ACI, GALATEA E POLIFEMO |
COMPOSITEUR |
Georg Friedrich HAENDEL |
LIBRETTISTE |
Nicola Giuvo |
ORCHESTRE | Contrasto Armonico |
CHOEUR | |
DIRECTION | Marco Vitale |
Aci |
Stefanie True | |
Galatea |
Luciana Mancini | |
Polifemo |
Mitchell Sandler |
DATE D’ENREGISTREMENT | octobre 2007 |
LIEU D’ENREGISTREMENT | Eglise Catholique de Delft – Hollande |
ENREGISTREMENT EN CONCERT |
EDITEUR | Brilliant Classics |
DISTRIBUTION | Abeille Musique |
DATE DE PRODUCTION | 20 mars 2008 |
NOMBRE DE DISQUES | 2 |
CATEGORIE | DDD |
Critique de cet enregistrement dans :
Diapason – juin 2008 – appréciation 3 / 5 – technique 6,5 / 10
« Est-il raisonnable de lancer un nouvel Aci, Galatea e Polifemo si près du luxueux plateau assemblé par Emmanuelle Haïm ? Oui s’il nous vient du neuf. Qu’apporte donc la troupe néerlandaise de Marco Vitale ? Du point de vue instrumental, pas grand-chose. Du point de vue vocal moins encore. Certes la soprano canadienne Stefanie True ne manque pas de charme, mais dans le même esprit enfantin, l’Acis d’Emma Kirkby (London Baroque, HM) rayonnait bien davantage. Certes nous attendons beaucoup de la jeune mezzo Luciana Mancini dont les vocalises nous épatent (‘Benché tuoni’, soufflant), mais on ne lui devine encore nul personnage et, question voix, Mingardo comme Watkinson font obstacle. Quant au cyclope, soudain plus craintif que ses propres agneaux, c’est peu dire que David Thomas et Laurent Naouri en relevaient plus aisément le (monstrueux) défi. Reste le chef sicilien dont le clavecin crépite à ravir et qui nous donne ici la version la plus spontanée, la plus fluide mais aussi, du coup, la moins singulière de cette pastorale au sang chaud. A vingt-trois ans, Haendel compose large, tranché, audacieux. Une main f raternelle ne lui suffit pas. Il lui faut de la poigne par-dessus les gouffres et de vraies caresses à l’ombre des ifs. Comme dit notre chère helléniste Jacqueline de Romilly citant Ulysse : patience, mon coeur ! »
Classica – juillet/août 2008 – appréciation 4 / 10
« Acis, Galatée et Polifème, sérénade créée à Naples en 1708 (dix ans avant sa version anglaise), appartient aux oeuvres de Haendel aussi régulièrement abordées au concert qu’assez peu enregistrées ‘ signalons la version d’Emmanuelle Haïm chez Virgin en 2002 (notée 9) avec Sandrine Piau, Sara Mingardo et Laurent Naouri. C’est donc à une discographie encore très ouverte que pouvait contribuer cette parution, proposée par le jeune chef baroque Marco Vitale et son ensemble Contrasto Armonico. Pourtant, la déception sera profonde : si l’orchestre n’est pas sans qualités, avec sa couleur lumineuse, un rien vaporeuse (aria « Sforzano a piangere ») ou parfois plus aiguë, Vitale ne semble pas avoir pris sur l’oeuvre un recul suffisant pour en éviter les écueils. À ce titre, le duetto d’ouverture d’Acis et Galatée donne le ton de cet enregistrement sans imagination, et tourne aussitôt à la platitude. D’emblée, les cordes, parcimonieuses dans leur phrasé, un rien précieuses par leur tenue, se révèlent plus scolaires qu’inspirées et condamnent les chanteuses à un style sans génie.
Hélas, aucun des trois solistes ne trouvera les ressources nécessaires à s’émanciper de cet ennuyeux carcan. La Galatée de l’enthousiaste Stefanie True, de loin la plus convaincante de cette production, dispose d’un timbre agréable, mais parsemé de faiblesses, notamment dans le timbrage des graves et de l’extrême aigu (« Chi non pua la gelosia »). À ses côtés, Luciana Mancini en Galatée, débordée par le rôle, accumule les défauts les moins excusables : timbre terne et absence d’ampleur vocale comme dramatique. Inversement brutal et déclamatoire ‘ mais tout aussi débordé’, le Poliféme de Mitchell Sandler tranche par son style peu nuancé, quand il n’est pas franchement faux (« Non sempre, ne, crudele ») ou hors sujet (« Fra l’ombre »). Pourquoi, pour Mancini et Sandler, avoir recours à des solistes si imparfaits et disparates ? Pourquoi, surtout, aborder une telle oeuvre quand on lui témoigne si peu de flamme? Ce sera une des nombreuses énigmes de cette parution médiocre, qui cumule et accuse les faiblesses de bien des productions baroques actuelles : et notamment celle d’ignorer les subtilités du bel canto haendélien, au profit de quelques acquis interprétatifs réducteurs. Quel dommage ! »