COMPOSITEUR | Jean-Philippe RAMEAU |
LIBRETTISTE | Voltaire |
ENREGISTREMENT | EDITION | DIRECTION | EDITEUR | NOMBRE | LANGUE | FICHE DETAILLEE |
1979 | 1996 | Nicholas McGegan | Erato | 1 | français | |
1979 | 2003 | Nicholas McGegan | Elatus | 1 | français |
Comédie héroïque en trois actes, avec un prologue et des divertissements (O.C. XI), composée pour le mariage du Dauphin, fils de Louis XV et Marie Leszczynska, alors âgé de seize ans, et de l’infante Marie-Thérèse d’Espagne, âgée de dix-neuf ans (*), exécutée le 23 février 1745, dans le manège de la Grande Ecurie transformé en théâtre, à Versailles, par les Comédiens de la troupe du Roi et l’Académie royale de musique.
(*) elle devait mourir l’année suivante, le 22 juillet 1746, trois jours après après avoir donné le jour à une petite fille.
La représentation de la Princesse de Navarre fut suivie d’un Bal masqué.
L’ouvrage fut donné à nouveau le 27 février 1745.
Dans la distribution, issue tant de l’Opéra que de la Comédie française, Mlles Clairon, Dangeville et Gaussin s’y rencontraient avec Mlles Fel, Camargo et Sallé, Grandval avec Jélyote, Poisson avec Chassé.
Marie Sallé apparut deux fois : dans le divertissement du deuxième acte, elle dansait trois petites entrées, coupées par des pas-de-deux exécutés l’un par Laval fils et Mlle Puvignée, l’autre par David Dumoulin et Mlle Camargo ; à la fin du troisième acte, dans le décor du Temple de l’Amour et au milieu de quatre quadrilles, elle dansait un pas-de-deux avec David Dumoulin, sur un air de musette.
En récompense, Rameau reçut une pension de 2 000 livres et le titre de Compositeur de la Chambre du Roi. Ce dernier prit en charge les frais d’édition. Quant à Voltaire, il reçut une charge de gentilhomme ordinaire de la Chambre.
Voltaire en dit dans une lettre : Un petit mot de La Princesse de Navarre. Il m’est devenu important que cette drogue soit jouée, bonne ou mauvaise. Elle n’est pas faite pour l’impression, elle produira un spectacle très brillant et très varié, et c’est tout ce qu’il faut pour le courtisan.
Marmontel, dans ces Mémoires d’un père, écrivit : Au mariage du Dauphin avec l’infante d’Espagne, il fut aisé de relever l’inconvenance et le ridicule d’avoir donné pour spectacle à l’infante cette Princesse de Navarre, qui véritablement n’était pas faite pour réussir.
Le duc de Richelieu la fit reprendre à Bordeaux, le 26 novembre 1763, avec un nouveau prologue de Voltaire.
La musique se compose d’une ouverture et de trois divertissements pour chaque acte. Dans le dernier, les Pyrénées s’abaissent pour laisser place au Temple de l’Amour.
Les divertissements de la Princesse de Navarre, liés par de nouvelles scènes, furent repris pour une représentation unique, le 22 décembre 1745, à Versailles, sous le nom de Les Fêtes de Ramire. C’est le maréchal-duc de Richelieu qui confia le travail à Rousseau, qu’il protégeait. Rousseau se mit au travail pendant deux mois, et relate dans ses Confessions que s’il n’avait que peu touché au livret, son travail en musique fut plus long et plus pénible. Outre que j’eus à faire plusieurs morceaux d’appareils, et entre autres l’Ouverture, tout le Récitatif dont j’étais chargé se trouva d’une difficulté extrême, en ce qu’il fallait lier souvent en peu de vers, et par des modulations très rapides, des symphonies et de. choeurs dans des tons fort éloignés ; car, pour que Rameau ne m’accusât pas d’avoir défiguré ses airs, je n’en voulais changer ni transposer aucun. Je réussis à ce récitatif. Il était bien accentué, plein d’énergie, et surtout excellemment modulé. L’idée des deux hommes supérieurs auxquels on daignait m’associer m’avait élevé le génie, et je puis dire que dans ce travail ingrat et sans gloire, dont le public ne pouvait pas même être informé, je me tins presque toujours à côté de mes modèles.
Voltaire et Rameau s’abstinrent d’assister à la répétition, mais Mme de La Pouplinière, hostile à Rousseau, veillait. Durant toute la répétition, écrit Rousseau, tout ce qui était de moi fut successivement improuvé par Madame de la Poplinière, et justifié par M. de Richelieu. Mais enfin j’avais affaire à forte partie, et il me fut signifié qu’il y avait à refaire à mon travail plusieurs choses sur lesquelles il fallait consulter M. Rameau. Navré d’une conclusion pareille, au lieu des éloges que j’attendais, et qui certainement m’étaient dus, je rentrai chez moi la mort dans le coeur. J’y tombai malade, épuisé de fatigue dévoré de chagrin, et de six semaines je ne fus en état de sortir.
Mme de La Pouplinière chargea Rameau des changements demandés ; celui-ci pria Rousseau de substituer à l’ouverture qu’il venait d’écrire celle de son grand opéra (Les Muses Galantes). Rousseau refusa, et on laissa donc, faute de temps, l’ouverture écrite par Rousseau.
