans couleur ni personnalité vocale particulière. La substance et le soutien lui manquent pour assurer un véritable legato, et sa virtuosité n’est pas sans faille. Elle sauve le rôle grâce à son engagement sincère et une musicalité toujours en éveil. Les deux ‘ vraies’ sopranos nous offrent des plaisirs plus affirmés, la belle et tendre Elena de la Merced, que le micro aime bien, comme la déjà enthousiasmante Sharon Rostorf-Zamir, qui surpasse aisément Eiddwen Harrhy du coffret Erato. Reste un autre problème, endémique celui-ci : avec toutes ses limites, la distribution de Minkowski présentait quatre’ caractères’ vocaux affirmés et immédiatement identifiables. Celle de Lopez Banzo, sans doute plus jolie (Dardano excepté), ne signale jamais ‘qui parle’ : le héros ? l’amante ? la sorcière ? Belles artistes, ce ne sont pas des ‘ voix du disque ‘, capables de s’affirmer sans costume, décors, lumières.
Un seul reproche à l’égard du chef, qui tient un ensemble plein de couleurs et de panache, veillant à l’articulation lisible des affects, mordant quand il faut, passionné et lyrique quand la musique l’appelle : le chapelet d’airs défile comme autant d’airs de concert. Pourtant, dans ce genre si périlleux, l’enchaînement du récitatif avec l’air, qui doit en être l’inévitable conséquence, devrait faire objet de soins particuliers. Un peu d’imagination, s’il vous plaît. Voilà tel que nous apparaît ce deuxième enregistrement d’Amadigi, avec ses joies et ses carences. Que cela ne vous empêche pas de vous précipiter sur une nouvelle version de ce chef-d’oeuvre fascinant. »
Opéra Magazine – février 2008 – appréciation 3 / 5
« Donné en concert par les mêmes interprètes au Festival de Radio France et Montpellier 2006, cet Amadigi di Gaula avait constitué une grosse déception. Comment avait-on pu transformer en une montagne d’ennui ce petit chef-d’oeuvre, ce drame concentré aux personnages attachants (la sorcière Melissa n’a rien à envier à sa consoeur Alcina) et à la musique superbe? L’annonce de sa parutionau disque avait inquiété… Le produit fmi, tel que nous le recevons aujourd’hui, est l’occasion de rappeler à quel point le studio offre des conditions différentes de celles du concert, ainsi que des moyens techniques incomparables.
Voici donc une Maria Riccarda Wesseing totalement métamorphosée, qui nous offre une assez satisfaisante incarnation du rôle-titre. Le joli soprano d’Elena de la Merced gagne en densité devant les micros et le chant engorgé du contre-ténor Jordi Domenech en précision. En Melissa, Sharon Rostorf-Zamir accuse toujours quelques reflets excessivement métalliques, mais on est sensible à sa personnalité. Sous la baguette nerveuse d’Eduardo Lopez Banzo, Ai Ayre Espahol retrouve des contrastes pour nous offrir un Amadigi de bonne tenue qui, malgré tout, ne concrétise pas le potentiel émotionnel de l’ouvrage. On continuera donc de préférer la gravure de Marc Minkowski (Erato 1991, avec Nathalie Stutzmann et Bemarda Fink), infiniment plus aboutie sur ce plan. Mais la porte reste grande ouverte pour d’autres interprétations… »