Elle était à l’italienne, écrit-il, et d’un style très nouveau pour lors en France. Cependant elle fut très goûtée, et j’appris que les amateurs avaient été très contents de mon ouvrage, et que le public ne l’avait pas distingué de celui de Rameau. Mais celui-ci, de concert avec Mme de la Poplinière, prit des mesures pour qu’on ne sût même pas que j’y avais travaillé. Sur les livres qu’on distribue aux spectateurs, et où les auteurs sont toujours nommés, il n’y eut de nommé que Voltaire, et Rameau aima mieux que son nom fût supprimé que d’y voir associé le mien.
Cet opéra-ballet fut représenté pour la première fois en 1745 pour fêter la victoire de Louis XV à Fontenoy. Il s’agit d’un opéra -ballet en un acte avec une ouverture et sept scènes.
Personnages : Fatime, Isbe, un Guerrier, un Devin, Ramire, les Trois Graces, Deux Suivants de Ramire, Chœur & Troupe de Guerriers, Choeur & Troupe de Bohémiennes, de Devins & de Devineresses, Choeur & Troupe de la Suite de Ramire.
En 1769, après cinq années d’interruption due à des décès dans la famille royale, les divertissements de la Cour à Fontainebleau reprirent. Le maréchal de Richelieu avait programmé une reprise de La Princesse de Navarre, mais elle fut annulée en raison de l’hostilité de Madame Adélaïde, fille aînée du Roi.
Aujourd’hui le livret des Fêtes de Ramire (trouvée en 1912 à l’Arsenal) se trouve à la Bibliothèque Nationale de Paris. Quant à la partition, c’est elle dont on semblait avoir définitivement perdue la trace. Tous les historiens qui ont eu à parler de l’ouvrage, à propos de Voltaire ou de J.J.Rousseau, n’ont jamais donné aucun détail sur la musique, faute de l’avoir eue sous les yeux. C’est à Versailles que se cachait le précieux manuscrit relié aux armes du duc Richelieu. Grâce à cette découverte qui met en présence un texte précis, et permet de rendre à la lumière une œuvre inconnue, nous pouvons, non point connaître encore toute la vérité, mais démêler au moins quelques fils de l’écheveau.
La partition des « Fêtes de Ramire » a une importance capitale car elle garde une version de plusieurs mouvements qui est antérieure à celle des sources plus tardives de « la Princesse de Navarre » dont la version originale semblait avoir disparu. Heureusement, en 1983, cinq jours après le 300ème anniversaire de la naissance de Rameau, le grand musicologue Lionel Sawkins a eu la chance de redécouvrir à Bordeaux une partition ainsi que du matériel de la reprise de « la Princesse de Navarre » de 1763.
em>Une étude soigneuse de ces découvertes montre que Rameau a fait plusieurs changements à l’instrumentation pour Bordeaux, mais ces changements furent ajoutés à une partition antérieure qui correspond très souvent a celle des « Fêtes de Ramire ». Ces découvertes et comparaisons ont fourni les connaissances nécessaires pour reconstruire fidèlement les deux ouvrages apparentés l’un à l’autre pour la nouvelle édition complète de préparation à Paris sous le titre Opera Omnia de Rameau. (Voxmusic.com – 2004)
Synopsis
Acte I
Constance, princesse de Navarre, prisonnière du cruel roi de Castille, Don Pedro, parvient à s’enfuir. Elle se réfugie, sous une fausse identité, chez le baron Don Morillo, à la cour duquel elle rencontre le jeune Alamir, qu’elle prend en sympathie. Mais Alamir n’est autre que Gaston de Foix, l’ennemi héréditaire de la famille de Constance. Il tombe éperdument amoureux de la jeune fille, sans en rien laisser paraître, et refuse l’amour de Sanchette, fille du baron.
Le premier divertissement fait intervenir des guerriers, annoncés par des trompettes, le second des Bohémiens, puis des astrologues arabes.
Acte II
Au cours d’une fête, Alamir apprend que des émissaires du roi réclament Constance. Il s’engage à la défendre, et elle lui avoue qui elle est. Don Pedro est vaincu par les Français, avec le soutien déterminant des armées du faux Alamir. Constance sent qu’elle aime Alamir, mais hésite : Sanchette l’aime aussi et la princesse le croit, en outre, de trop humble condition pour elle.
Le divertissement fait intervenir les trois Grâces.
Acte III
Lorsque le héros vainqueur dévoile sa véritable identité, Constance peut l’épouser, oubliant la haine qui opposait les deux familles.
Le divertissement se passe dans les Pyrénées, et fait intervenir Amour.
Livret disponible sur livretsbaroques.fr
Livret des Fêtes de Ramire sur Voxmusic.com (http://fderamire.voxmusic.com/synopis%20et%20texte.htm)
Représentations :
Séville, Teatro de la Maestranza – 17 mars 2013 – Orquesta Barroca de Sevilla – Coproduction avec Festival Música Antigua de Sevilla – dir. Hervé Niquet – avec María Espada, Chantal Santon, Marc Labonnette
Église de Ferney-Voltaire – 7 décembre 2012 – Orchestre Le Siècle des Lumières, choeurs Heinrich Schütz – dir. Gonzalo Martinez
Temple de Ferney-Voltaire – Estivales de Ferney-Voltaire – 20 août 2004 – Les Fêtes de Ramire – version de concert – Ensemble Pentaterra – Ensemble Cappella Mediterránea – dir. Leonardo García-Alarcón – avec Benoît Porcherot (Ramire), Priscille Laplace (Fatime), Prune Guillaumon (Isbe, une Grâce), Nicolas Bindschedler (Guerrier, un Devin, un Français), Sandrine Hudry (une Grâce ), Mónica Prada (l’Amour, une Grâce)
Oxford – Londres – Covent Garden – Versailles – Opéra royal – 1977 – English Bach Festival – dir. Jean-Claude Malgoire